Où était-elle ? Cela faisait de longues minutes que Regulus tournait et retournait dans les couloirs du château, le regard scrutateur, fouillant chaque recoin sombre, chaque cachette potentielle. Pourquoi ne trouvait-on jamais les gens lorsqu'on avait besoin d'eux ? Un soupir exaspéré s'échappa de ses lèvres alors qu'il passait pour la troisième fois devant la bibliothèque. Il hésita à entrer à nouveau à l'intérieur. Pour vérifier encore une fois. Mais Miss Arton n'apprécierait sûrement pas de le voir ainsi entrer et sortir sans cesse des lieux, sans aucune raison valable. Et puis, il n'avait pas vraiment envie d'attirer l'attention. Il ne manquerait plus que quelqu'un commence à se poser des questions. C'était trop dangereux. Regulus n'aimait pas qu'on vienne fourrer le nez dans ses affaires. Surtout quand ces affaires n'étaient pas légales. Surtout quand ces affaires pouvaient foutre en l'air sa réputation, celle de son père, celle de sa famille. Alors, mieux valait éviter de trop se faire remarquer. Il continua un instant, l'air aussi détaché que d'habitude, l'air aussi froid qu'à l'accoutumée. Mais dans le fond, il bouillait d'impatience. Par Salazar, où était-elle ?

Il commençait à ne plus trop y croire, supposant qu'elle était restée bien au chaud dans sa salle commune, malgré ce que lui avait dit la petite blonde de première année qu'il avait interrogé. Avec douceur et tact, bien entendu. La pauvre gamine était repartie terrifiée et traumatisée. Peut-être avait-elle menti. Peut-être était-elle trop stupide pour répondre correctement à une simple question. À bien y réfléchir, il s'agissait peut-être bien d'une sang-de-bourbe. Voilà ce qui arrivait quand on commençait à demander des renseignements aux nés-moldus, on se retrouvait avec des informations inutiles et loin d'être fiables. Résigné, déçu, Regulus décida de retourner dans sa salle commune quelques heures. Histoire de terminer son devoir d'anatomie. Histoire de laisser à sa petite souris le temps de sortir de son trou. Poudlard était grand, certes, mais on ne pouvait pas s'y cacher éternellement. À un moment où à un autre, elle se retrouverait face à lui. Et, foi de Black, il ne la louperait pas. Mais il n'eut pas besoin d'attendre des heures. Là, dans un couloir menant aux cachots, un couloir sombre et habituellement désert à cette heure, il tomba sur un petit attroupement. Quatre Serpentards, de neuvième années, pour ce que Regulus en savait, étaient occupés à malmener une jeune fille. Et, destin ou hasard (ou décision tout à fait logique de la joueuse, sans quoi le rp n'aurait plus grand intérêt), il s'agissait d'Absinthe Castiel Potter. Justement La personne qu'il cherchait depuis des lustres. Il suffisait de renoncer pour qu'elle lui tombe dans les bras. Parfait. Vraiment parfait. Bien, Regulus sortit donc sa baguette, neutralisa les quatre grands méchants et sauva la demoiselle en détresse. Ou pas. En réalité, il se contenta de rester dans un coin d'ombre, discret, invisible. De toute façon, les quatre Serpentard étaient tous bien trop concentrés sur leur activité qu'ils ne risquaient pas de le remarquer. Et quand bien même ils auraient posé leur regard sur lui, ils n'auraient en rien cessé leur maltraitance. Ils savaient tous pertinemment qu'il se fichait au plus haut point de ce qui pouvait arriver à la fille Potter. Tout comme il se fichait du sort de la plupart des habitants de ce château. Enfin, dans le cas d'Absinthe, ce n'était pas tout à fait vrai. En fait, ce n'était pas de l'indifférence qu'il ressentait alors qu'il restait là, stoïque, assistant à la scène. C'était du plaisir. Un plaisir malsain, cruel, sadique, certes. Mais un plaisir quand même. Et le sourire satisfait qui s'étendait sur son visage en était une preuve suffisamment explicite. Il attendit patiemment que les Serpentards se lassent de leur jeu malsain et s'en aillent, retournant tranquillement dans leur salle commune, dans un brouhaha de rires gras et de remarques désagréables. Alors seulement, il se décolla du mur contre lequel il s'était confortablement installé et s'avança tranquillement vers elle. Elle était là, au sol, faible et souffrante. Et c'était tant mieux. Si elle s'attendait à voir apparaître son sauveur, elle en serait pour ses frais. Un sourire carnassier aux lèvres, il alla se planter juste devant elle.

'' Et bien alors Potter, ce n'est pas très décent de t'allonger au beau milieu du couloir comme ça. Où est donc passée ta dignité ? ''

Il ne fit pas un geste pour l'aider à se relever. C'était bien plus jouissif de l'humilier un peu plus encore. Ça lui procurait un sentiment de puissance un peu idiot, puisqu'il n'y était pour rien finalement, dans la mésaventure de la jeune fille. Mais contempler ainsi ce que d'autres lui avait fait était suffisant. Pour l'instant du moins. Mais bientôt, il savait que ce serait à lui de jouer. Et elle n'avait pas vraiment le choix.

'' J'oubliais. Il y a bien longtemps que tu as perdu toute dignité. Aller, relève toi, j'ai un cadeau pour toi. ''

Pomme empoisonnée. Cadeau contaminé. Elle n'aurait aucun plaisir à découvrir son présent, il le savait bien. Mais ce n'était pas non plus fait pour lui faire plaisir.

Regulus regarda la jeune fille se relever. Son sourire mauvais n'avait pas déserté ses lèvres. La lueur cruelle n'avait pas quitté ses yeux. Il n'y avait qu'avec elle qu'il se transformait ainsi, passant du Serpentard froid, distant et indifférent à ce monstre de cruauté sadique. La faiblesse d'Absinthe faisait ressortir ses pires pulsions. Il n'y avait qu'elle qu'il faisait souffrir de la sorte. Il n'y avait qu'elle qui connaissait ce démon en lui. Alors que les autres n'avaient droit qu'à son indifférence, elle pouvait contempler toute sa haine, sa rage et son désir de pouvoir. Car c'était bien de là qu'il tirait son plaisir. Ce pouvoir qu'il avait sur elle, auquel elle n'essayait même pas de se soustraire. C'était bien pour cela qu'elle était une victime parfaite. Parce que jamais elle n'oserait faire quelque chose contre lui. Il en était persuadé.

