Où était-elle ? Cela faisait de longues minutes que Regulus tournait et retournait dans les couloirs du château, le regard scrutateur, fouillant chaque recoin sombre, chaque cachette potentielle. Pourquoi ne trouvait-on jamais les gens lorsqu'on avait besoin d'eux ? Un soupir exaspéré s'échappa de ses lèvres alors qu'il passait pour la troisième fois devant la bibliothèque. Il hésita à entrer à nouveau à l'intérieur. Pour vérifier encore une fois. Mais Miss Arton n'apprécierait sûrement pas de le voir ainsi entrer et sortir sans cesse des lieux, sans aucune raison valable. Et puis, il n'avait pas vraiment envie d'attirer l'attention. Il ne manquerait plus que quelqu'un commence à se poser des questions. C'était trop dangereux. Regulus n'aimait pas qu'on vienne fourrer le nez dans ses affaires. Surtout quand ces affaires n'étaient pas légales. Surtout quand ces affaires pouvaient foutre en l'air sa réputation, celle de son père, celle de sa famille. Alors, mieux valait éviter de trop se faire remarquer. Il continua un instant, l'air aussi détaché que d'habitude, l'air aussi froid qu'à l'accoutumée. Mais dans le fond, il bouillait d'impatience. Par Salazar, où était-elle ?

Il commençait à ne plus trop y croire, supposant qu'elle était restée bien au chaud dans sa salle commune, malgré ce que lui avait dit la petite blonde de première année qu'il avait interrogé. Avec douceur et tact, bien entendu. La pauvre gamine était repartie terrifiée et traumatisée. Peut-être avait-elle menti. Peut-être était-elle trop stupide pour répondre correctement à une simple question. À bien y réfléchir, il s'agissait peut-être bien d'une sang-de-bourbe. Voilà ce qui arrivait quand on commençait à demander des renseignements aux nés-moldus, on se retrouvait avec des informations inutiles et loin d'être fiables. Résigné, déçu, Regulus décida de retourner dans sa salle commune quelques heures. Histoire de terminer son devoir d'anatomie. Histoire de laisser à sa petite souris le temps de sortir de son trou. Poudlard était grand, certes, mais on ne pouvait pas s'y cacher éternellement. À un moment où à un autre, elle se retrouverait face à lui. Et, foi de Black, il ne la louperait pas. Mais il n'eut pas besoin d'attendre des heures. Là, dans un couloir menant aux cachots, un couloir sombre et habituellement désert à cette heure, il tomba sur un petit attroupement. Quatre Serpentards, de neuvième années, pour ce que Regulus en savait, étaient occupés à malmener une jeune fille. Et, destin ou hasard (ou décision tout à fait logique de la joueuse, sans quoi le rp n'aurait plus grand intérêt), il s'agissait d'Absinthe Castiel Potter. Justement La personne qu'il cherchait depuis des lustres. Il suffisait de renoncer pour qu'elle lui tombe dans les bras. Parfait. Vraiment parfait. Bien, Regulus sortit donc sa baguette, neutralisa les quatre grands méchants et sauva la demoiselle en détresse. Ou pas. En réalité, il se contenta de rester dans un coin d'ombre, discret, invisible. De toute façon, les quatre Serpentard étaient tous bien trop concentrés sur leur activité qu'ils ne risquaient pas de le remarquer. Et quand bien même ils auraient posé leur regard sur lui, ils n'auraient en rien cessé leur maltraitance. Ils savaient tous pertinemment qu'il se fichait au plus haut point de ce qui pouvait arriver à la fille Potter. Tout comme il se fichait du sort de la plupart des habitants de ce château. Enfin, dans le cas d'Absinthe, ce n'était pas tout à fait vrai. En fait, ce n'était pas de l'indifférence qu'il ressentait alors qu'il restait là, stoïque, assistant à la scène. C'était du plaisir. Un plaisir malsain, cruel, sadique, certes. Mais un plaisir quand même. Et le sourire satisfait qui s'étendait sur son visage en était une preuve suffisamment explicite. Il attendit patiemment que les Serpentards se lassent de leur jeu malsain et s'en aillent, retournant tranquillement dans leur salle commune, dans un brouhaha de rires gras et de remarques désagréables. Alors seulement, il se décolla du mur contre lequel il s'était confortablement installé et s'avança tranquillement vers elle. Elle était là, au sol, faible et souffrante. Et c'était tant mieux. Si elle s'attendait à voir apparaître son sauveur, elle en serait pour ses frais. Un sourire carnassier aux lèvres, il alla se planter juste devant elle.