'' encore une de tes expériences ?! ''

Il ne prit pas la peine de répondre. Son sourire s'élargit légèrement, et ce fut tout. Il n'y avait pas besoin de répondre, après tout. La question n'en était pas vraiment une. Absinthe savait tout à fait ce qu'il attendait d'elle. Après tout, était-il quelque fois venu la voir pour autre chose ? Non. Dés le début, il avait parfaitement compris qui elle était et de quelle façon elle pouvait lui être utile. Et il n'en avait plus jamais douté. Elle savait parfaitement, quand par malheur son regard se posait sur elle, que sa tranquillité volerait bientôt en éclat. Elle savait parfaitement que, lorsqu'il daignait lui accorder un peu d'attention, c'était pour la faire souffrir. Encore. Le reste du temps, il se contentait de l'ignorer. Comme s'il ne la connaissait pas.

'' s'il te plait cette fois fait moi mourir ''

Il haussa un sourcil. La faire mourir. Non. Cela aurait été bien trop généreux de sa part. Il avait encore besoin d'elle. Il avait encore besoin de voir la terreur dans ses yeux. Il avait encore besoin d'entendre ses hurlements. Mais surtout, il avait encore besoin de tester sa magie. Car c'était bien ça qu'il recherchait à l'origine. Ce n'était ni les pleurs, ni le pouvoir, ni la souffrance. Il voulait juste un moyen de vérifier le bon fonctionnement de ces sortilèges de magie noire qu'il pratiquait dans l'ombre, de ces potions aux sombres pouvoirs qu'il fabriquait en cachette. Il se servait la plupart du temps d'animaux. Des lapins, des oiseaux, des grenouilles … des cobayes qui survivaient rarement à ses expériences. Mais parfois, il avait besoin d'un être humain. Alors bien sûr, il prenait d'autres précautions. Il n'était pas question de se retrouver avec un cadavre sur les bras. Ce n'était pas le but. Et pour tout dire, Absinthe tenait plutôt bien le coup. Elle avait faillit y passer. Une fois ou deux. Parce que le sort n'était pas au point. Parce que le poison était trop fort. Mais à chaque fois, il savait quoi faire. La pratique de la magie noire passait avant tout par une bonne connaissance de la défense contre les forces du mal, sans quoi, on pouvait y laisser sa peau.
Regulus avait sortit sa baguette, qu'il faisait maintenant négligemment tourner entre ses doigts. Il n'avait en général pas besoin de quelconque menace pour arriver à ses fins, mais il préférait rester armé. On ne savait jamais, il valait mieux se tenir prêt à parer toute éventuelle tentative de rebellion de la jeune Poufsouffle.

'' Oh, je te tuerais peut-être un jour. Mais pas maintenant, j'ai encore besoin de toi. ''

Il détacha un instant son regard de sa victime. Le temps d'aviser une porte close, à quelques pas. D'un coup de baguette, il fit sauter le verrou. Cette salle inutilisée serait parfaite. Sa baguette se tourna alors vers Absinthe et ses traits se tendirent, menaçants.

'' Entre là-dedans. Et dépêche toi un peu, j'ai d'autres choses à faire. ''

Il la laissa passé devant, pointant toujours sa baguette dans son dos. Il n'avait pas vraiment d'autres impératifs seulement, il n'avait pas envie que quelqu'un le surprenne ainsi, menaçant une jeune fille sans défense. Il se hâta donc d'entraîner Absinthe dans la petite pièce. Il referma la porte et, sans démontrer le moindre intérêt pour la jeune femme, agita sa baguette de manière à allumer la lumière et à poser quelques protections indispensables. Un sortilège de verrouillage. Un sortilège d'insonorisation. Elle pourrait hurler autant qu'elle le voudrait, personne ne viendrait. Comme toujours. Lorsqu'il se tourna vers Absinthe, il avait baissé sa baguette et, dans son autre main, il tenait une petite fiole. Fraîchement sortie de sa poche, c'était cette potion que Absinthe testerait, ce jour là. Il s'agissait d'une potion assez compliquée à réaliser. Il lui avait fallu plusieurs essais avant d'obtenir un résultat satisfaisant. Mais l'échantillon qu'il tenait dans sa main était parfait, il en était certain. Ou presque. D'un couleur dorée, le mélange n'inspirait nullement la crainte. Et pourtant, ses effets étaient terrifiants. Terriblement dangereux. Il s'agissait d'une potion hallucinogène. Une gorgée suffisait à faire disparaître la réalité pour faire apparaître toutes sortes de visions. Bonnes ou mauvaises, cela dépendait de l'état d'esprit de la victime. C'était une plongée dans le rêve. Ou bien une plongée en enfer. Là-dessus, Regulus n'avait aucun contrôle. Enfin si, il y avait bien un moyen de contrôler ces visions, mais il expérimenterait cette technique après. Pour l'instant, il voulait juste savoir si la potion fonctionnait comme il le souhaitait. D'un coup de baguette, il fit à nouveau voler les livres que Absinthe tenait toujours dans ses bras et, sans plus se soucier du devenir des grimoires, il déboucha la fiole et la lui tendit.

'' Une gorgée. Pas plus. ''

Il fallait en garder pour la suite. Regulus garda sa baguette fixée sur la jeune femme, prêt à récupérer la fiole d'un simple accio si elle menaçait de la laisser tomber. Ou d'en vider le contenu. Après tout, n'avait-elle pas exprimé son désir d'en finir avec la vie. Il savait bien que cette potion ne la tuerait pas, peu importait la quantité qu'elle en ingérait. Le seul risque était de tomber dans une folie incurable. Mais tout de même, il ne voulait pas qu'elle gâche son précieux mélange.

La menace était à peine nécessaire. Absinthe obéissait sans rechigner. Pourtant, elle aurait pu se rebeller. Elle aurait pu laisser la fiole se briser au sol. Elle aurait pu sortir sa baguette. Elle aurait pu refuser de se laisser ainsi torturer. Mais elle n'en faisait rien. Parce qu'il lui avait promis mille et une souffrances si elle osait se révolter. Pouvait-il vraiment la faire souffrir plus encore ? Pouvait-il vraiment détruire un peu plus sa vie ? Peut-être. Lui même n'en savait rien. Jusqu'où était-il capable d'aller exactement ? À quel moment trouverait-il la limite ? Il semblait qu'il n'en avait plus guère, de limites. Il semblait que toute clémence avait déserté son cœur, que son âme était déjà trop souillée pour se rendre compte des conséquences de ses actes. Il semblait qu'il était à prêt à tout, pour atteindre des objectifs brumeux que personne ne comprenait vraiment. Mais de toute façon, il n'avait pas besoin de tester les limites de sa folie. Il n'avait pas besoin d'aller jusque là. Il n'avait qu'à demander, elle obtempérait. Sans broncher. Sans rechigner. Il savait bien qu'elle avait peur, qu'elle se demandait à quelle sauce elle allait encore être mangée, qu'elle tentait de deviner à l'avance les effets de la potion. Pour s'y préparer. Elle savait bien qu'il ne lui dirait rien. Il ne lui disait jamais rien. Elle n'avait pas besoin de savoir. Elle découvrirait bien assez vite.

Une hésitation. À peine une seconde. L'instinct de survie qui reprend le dessus. La peur qui reprend ses droits. Elle avait l'air d'un petit animal pris au piège. Mais loin de s'émouvoir de sa faiblesse, Regulus souriait, satisfait de voir qu'il avait toujours ce même effet sur elle. Un regard effrayé plus tard, et elle porta la fiole à ses lèvres. Aussitôt, le regard simplement cruel et amusé du garçon se changea. Désormais, tout son être respirait l'avidité. Ses traits étaient tendus dans l'attente. Il ne baissa pas sa baguette. Il ne la baisserait pas. Pourtant, il ne craignait plus un geste stupide de la jeune femme, ni la perte de sa potion qu'elle avait intelligemment glissé dans sa poche. En revanche, il n'était pas à l’abri d'un problème, d'une erreur de préparation invisible jusqu'alors mais qui pouvait avoir de graves conséquences sur Absinthe. Il attendait, oubliant même de respirer tant le désir de réussir était grand. Ou le désir de contempler une fois encore le magnétisme que cette magie exerçait sur lui. Il ne savait plus très bien. Il s'en fichait pas mal.

Mais rien. Il ne se passait rien du tout. La tension s'accumulait dans ses veines, son poing, celui qui n'était pas refermé sur sa baguette, s'était crispé, son sourire était retombé. Une seconde. Deux secondes. Par Salazar, qu'avait-il donc fait qui puisse expliquer un tel échec. Trois secondes. Quatre secondes. Il ne pouvait s'empêcher de mesurer le temps, silencieusement, attendant, espérant encore. Et puis, il se passa quelque chose. Une grimace, une simple mimique de douleur. Son poing se détendit alors que le sourire carnassier renaissait sur ses lèvres. Il observa, les yeux écarquillés de fascination. Il la regarda subir les effets de sa potions maléfiques. Il regarda la peur qu'elle avait ressentie quelques instant plus tôt se transformer en panique, en véritable terreur. Quelle que soit la vision que subissait Absinthe, elle ne devait pas être agréable. Elle recula, comme tentant de fuir, comme tentant de s'éloigner de cette chose invisible qui la terrifiait. Et lui, il riait. Un ricanement mauvais qui s'échappa de sa gorge sans même qu'il n'en ait conscience. Il ne bougea pas d'un pouce alors qu'elle se retrouvait immobilisée par le mur derrière elle. Et son rire s'amplifia alors qu'elle hurlait, prise d'une terreur qu'il ne pouvait même pas imaginer, alors qu'elle chutait, vaincue, alors qu'elle se laissait aller aux larmes. Son rire cessa aussi vite qu'il était apparu. Seul un rictus resta figé sur ses lèvres. Les effets arrivaient à leur termes. L'hystérie de la jeune femme s'était calmée. Son regard fou était redevenu lucide. La potion avait cessé de brouiller son esprit. Elle leva le regard vers lui. Lui qui s'amusait à la détruire, se sentant dans sa cruauté plus puissant, plus fort, plus vivant que jamais.

'' qu'est ce que c'est... ''

Il avança vers elle, sa baguette toujours tendue devant lui. Il ne lui répondit pas. Pas encore. Il prenait le temps de goûter sa victoire. Il avait réussit. Sa potion fonctionnait. Pourtant, il lui faudrait d'autres tests, pour être sûr que tout soit parfait. D'autres tests pour la voir encore hurler de peur. D'autres tests qui allaient encore la détruire, autant qu'ils le détruisaient lui. Pas de la même façon. Pas avec les mêmes armes. Mais contempler ainsi la puissance de sa magie ne faisait que renforcer encore ce besoin qu'il avait de s'enfoncer encore plus loin dans l'art obscur. Lequel d'entre eux était finalement le plus en danger ? Elle, qu'il prenait soin de garder en vie mais qu'il était en train de briser volontairement. Ou lui, qu'on laissait sombrer sans tenter de le rattraper, qu'on avait oublier en route mais qui ne semblait pas tellement en danger. Pas directement. Il daigna tout de même lui répondre, après un long moment de doux silence.

'' Tu n'as pas compris encore ? Alors tâche de te concentrer lorsque tu y goutteras à nouveau. ''

Cela n'aurait pourtant pas été bien compliqué de lui répondre clairement. Mais il ne voulait pas lui faire ce plaisir, si futile et inutile soit-il. Il fallait qu'elle comprenne que c'était lui, le maître du jeu et pour cela, tous les moyens étaient bons. Même la plus petite frustration. Il n'en tirait pas vraiment de plaisir pourtant. Mais le fait était qu'il avait une question bien plus importante à traiter :

'' Alors dis moi, qu'as tu vu ? ''

Il s'avança encore, la toisant de toute sa hauteur alors qu'elle était toujours à terre, le regard avide, affamé, impatient. Il se mit à lui tourner autour. Comme un vautour. Comme un charognard attendant que sa proie agonise pour enfin puiser sa force dans sa mort. Pour le coup, ce n'était pas la mort qu'il attendait, seulement la déchéance Il en voulait encore. Il n'était pas rassasié. Il voulait voir à nouveau combien cette potion, fabriquée de ses propres mains, était forte, puissante, géniale. À mesure qu'il tournait, il sentait sa respiration s'accélérer, sa concentration flancher, se focalisant uniquement sur ce besoin, ses mains trembler légèrement d'excitation contenue, son cœur accélérer ses battements. Alors, sans même écouter sa réponse, lui coupant peut-être la parole, oubliant presque la question qu'il lui avait posé, poussé par une impatience incontrôlable, il retourna se placer face à elle. Sa baguette trouva sa place entre les deux yeux de la jeune fille et, le souffle court, le regard fou, ce sourire malsain toujours figé aux lèvres, il ordonna, d'une voix fébrile :