'' Et bien alors Potter, ce n'est pas très décent de t'allonger au beau milieu du couloir comme ça. Où est donc passée ta dignité ? ''

Il ne fit pas un geste pour l'aider à se relever. C'était bien plus jouissif de l'humilier un peu plus encore. Ça lui procurait un sentiment de puissance un peu idiot, puisqu'il n'y était pour rien finalement, dans la mésaventure de la jeune fille. Mais contempler ainsi ce que d'autres lui avait fait était suffisant. Pour l'instant du moins. Mais bientôt, il savait que ce serait à lui de jouer. Et elle n'avait pas vraiment le choix.

'' J'oubliais. Il y a bien longtemps que tu as perdu toute dignité. Aller, relève toi, j'ai un cadeau pour toi. ''

Pomme empoisonnée. Cadeau contaminé. Elle n'aurait aucun plaisir à découvrir son présent, il le savait bien. Mais ce n'était pas non plus fait pour lui faire plaisir.

Regulus s'était isolé. Il avait profité d'un timide rayon de soleil qui venait percer le ciel, pourtant bien nuageux ce jour là, pour se réfugier dans le parc. À l'écart. Là ou on ne ferait pas attention à lui. Personne ne se poserait de question, il était habituel de voir le jeune Black seul, travaillant sur un devoir ou recherchant simplement la solitude pour on ne savait quelle obscure raison. S'il enviait parfois l'expansivité de son frère, il devait bien avouer que, ces derniers temps, la discrétion était une qualité non négligeable, nécessaire pour mener à bien la mission qu'il s'était fixé. Que son père lui avait fixé, en vérité. Une mission d'observateur. Il était chargé de garder un œil sur tout Poudlard, tâche plutôt difficile en vérité. Mais Regulus savait regarder où il fallait. Savait entendre ce qu'il l'intéressait. Il faisait plus attention que jamais aux comportements de ses camarades, laissait ses oreilles traîner dans les conversations, étudiait les gestes suspects. Même les professeurs ne pouvaient pas couper à l'examen précis et sérieux du garçon. Il cherchait à savoir ce qu'ils pensaient, tous autant qu'ils étaient. Comment percevaient-ils la présence de Dolohov dans le château ? Que disaient-ils à propos de cette intrusion du ministère dans les affaires de l'école ? Il savait pourquoi son père lui avait-il demandé de garder l'oeil ouvert. Il fallait anticiper le moindre mouvement de rébellion. Nous n'étions certes qu'au début de l'année, mais si déjà des tensions apparaissaient, qu'en serait-il dans quelques mois ? C'était à lui de prévoir l'évolution de la situation. À lui d'informer son père de la moindre anomalie. Certes, les protestations actuelles, même si elles étaient plutôt nombreuses, n'étaient pas tellement inquiétantes. Il était bien normal que tous ces sorciers moyens fassent savoir leur mécontentement alors que leurs petites habitudes de cancres étaient bousculées. Il était bien normal qu'ils désapprouvent les méthodes de Dolohov, eux qui avaient sans doute étaient choyés et surprotégés depuis leur enfance. La manière forte, il n'y avait que ça de vrai. Regulus en était persuadé. Lui avait été élevé ainsi. Certes, il n'avait jamais du utiliser de plumes mutilantes, mais les méthodes éducatives d'Orion n'étaient pas des plus tendres. Ce ne sont que des moments difficiles à passer. Mais ils sont obligatoires, nécessaires. Il forgent le caractère, ils donnent cette envie perpétuelle de réussir, cette peur de décevoir. Une rigueur et une exigence à toute épreuve, c'était la solution qu'avait choisi Orion pour ses fils. C'était aussi celle qu'il avait adopté pour Poudlard.

Regulus prenait sa mission très à cœur. Peut-être trop. Si pour l'instant il n'avait pas grand chose d'intéressant à raconter à son père, il était certain que bientôt, il aurait matière à remplir des parchemins entiers à ce sujet. Et pour être sûr de bien enregistrer chaque élément, chaque détail, il avait investi dans un petit carnet noir et, chaque fois qu'il se trouvait seul, il notait avec application tout ce qui pouvait avoir une importance quelconque. Pour l'heure, il n'avait rien de nouveau à consigner. Seulement, il tenait à ce remémorer certains détails. Assis à même l'herbe, le dos contre un arbre au tronc suffisamment gros pour pouvoir le dissimuler aux regards indiscrets, il relisait ses notes. Il avait listé là le nom de chaque élève susceptible de poser problème, dans l'avenir. Ceux qui semblaient le plus hostiles. Ceux qui avaient toujours été les moins gérables. En tête de liste, venait son frère. Évidemment. Il était certain que si rébellion il y avait, Sirius serait en première ligne. Il était même probable qu'il en soit l'instigateur. Regulus surveillait son frère, même s'il savait que son père était parfaitement conscient du caractère bien trempé de son aîné. Venaient ensuite des noms bien connus de tout Poudlard, ceux des maraudeurs. Et puis des dizaines d'autres suivaient. Parfois, quelques notes venaient s’intercaler, ne laissant aucun doute quant à la nature de cette liste : 'semble particulièrement hostile : à surveiller de près' ; 'plusieurs retenues à son actif, garder à l’œil' ; 'change d'avis en fonction des conversations, rester vigilant'.

Regulus était en train de faire le bilan des personnes à garder particulièrement à l’œil quand son carnet lui fut violemment arraché. Par Merlin, qui était le crétin qui venait ainsi le déranger ? Son regard se leva aussitôt sur une silhouette qui lui apparaissait à contre jour, tant et si bien qu'il du plisser les yeux pour distinguer, enfin, le visage de son frère. Évidemment. Aussitôt sur la défensive, Regulus se leva d'un bond, sortit sa baguette de sa poche intérieure et la pointa sur Sirius. Non, il n'avait pas le moindre scrupule à tenir ainsi son frère en joue. Et il n'en aurait pas non plus à lui jeter un sortilège, si besoin était.

'' Rend moi ça. ''

Mâchoire crispée, poings serrés, voix glaciale, corps tendu, il était évident que cette situation était, du point de vue de Regulus, sérieusement délicate. Son frère était le premier nom de sa liste, nom d'une gargouille ! Et il n'allait sans doute pas vraiment apprécier l'attention. Et puis, quand il comprendrait de quoi il s'agissait, il ne le laisserait pas faire. Il voudrait lui mettre des bâtons dans les roues. Sirius n'avait jamais soutenu son frère, ce n'était pas aujourd'hui que ça allait commencer. Si sa mission venait à être révélée aux autres élèves, ou mise à mal par n'importe quel autre moyen à cause de son abruti de frère … il ne répondrait plus de rien.

Regulus regarda la jeune fille se relever. Son sourire mauvais n'avait pas déserté ses lèvres. La lueur cruelle n'avait pas quitté ses yeux. Il n'y avait qu'avec elle qu'il se transformait ainsi, passant du Serpentard froid, distant et indifférent à ce monstre de cruauté sadique. La faiblesse d'Absinthe faisait ressortir ses pires pulsions. Il n'y avait qu'elle qu'il faisait souffrir de la sorte. Il n'y avait qu'elle qui connaissait ce démon en lui. Alors que les autres n'avaient droit qu'à son indifférence, elle pouvait contempler toute sa haine, sa rage et son désir de pouvoir. Car c'était bien de là qu'il tirait son plaisir. Ce pouvoir qu'il avait sur elle, auquel elle n'essayait même pas de se soustraire. C'était bien pour cela qu'elle était une victime parfaite. Parce que jamais elle n'oserait faire quelque chose contre lui. Il en était persuadé.