'' Encore une fois ! ''

Regulus s'était légèrement reculé alors qu'Absinthe se relevait, prenant docilement une autre gorgée de potion. L'idée qu'elle puisse lui mentir sur l'objet de sa vision ne l'avait même pas effleuré. Il s'était contenté de son explication, il l'avait cru. Il n'y avait, après tout, aucune raison pour qu'elle ne lui dise pas la vérité. Il était tellement sûr de lui, tellement persuadé qu'elle ne pouvait rien contre lui. Qu'elle ne tenterait rien. Et sa baguette tendue n'était qu'une simple sécurité dont il ne voyait pas vraiment l'utilité mais qu'il ne pouvait se résoudre à baisser. Il se sentait plus fort encore, avec ce morceau de bois à la main. Ce morceau de bois dans lequel coulait une goutte de venin de basilic. Une arme puissante, qui pouvait faire de lui un grand sorcier, un grand mage noir, il en était convaincu. Mais cette confiance aveugle en lui-même, cette arrogance exacerbée lorsqu'il s'agissait de magie noire, ne pouvait finalement que causer sa perte. Il en avait pourtant déjà fait l'expérience. Skye Danderyd avait découvert son secret, elle s'en était servi. Mais elle aurait pu faire tellement plus. Elle aurait pu le dénoncer, le briser, l'envoyer droit à Askaban si elle l'avait voulu. Fort heureusement, elle avait d'autres occupations et ruiner la vie de Regulus Black semblait n'être plus dans ses priorités. Mais ce n'était pas passé loin. Et pourtant, il continuait à jouer avec le feu. Il continuait à faire confiance à Absinthe, parce qu'elle avait trop peur pour tenter quoi que ce soit. Parce qu'il avait prit soin de la réduire au silence. Mais n'allait-il pas finir par s'y brûler ? Si elle décidait que le jeu en valait la chandelle. Si elle décidait que, de victime, elle pouvait tout à fait devenir l'assaillante. Si elle décidait de se lever, pour une fois, et de frapper un grand coup. Elle n'avait pas grand chose à perdre. Et tellement à gagner. Mais Regulus était certain qu'elle n'oserait jamais. Et pourtant, elle venait de lui mentir, effrontément, et il n'y avait vu que du feu. Parce qu'il n'était pas assez attentif, pas assez vigilant sans doute.

Son sourire n'avait pas déserté ses lèvres alors qu'il la regardait, aux prises une nouvelle fois avec les effets dévastateurs de sa potion. Elle était plutôt bien réussie, il devait l'avouer. Et Absinthe était une victime parfaite. Elle était tellement terrorisée, tellement mal dans sa peau que ses visions ne pouvaient pas être agréables. Il la regarda sans réagir alors qu'elle se cognait la tête contre le mur, espérant sans doute atténuer la douleur dans son crâne. Il savait bien, pourtant, que rien de ce qu'elle ferait ne la soulagerait, et que la seule chose qu'elle gagnerait, c'est d'avoir toujours mal,même lorsque la potion ne ferait plus effet. Il ne broncha pas non plus lorsqu'elle finit par s'effondrer à nouveau à terre. Il ne fit pas un geste en voyant ses yeux s'écarquiller d'horreur, ni en contemplant ses ongles lacérer sa chair. Il la soignerait, quand tout serait finit. Il la soignait toujours. Pour ne pas laisser de traces, de preuves. Mais pour l'heure, il observait avec ce sourire ignoble qui ne le quittait plus le sang couler de ses bras. Il ne comprenait pas ce plaisir qu'il éprouvait à contempler la souffrance d'Absinthe, et il ne s'était jamais tellement interrogé là-dessus. C'était un plaisir honteux, un plaisir qu'il n'avait pas le droit de ressentir mais auquel il était devenu dépendant. Comme un toxicomane est dépendant de sa dose d'héroïne, lui, c'était aux sortilèges interdits, aux poisons maléfiques, à la peur et à la douleur qu'il se shootait. C'était un sentiment fort, puissant, qui faisait valser les limites, les repères et les interdits. Un plaisir violent qui le laissait, bien souvent, satisfait mais épuisé. Que pouvait-elle donc voir, qui justifie une telle mutilation ? Il n'en savait rien. Mais Absinthe semblait paniquée, proprement terrifiée. Et puis, comme précédemment, l'effet s'estompa, la laissant tremblante et, cette fois ci, sanguinolente.

'' tu n'es qu'un monstre ''

Elle semblait dévastée. Elle semblait sur le point de perdre toute raison. Et pourtant, il n'en avait pas fini. Pas encore. Elle lui cracha au visage. Pauvre idiote. Si elle pensait que la provocation pouvait l'aider … c'était ridicule. Elle était faible, elle était totalement incapable de l'atteindre et il entendait bien le lui prouver. Encore une fois. Il s'avança à nouveau vers elle. De toute évidence, cette potion fonctionnait. Il n'aurait vu aucun inconvénient à lui faire boire la totalité de la fiole, bien au contraire. Mais il avait quelque chose à tester et pour cela, il avait encore besoin d'Absinthe, et encore besoin de la potion.

'' Mais je n'ai rien fait. Ces visions, tu les crées toi même. Elles pourraient être très agréables, si seulement tu le voulais vraiment. Mais de toute évidence, tu n'es pas assez forte pour cela. ''

Ce qu'il disait n'avait pas vraiment de sens. La force, magique, physique ou mentale n'avait rien à voir avec la potion. Les visions apparaissaient selon l'état d'esprit de la victime. Absinthe était effrayée, il était logique que ses hallucinations soient terrifiantes. Si elle avait été sereine, heureuse, il en aurait été tout autre. Mais c'était devenu une habitude, de rabaisser Absinthe encore et encore. De lui rappeler qu'elle était faible. De lui rappeler qu'elle ne pouvait rien contre lui.

'' Nous allons essayer autre chose, cette fois ci. ''

Regulus pointa à nouveau sa baguette sur Absinthe, visant un point particulier sur on front. Il ferma un instant les yeux, se concentrant. Cette fois ci, ce serait lui qui contrôlerait les visions. Qu'allait-il faire apparaître dans la tête de cette fille ? Oh, il avait bien une idée. Il fallait juste que cela fonctionne.