'' encore une de tes expériences ?! ''

Il ne prit pas la peine de répondre. Son sourire s'élargit légèrement, et ce fut tout. Il n'y avait pas besoin de répondre, après tout. La question n'en était pas vraiment une. Absinthe savait tout à fait ce qu'il attendait d'elle. Après tout, était-il quelque fois venu la voir pour autre chose ? Non. Dés le début, il avait parfaitement compris qui elle était et de quelle façon elle pouvait lui être utile. Et il n'en avait plus jamais douté. Elle savait parfaitement, quand par malheur son regard se posait sur elle, que sa tranquillité volerait bientôt en éclat. Elle savait parfaitement que, lorsqu'il daignait lui accorder un peu d'attention, c'était pour la faire souffrir. Encore. Le reste du temps, il se contentait de l'ignorer. Comme s'il ne la connaissait pas.

'' s'il te plait cette fois fait moi mourir ''

Il haussa un sourcil. La faire mourir. Non. Cela aurait été bien trop généreux de sa part. Il avait encore besoin d'elle. Il avait encore besoin de voir la terreur dans ses yeux. Il avait encore besoin d'entendre ses hurlements. Mais surtout, il avait encore besoin de tester sa magie. Car c'était bien ça qu'il recherchait à l'origine. Ce n'était ni les pleurs, ni le pouvoir, ni la souffrance. Il voulait juste un moyen de vérifier le bon fonctionnement de ces sortilèges de magie noire qu'il pratiquait dans l'ombre, de ces potions aux sombres pouvoirs qu'il fabriquait en cachette. Il se servait la plupart du temps d'animaux. Des lapins, des oiseaux, des grenouilles … des cobayes qui survivaient rarement à ses expériences. Mais parfois, il avait besoin d'un être humain. Alors bien sûr, il prenait d'autres précautions. Il n'était pas question de se retrouver avec un cadavre sur les bras. Ce n'était pas le but. Et pour tout dire, Absinthe tenait plutôt bien le coup. Elle avait faillit y passer. Une fois ou deux. Parce que le sort n'était pas au point. Parce que le poison était trop fort. Mais à chaque fois, il savait quoi faire. La pratique de la magie noire passait avant tout par une bonne connaissance de la défense contre les forces du mal, sans quoi, on pouvait y laisser sa peau.
Regulus avait sortit sa baguette, qu'il faisait maintenant négligemment tourner entre ses doigts. Il n'avait en général pas besoin de quelconque menace pour arriver à ses fins, mais il préférait rester armé. On ne savait jamais, il valait mieux se tenir prêt à parer toute éventuelle tentative de rebellion de la jeune Poufsouffle.

'' Oh, je te tuerais peut-être un jour. Mais pas maintenant, j'ai encore besoin de toi. ''

Il détacha un instant son regard de sa victime. Le temps d'aviser une porte close, à quelques pas. D'un coup de baguette, il fit sauter le verrou. Cette salle inutilisée serait parfaite. Sa baguette se tourna alors vers Absinthe et ses traits se tendirent, menaçants.

'' Entre là-dedans. Et dépêche toi un peu, j'ai d'autres choses à faire. ''

Il la laissa passé devant, pointant toujours sa baguette dans son dos. Il n'avait pas vraiment d'autres impératifs seulement, il n'avait pas envie que quelqu'un le surprenne ainsi, menaçant une jeune fille sans défense. Il se hâta donc d'entraîner Absinthe dans la petite pièce. Il referma la porte et, sans démontrer le moindre intérêt pour la jeune femme, agita sa baguette de manière à allumer la lumière et à poser quelques protections indispensables. Un sortilège de verrouillage. Un sortilège d'insonorisation. Elle pourrait hurler autant qu'elle le voudrait, personne ne viendrait. Comme toujours. Lorsqu'il se tourna vers Absinthe, il avait baissé sa baguette et, dans son autre main, il tenait une petite fiole. Fraîchement sortie de sa poche, c'était cette potion que Absinthe testerait, ce jour là. Il s'agissait d'une potion assez compliquée à réaliser. Il lui avait fallu plusieurs essais avant d'obtenir un résultat satisfaisant. Mais l'échantillon qu'il tenait dans sa main était parfait, il en était certain. Ou presque. D'un couleur dorée, le mélange n'inspirait nullement la crainte. Et pourtant, ses effets étaient terrifiants. Terriblement dangereux. Il s'agissait d'une potion hallucinogène. Une gorgée suffisait à faire disparaître la réalité pour faire apparaître toutes sortes de visions. Bonnes ou mauvaises, cela dépendait de l'état d'esprit de la victime. C'était une plongée dans le rêve. Ou bien une plongée en enfer. Là-dessus, Regulus n'avait aucun contrôle. Enfin si, il y avait bien un moyen de contrôler ces visions, mais il expérimenterait cette technique après. Pour l'instant, il voulait juste savoir si la potion fonctionnait comme il le souhaitait. D'un coup de baguette, il fit à nouveau voler les livres que Absinthe tenait toujours dans ses bras et, sans plus se soucier du devenir des grimoires, il déboucha la fiole et la lui tendit.

'' Une gorgée. Pas plus. ''

Il fallait en garder pour la suite. Regulus garda sa baguette fixée sur la jeune femme, prêt à récupérer la fiole d'un simple accio si elle menaçait de la laisser tomber. Ou d'en vider le contenu. Après tout, n'avait-elle pas exprimé son désir d'en finir avec la vie. Il savait bien que cette potion ne la tuerait pas, peu importait la quantité qu'elle en ingérait. Le seul risque était de tomber dans une folie incurable. Mais tout de même, il ne voulait pas qu'elle gâche son précieux mélange.

L'après midi avait été longue. Les deux heures d'anatomie finissaient toujours par retourner le cerveau de Regulus. Il avait beau être intelligent, il était loin d'être sans faille et l'anatomie était sa plus grande lacune. Il n'avait pas eu beaucoup de cours encore, mais cela suffisait à lui faire comprendre la difficulté de la chose. Apprendre des schémas par cœur, se casser la tête à retenir des noms qui se ressemblaient tous, c'était un exercice compliqué. Et figurez vous que les organismes de certaines créatures magiques avaient la capacité de se modifier selon des paramètres divers et variés. Comment voulez vous qu'il s'en sorte ? Enfin, en général, après ces deux heures de galère, il pouvait souffler en suivant avec attention les deux heures de potions. Deux heures durant lesquelles il pouvait être fier de son travail, deux heures durant lesquelles il pouvait s'extasier sur la beauté de l'art des potions, sur la précision et la rigueur nécessaire, sur le mélange subtil des ingrédients. Mais cette fois ci, même le cours de potion avait été un calvaire. Il y avait des jours ainsi, où tout allait de travers. Ses racines d'asphodèle ne se réduisaient pas en poudre, et sa mixture se mélangeait mal. Au final, la potion n'avait pas du tout la couleur attendue et à voir l'apparence sombre de la fumée qui s'élevait du chaudron et l'odeur nauséabonde qui s'en dégageait, il s'en était fallu de peu que la potion explose. Finalement, il avait écopé d'un P, avait du subir le regard déçu de son professeur et était particulièrement furieux contre lui même.

Il avait l'air plus renfrogné que jamais en sortant du cachot. Et sa colère ne s'apaisa pas alors qu'il empruntait les couloirs menant à la salle commune des Serpentards. Et les insultes qu'il lança à Emma Lewis ne lui furent d'aucun réconfort. Bien au contraire. Elle le remit prestement à sa place et sa fureur augmenta encore d'un cran. Il avait des devoirs et comptait bien profiter de son temps libre avant le dîner pour rédiger au moins sa dissertation sur une maladie magique étudiée lors du dernier cours d'étiologie. Mais il s’aperçut très vite qu'il était incapable de se concentrer sur quoi que ce soit. Il ne cessait de penser à cette potion, pourtant pas très compliquée, qu'il n'avait pas été capable de mener à bien. Au bout de dix minutes passées à fixer son manuel sans retenir la moindre information, il décida qu'il valait mieux régler ce problème. Il referma le grimoire d'un coup sec, se leva brusquement, remballa ses plumes, parchemins et encriers et remonta le tout dans son dortoir avant de ressortir de la salle commune d'un pas décidé. Il allait refaire cette potion. Encore et encore, jusqu'à ce qu'il obtienne un résultat parfait. Une fois ceci fait, il retrouverait toutes ses capacités de concentration et pourrait faire ses devoirs sans soucis. C'était un bon plan. Un très bon plan. La seule chose qu'il n'avait pas prévu, dans son super plan, c'était que la salle de potion soit déjà occupée.