'' Prend une autre gorgée. ''

La jubilation qu'il avait ressentit quelques instants plus tôt s'était atténuée. Il lui fallait un peu de calme pour pouvoir modeler l'esprit d'Absinthe tel qu'il le souhaitait. Un exercice difficile. Il attendit que la jeune femme porte la fiole à ses lèvres pour prononcer une formule complexe. Un filament doré, de la même couleur que la potion, apparu, reliant la baguette de Regulus au front d'Absinthe. La connexion était faite. Restait à savoir si elle allait tenir le coup.
Regulus ferma à nouveau les yeux et dans son esprit se dessina une silhouette. Naëlle Ocarina. Une Poufsouffle qui, il le savait, était très proche d'Absinthe. Il se concentra sur les détails, essayant de former une image réaliste de la jeune femme. En théorie, Absinthe devait voir son amie, souriante, face à elle. Et puis, il la fit tomber à terre, il se concentra sur son visage déformé par la souffrance, tenta de faire passer par ce lien ténu le son d'un hurlement de douleur. Il était difficile de se concentrer sur tout à la fois. Sur son cri qui s'étranglait dans sa gorge alors que son souffle se faisait difficile, sur ses yeux qui se révulsaient, sur son visage qui prenait la couleur blanche de la mort, sur la grimace douloureuse qui déformait ses traits, et sur la tache de sang qui était apparue sur sa poitrine et qui grandissait, encore et encore. Il était en train de tuer Naëlle Ocarina juste devant Absinthe. Et c'était bien plus dur qu'il ne l'avait imaginé, bien plus intense. Sa main tremblait, son front s'était recouvert d'une pellicule de sueur et sa mâchoire était crispée. Mais il tenait bon, il voulait aller au bout. Au bout de son sort. Au bout de la résistance d'Absinthe. Au bout de lui même.

au sol, les bras sanglant, gouttant sur le sol, ta tête tournant et chutant rapidement entre tes mains, la douleur prenant rapidement possession de toi.. devenant presque folle, sombrant tombant dans le tourbillon infernal que regulus avait créer pour toi. tournant sombrant, rien n'avait plus d'importance, tu voulais en finir, en cet instant, que le sang coulant de tes veines te face rapidement sombrer dans un coma dont tu ne pourrais jamais te relever. tu voulais mourir sur ce sol de poussière, te fondre dans un nuage blanc et y pourrir comme de la mauvaise herbe. relevant le regard, trouvant celui de ton bourreau tu compris assez rapidement que la fin s'éloignait rapidement. il voulait faire de toi son pantin, il voulait continuer à jouer avec toi jusqu'à que tu sombre seule dans une folie incontrôlable. pourtant ton simple mensonge avait créer en toi un envie de défis, comme de le contrer simplement sans qu'il ne puisse l'imaginer. tu voulais le tromper, lui montrer que tu pouvais être plus forte que lui, que tu arriverait à le détruire de l'intérieur. le regard presque vide d'émotion, le corps faible et incertain de retrouver un équilibre descend. au sol, là s'approchant de toi, s'apprétant à te mordre encore pour laisser son venin s'infiltrer dans tes veines et te pourrir de l'intérieur. Mais je n'ai rien fait. Ces visions, tu les crées toi même. Elles pourraient être très agréables, si seulement tu le voulais vraiment. Mais de toute évidence, tu n'es pas assez forte pour cela. il s'en amusait, il jouer de cette faiblesse que tu laissais transparaitre. pourtant tu étais surement bien plus redoutable que lui, d'un regard et d'un coup de baguette tu pouvais ruiner sa vie.. pourtant tu n'étais pas comme cela, trop incertaine, trop pudique, trop discrète pour désirer faire du mal à un être. pourtant si terrible, si ridicule, si peu agréable à la vue, tu n'arrivais pas à le haïr autant qu'il le faudrait. il n'était qu'un homme perdu dans les méandres de sa folie, perdu dans une idée bien trop confiné dans un esprit totalement renfermé. il n'avait réellement aucune emprise sur lui même, il n'était que sensation de maladie et de folie certaine, coulant entre ses veines. ayant perdu depuis longtemps son âme, il laissait jouer en lui des émotions et des idées qui dans le fond tu en était certaine le tuerais surement avant toi. là se regard totalement vide il te fixait de se sourire malsain. Nous allons essayer autre chose, cette fois ci lança-t-il te fixant intensément, bien décider à trouver un nouveau moyen de te faire sombrer. Prend une autre gorgée. avoua-t-il, te laissant avec difficulté prendre la fiole caché dans ta poche. l'accompagnant à tes lèvres tu en ingurgitas une nouvelle gorgée, coulant le long de ta gorge, chauffant rapidement chaque cellule de ton corps. pourtant si faible, comme si la potion n'arriverait à rien saisir de plus de toi. pourtant face à toi il ne laissa pas le temps à la potion de s'amuser seule, pointant sa baguette sur ton front il redevint sérieux, fermant les yeux. incantant quelques paroles, tu compris qu'il viendrait se joindre à tes pensées. c'est ainsi que ta vision se mis à se brouiller. là devant toi une silhouette commençait à prendre place, une fille, pas très grande, surement de la même taille que toi. les cheveux tombant sur ses épaules, un regard vide trouvant le tien. naëlle. souriante, soudain, perdant l’équilibre, trouvant le sol ou tu étais si faiblement installé. la souffrance prenant possession de son visage, prise de convulsion, laissant le sol la peindre d'un rouge vif. là devant toi, ta meilleure amie était en train de perdre le souffle.. rampent avec difficulté du corps tu déposais une main sur la sienne, laissant les larmes prendre possession de tes joues, coulant avec une rapidité incontrôlé. malgré la souffrance externe de tes blessures la souffrance interne te fis bien plus mal. tu avais envie de mourir, de sombrer avec elle là sur se sol froid et impropre. pourtant sans vraiment savoir pourquoi une partie de cette vision prit une tournure assez spéciale. d'un élément non contrôlé par le serpentard tu vis que quelques choses cloché. pour la première fois tu comprenais et te mis à résister. c'est ainsi, que tu fermas ton esprit à tout contrôle. là devant toi regulus tel une poupée de cire avait gardé sa position initiale. la potion prenant rapidement possession de toi tu vis là devant toi regulus black, souriant, riant à pleine voix, accompagné d'un jeune homme dont tu n'avouerais jamais le nom. là rigolant à ta vision, inerte, morte, sans souffle. pourtant si impuissante tu trouvais la force de te lever, sautant au cou de l'homme devant toi. le faisant tomber à la renverse sa baguette roula un peu plus loin au sol, te laissant le pouvoir de resserrer l'étreinte de tes mains contre son cou. tu n'es qu'un pure salop black crias tu de toute tes forces continuant à serrer le cou de l'homme sous toi.

Regulus avait ouvert les paupières, juste un instant. Juste pour voir Absinthe, dévastée, larmoyante, pleurant sur le corps inanimé et imaginaire de son amie. Juste un instant qui suffit à faire flancher sa concentration. Il sentit rapidement que quelque chose n'allait pas. Le filament doré qui reliait toujours sa baguette à Absinthe tremblait et sa couleur perdait en intensité. Il fallait qu'il se concentre encore plus. Ses yeux se fermèrent à nouveau dans un effort intense. Il fallait reprendre le contrôle. Il aurait du tenter autre chose, pour commencer. S'attaquer d'entrée à une telle vision était au dessus de ses capacités, il s'en rendait compte désormais. Mais une nouvelle fois, tellement sûr de lui, il n'avait pas imaginé que ce sort puisse lui résister. Il avait cru que ce serait facile. Et ça ne l'était pas. Il savait que la vision avait flanché. Il ne parvenait en revanche pas à savoir à quelle point son erreur avait pu être perçue par Absinthe. Il se concentra à nouveau sur le cadavre de Naëlle, vérifiant, mentalement, que les détails étaient encore en place. Mais là, les yeux fermés et la baguette tendue, il ne se rendit pas compte que Absinthe était en train de se soustraire à son contrôle, de fermer son esprit. Elle était forte, plus forte qu'il ne pouvait l'imaginer. Et sans doute la vision de son amie avait fait naître une nouvelle flamme en elle. Et puis, tout se passa très vite. Il sentit la connexion lâcher. Sa baguette fut prise d'une soudaine vibration et il sentit l'épuisement prendre soudain possession de lui. Sans comprendre, il ouvrit aussitôt les yeux. Qu'est ce qui n'avait pas fonctionné ? Le sortilège était-il trop difficile pour lui ? Ou était ce Absinthe qui avait réussi à briser l'emprise qu'il exerçait sur lui ? Cette deuxième possibilité lui paraissait tellement invraisemblable. Comment Absinthe, soumise et faible, aurait-elle pu s'échapper d'un sortilège aussi puissant ? Il était certain qu'elle n'y était pour rien. Et lorsqu'il posa son regard sur elle, un simple coup d'oeil, une simple seconde, elle semblait encore sous l'emprise de la potion. Et pourtant, un instant plus tard, elle était levée, elle était sur lui et, la force décuplée par la colère, l'avait fait tomber au sol et tentait maintenant de l'étrangler. Regulus n'avait rien compris. Affaibli par son sortilège, concentré sur l'échec de celui ci, il n'avait rien vu venir.

'' tu n'es qu'un pure salop black ''

Il entendait à peine ce qu'elle disait. Il se fichait de ses insultes. Il tentait de se dégager, mais il semblait n'avoir plus la moindre force. Salazar, ce sortilège l'avait vidé de toute son énergie, alors qu'Absinthe semblait plus vivante que jamais. Sa respiration était de plus en plus difficile à mesure qu'elle resserrait sa prise. Sa tête tournait. Sa vision se brouillait. Ses oreilles bourdonnaient. Était-elle capable de le tuer ? Voilà qui était risible. Absinthe Potter, victime officielle de Poudlard, tenant entre ses mains la vie de Regulus Black. C'était à n'y rien comprendre. Mais après tout, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui même. C'était lui, qui avait joué avec son esprit et sans doute avait elle perdu sa lucidité durant cette expérience traumatisante. C'était lui, qui s'était volontairement affaibli, avec ce sortilège qu'il savait complexe. C'était lui, qui avait voulu pousser le vice plus loin encore, en jouant sur les sentiments d'Absinthe. L'amour, n'est ce pas ce qui rend plus fort ? Jouer sur ce point était dangereux, il le savait. Se servir des amis de la jeune femme était risqué, il en avait bien conscience. Mais jamais, jamais il n'aurait pu penser que la situation se retourne de la sorte. Il ne pouvait plus respirer. Il fallait qu'il se sorte de là. Sa baguette avait roulé à l'autre bout de la pièce, il ne pouvait pas s'en servir. Et personne ne viendrait le sauver de la folie meurtrière d'Absinthe. C'était sa faute, il avait tellement bien protégé la pièce. Alors, plus par réflexe qu'autre chose et au prix d'un effort surhumain, il abattit son poing sur le visage de la jeune femme. Une fois. Deux fois. Trois fois. Jusqu'à ce qu'elle lâche prise. Jusqu'à ce qu'elle s'effondre, une fois encore, sur le sol. Il resta un moment là, les yeux rivés sur le plafond qu'il ne voyait pas. Il ne savait pas comment allait Absinthe. Il s'en moquait. Doucement, à mesure que le voile noir s'estompait, à mesure que sa vue revenait, à mesure que la douleur dans ses poumons s'estompait, il prit conscience de ce qu'il venait de se passer. Elle avait tenté de le tuer. Il ne laisserait pas passer ça. Regulus se releva. Trop vite. Son corps était encore trop faible pour supporter des mouvements brusques. Sa tête tourna et il manqua de retomber à terre. Mais il se stabilisa, et il alla récupérer sa baguette, plus lentement qu'il ne l'aurait voulu. Sa fierté venait d'en prendre un sacré coup. Lui qui s'estimait intouchable, venait de se faire jeter à terre par une femme. La colère brillait dans ses yeux. Une rage sourde, une haine implacable qu'Absinthe n'avait sans doute jamais vu. C'était tellement différent de ce rictus méprisant, de ce sourire moqueur habituel. Cette fois, il la haïssait. Vraiment. Il retourna près d'Absinthe, toujours à terre. Il tremblait légèrement. De rage et de fatigue. Il l'avait bien amochée. Il n'en avait rien à faire. Il aurait pu, à cet instant, la tuer sans le moindre état d'âme. Mais au lieu de ça, sa baguette fendit l'air, et une entaille profonde apparue sur la joue de la jeune femme.