Bien sûr, il savait que la salle était souvent utilisée par des élèves, ceux qui excellaient en potions et qui voulaient faire des expériences en complément des cours. Ceux qui voulaient juste retravailler un philtre mal maîtrisé. Ceux qui passait leur temps à faire exploser des chaudrons mais qui continuaient à travailler encore et encore dans l'espoir, sans doute vain, de réussir un jour à parvenir au bout d'une mixture. Oui, Regulus se doutait que peut-être quelqu'un serait déjà présent, le nez au dessus d'un chaudron fumant, les yeux rivés à un manuel corné, enseveli sous une montagne d'ingrédients, les joues rougies par la chaleur des flammes. Mais jamais il n'aurait pu imaginer que ce quelqu'un, ce soit elle. Sa première réaction, lorsqu'il ouvrit la porte et que son regard tomba sur Orla Price, occupée à discuter toute seule, fut de faire demi tour. Un pas en arrière. Une envie de fuite. Pas qu'il craigne cette fille, loin de là, seulement, il n'était pas du tout dans de bonnes dispositions pour supporter l’excentricité de la Poufsouffle. Mais ce ne fut qu'un pas. Parce que, aussitôt, sa mauvaise humeur reprit le dessus et le souvenir qu'il s'était juré de haïr cette fille à vie lui revint. Celle qui avait osé lui jeter un sortilège destiné à … il ne savait même pas quel était ce sort à la base, ni même si les effets produits étaient bien ceux escomptés. Toujours est-il qu'il s'était retrouvé affublé de ridicules oreilles de lapin. Lui, Regulus Black, obligé de courir à l'infirmerie en tentant vainement de cacher ces horreurs. Tout Poudlard s'en souvenait encore et surtout, lui et son amour propre n'avaient jamais oubliés. Alors non, il n'avait aucune envie de supporter Orla Price. Mais ce n'était certainement pas à lui de quitter les lieux. Elle était indésirable, et il comptait bien le lui faire comprendre. Et la faire déguerpir, de grès ou de force. Il sortit sa baguette et referma violemment la porte dans un claquement sec qui fit sursauter la jeune fille. Il n'attendit même pas qu'elle se tourne vers lui pour lancer les hostilités :

'' Price, tu pollues mon espace vital ! Décampe d'ici, ta vue me brûle les yeux. ''

Il aurait pu lancer un sort. Attaquer un adversaire de dos ne le dérangeait nullement. L'important, selon un Black, ce n'était pas la façon dont on parvenait à gagner, mais la victoire, tout simplement. Et la formidable réussite d'Orion Black en était un formidable exemple. Il ne pensait d'ailleurs pas vraiment que Orla eut quelque chance dans un duel contre lui mais il devait bien avouer que le coup des oreilles de lapin, ça avait déjà été très difficile à avaler la première fois, il ne tenait nullement à renouveler l'expérience. Peut-être Price avait-elle des talents cachés pour les sortilèges loufoques, ce ne serait pas étonnant. Et il n'avait aucune envie de les expérimenter. Il s'en tiendrait donc à quelques mots, pour l'instant, même s'il fallait bien l'avouer, sa baguette le démangeait.

'' Et je te conseille fortement de t'éloigner de ce chaudron, tu es tellement incapable que le château tout entier pourrait bien exploser. ''

Il était de mauvaise foi. Si la maladresse de la Poufsouffle était connue de ses camarades, ses talents de potionniste étaient tout aussi remarqués. On s'étonnait même qu'elle soit capable de telles prouesses, elle qui enchaînait les étourderies habituellement. Mais que voulez vous, Regulus était ainsi, il ne se souvenait que de ce qui l'arrangeait.