'' Tu crois que tu peux faire le poids ? Tu crois que tu peux gagner contre moi ? Regarde toi, tu es pitoyable. Minable. ''

Le ton était froid. D'un nouveau coup de baguette, il taillada une nouvelle fois le visage d'Absinthe. Est ce qu'il serait capable de faire disparaître les blessures, ensuite ? Il n'en savait rien. Il vaudrait mieux pour lui. Laisser de telles preuves était dangereux. Mais pour l'instant, il n'avait plus conscience des risques. Il voulait seulement lui faire mal. Lui montrer qu'il était plus fort.

'' Ce n'était qu'une vision, une pensée. Mais tu sais que je suis capable de le faire vraiment, n'est ce pas. Tu crois que Ocarina survivrait, si je lui faisais boire cette potion ? Tu voudrais qu'on essaye ? Tu n'as pas compris encore ? C'est moi, qui suis le maître du jeu. Je peux faire ce que je veux. Je peux te tuer. Je peux faire souffrir ton amie, à tel point qu'elle me suppliera de l'achever. Tu le sais n'est ce pas ? Alors je te conseille de te tenir tranquille, à l'avenir. ''

Nouvelle entaille. Il la toisa, la colère avait à nouveau laissé place au dégoût. Il reprenait confiance. Il savait que ses menaces feraient suffisamment peut à Absinthe pour qu'elle n'ose pas recommencer un tel mouvement de révolte. Il fallait qu'il écrase toute combativité chez cette fille, qu'il réduise en cendre la moindre trace de confiance. Seule la peur pourrait la convaincre de se taire. Seule la peur saurait la remettre à sa place, une bonne fois pour toute.

Comment avait-il pu perdre à ce point le contrôle de la situation ? À force d'être si sûr de lui, il n'avait pas vu que sa proie prenait peu à peu des forces, puisant son courage dans une sourde colère. Il n'avait rien vu et maintenant, il était trop tard pour faire demi tour. Lui qui pensait Absinthe totalement sous son emprise, pieds et poings liés par la peur, incapable de s'élever contre quiconque. Il n'avait pas compris. Il fallait un courage hors du commun, pour supporter tout ce qu'Absinthe supportait sans rien dire. Il fallait bien plus de courage pour se laisser ainsi faire, comme une vulgaire poupée de son, au lieu de s'élever contre ses bourreaux. Il lui avait sans doute fallut une force mentale bien supérieure à la moyenne pour ne pas aller dénoncer les agissements de Regulus, tout en sachant qu'il continuerait encore et encore. Soudain, il n'était plus aussi sûr de lui. Et la peur ne semblait plus suffisamment puissante pour assurer le silence d'Absinthe. Pourtant, il ne fallait pas qu'elle parle. Il ne fallait surtout pas qu'elle parle. C'était plus qu'une question d'honneur, cette fois. C'était presque une question de vie ou de mort. Mais finalement, il s'était mis lui même dans cette situation qui semblait désormais inextricable. Il s'était fait prendre à son propre jeu. À vouloir aller plus loin, chaque fois, il avait fini pas s'y perdre, par ne plus savoir où se trouvait la limite. Et de toute évidence, il l'avait franchit, cette limite. Impossible de faire marche arrière. Une erreur, une toute petite erreur due à une trop grande confiance en lui. C'était idiot, tellement idiot.

Toute sa confiance s'était définitivement envolée lorsqu'il avait vu la fiole s'envoler vers lui. Il lui avait fallut une demie seconde pour comprendre que plus rien, désormais, ne serait comme avant, et qu'il venait de se mettre dans une merde noire. Encore une fois, la surprise l'empêcha de faire le moindre mouvement pour se protéger et il sentit le verre fin et fragile exploser sur son visage, lui entaillant la peau, l'aspergeant de potion. S'il avait eu le réflexe de fermer les yeux, il ne pu empêcher quelques gouttes de liquide de se déverser dans sa bouche. Plus que quelques gouttes en vérité. Ses paupières s'ouvrirent alors qu'il prenait conscience de la situation. Il venait d'avaler une bonne quantité de cette potion de malheur. Un éclair de terreur passa dans ses prunelles bleues. Il posa son regard paniqué sur Abinthe. Qu'avait-elle fait ? Mais la peur fut vite happée par la potion, et seule la folie et la démence restèrent visible. Il tenta vainement de résister, un instant, mais seul un occlumens très doué pouvait espérer combattre la potion. Et Regulus n'avait aucune notion d'occlumentie.

La migraine le surprit, si puissante que sa vue se brouilla, si violente qu'il tomba à terre, ses jambes se dérobèrent sous lui et ses genoux entrèrent violemment en contact avec le sol dur et froid. Mais il ne ressentit rien, tellement la blessure de ses genoux était ridicule face à cette impression terrible qu'on était en train de lui ouvrir le crâne à coup de hache. Il ferma à nouveau les yeux, tentant de chasser la douleur. Mais rien n'y faisait. Son corps était pris de tremblements incontrôlable et ses lèvres étaient entrouvertes sur un hurlement de douleur silencieux. Lorsqu'il ouvrit les yeux, Absinthe n'était plus là, face à lui. Au lieu du corps de la jeune Poufsouffle, se trouvait d'autres corps. Des dizaines de corps. Sanguinolents. Mutilés. Certains étaient dans un état terrifiant. Les membres arrachés. Décapités. Éviscérés. Une vision d'horreur digne des cauchemars les plus sombres. Regulus ne pouvait détacher son regard de ces cadavres. Parce qu'il les connaissait. Il les reconnaissait. Des élèves de Poudlard. Absinthe était là, près de Naëlle. Et puis, il y avait des nés moldus. Certains dont il ne connaissait même pas le nom mais qu'il avait maintes et maintes fois humilié au détour d'un couloir. Certains qu'il connaissait bien mieux. Orla Price, à qui il vouait une haine particulière. Emma Lewis, la née moldue des Serpentards. Et tant d'autres. Il ne comprenait pas. Que faisaient-ils tous là, morts, sans doute torturés vu l'expression douloureuse de leurs visages ? Et puis, son regard se posa sur ses mains. Ses mains tâchées de sang. De leur sang, il le savait. Aussitôt, son cœur s'affola alors que son esprit refusait d'intégrer l'horreur. Il lâcha sans même s'en rendre compte sa baguette, elle aussi éclaboussée de sang. Ces cadavres mutilés étaient … ses propres victimes.

'' Non … ''

Un simple souffle, un pauvre murmure qui s'échappa de ses lèvres alors qu'il reculait, fuyant la vision de ces meurtres. De ses meurtres. Il ne pouvait pas avoir fait ça. C'était impossible. Il n'aurait jamais fait ça. Il avait perdu tout sens de la réalité alors. Il avait oublié que tout ceci n'était qu'une illusion. Il avait oublié que rien n'était réel. Que tout se passait au plus profond de son esprit. Il atteignit le mur, derrière lui. Il était pris au piège, entre ce mur glacial et ces cadavres qu'il ne voulait plus voir. Et puis, il remarqua un corps qu'il n'avait pas vu, encore. Un peu à l'écart. Son sourire rieur était retombé et comme les autres, il affichait une grimace de souffrance tout simplement insupportable. Ses cheveux décoiffés étaient poissés de sang et son visage était à peine reconnaissable tant il était mutilé. Et puis, il y avait cette plaie, béante, qui s'ouvrait dans son ventre. Regulus sentit la nausée monter en même temps que les larmes. Mais il était incapable de pleurer, tout juste bon à observer avec horreur ce massacre.

'' Non … non … Sirius ''

Il voulu se diriger vers son frère, sachant pertinemment qu'il ne pourrait rien faire. Son frère était mort et c'était lui qui l'avait tué. Il avait son sang sur les mains. Et puis, la scène vacilla, sa vue se troubla à nouveau et tout disparu. Regulus resta là, au bord de la nausée, au bord de l'évanouissement. Il ne savait plus où il était ni ce qu'il faisait là. Les images des corps qu'il avait cru si réels restaient ancrée en lui, s'accrochant, et il savait qu'il ne s'en débarrasserait pas de sitôt.
Il ne se rendait pas compte que la potion, en explosant sur son visage, avait commencé à brûler sa peau par endroit. Des plaques rouges se formaient. Des plaques rouges qui auraient du lui faire souffrir le martyre. Mais il n'était plus capable de ressentir quoi que ce soit. Son regard croisa celui d'Absinthe mais, pour la première fois, il n'avait pas envie de la faire souffrir. Il voulait juste … oublier ce qu'il venait de voir. Définitivement.

Peu à peu, la réalité retrouvait sa place dans son esprit. Les images de l'horreur qui venait de se dérouler devant lui cessaient d’apparaître à chaque clignement de paupière. La douleur de son visage se faisait lancinante, brûlante. Il devait avoir un baume dans sa poche. Il avait prévu le coup. Enfin, il n'avait pas prévu qu'il aurait à s'en servir sur sa propre peau, il n'avait pas prévu qu'Absinthe lui balancerait le contenu de la fiole au visage, il n'avait pas prévu que tout partirait en vrille. Mais il s'était dit que, peut-être, il aurait à l'utiliser sur Absinthe. Il fallait juste qu'il sorte le petit pot qui contenait la crème préparée à base de plantes médicinales spécifiques. Mais il n'en avait pas encore la force. Il venait de se prendre une sacré claque. Un coup de cognard en pleine figure. Il lui fallait un peu de temps pour s'en remettre. La douleur de ses genoux se faisait aussi ressentir. Un peu. Plus sourde. Plus faible pour l'instant. Sans doute se réveillerait-elle plus tard. Peut importait. Oui, la réalité reprenait sa place, lentement. Trop lentement. C'est finalement le regard d'Absinthe qui le tira de la léthargie dans laquelle il s'était laissé plonger. Un regard suppliant. Un regard qui perdait son intensité. Qui perdait sa lueur de vie. Alors, comme parcouru d'un électrochoc, il prit conscience de la situation dans laquelle il venait de se fourrer. De l'état critique de la jeune femme. Elle avait perdu du sang. Beaucoup de sang. Trop de sang.

'' aide moi.. s'il te plait. ''

Oubliée, la faiblesse de son corps. Celle de son esprit. Oubliée, la vision terrifiante qu'il venait de subir. Il n'y avait plus rien qui comptait. Rien, à part Absinthe, qui avait fermé les yeux, dont le souffle se faisait faible, trop faible. Bordel de troll, qu'avait-il fait ? Regulus se releva, difficilement, précipitamment. Sa tête lui tournait encore. Un peu. Mais il n'y prêta pas attention. Il alla récupérer sa baguette, échouée un peu plus loin, et se rua sur le corps d'Absinthe. Ne pas paniquer. Ne surtout pas paniquer. Il connaissait le sortilège. Il ne l'avait jamais pratiqué, certes, mais il connaissait la formule. Il sentit un frisson glacial le parcourir alors qu'il posait son regard sur le visage d'Absinthe. Tellement blême. Il n'avait jamais voulu un tel drame. Il n'avait jamais pensé mettre fin aux jours d'Absinthe. Elle n'avait même pas vingt ans. Comment aurait-il pu souhaiter une chose pareille ? Il n'entendait plus sa respiration. Instinctivement, il chercha son pouls. Il ne trouvait rien. Garder l'affolement à distance était de plus en plus compliqué. Et puis, il sentit quelque chose. Un battement faible. Mais présent. Il fallait faire vite, cesser de se poser des questions. Regulus passa sa baguette sur les blessures de la jeune femme. Sur celles de ses bras d'abord, il lui semblait qu'elles étaient les plus nombreuses, les plus urgentes. Il n'en était pas sûr. Il n'était plus sûr de grand chose, à vrai dire.

'' Vulnera Samento. ''

Il ne se passa rien. Rien. Absolument rien. Pourquoi est ce que ça ne marchait pas ? Pourquoi est ce que rien ne marchait, cette fois ci ? Tout allait de travers. C'était un cauchemar. Un vrai cauchemar. Ne pas paniquer. Regulus tenta une nouvelle fois son sortilège. Et cette fois ci, le sang cessa de couler. Il renouvela son sortilège. Les blessures se refermèrent et les cicatrices disparurent. Il fit la même chose pour les entailles profondément marquées sur son visage. Elle ne gardait presque aucune marque des événements. Mais pourtant, elle ne se réveillait pas.

'' Aller, réveille toi … ''

Il la secoua, la ballotta dans l'espoir qu'elle finirait par ouvrir les yeux. Mais rien, elle restait inanimée. Il ne savait même pas si elle respirait encore, si son pouls battait encore, si une once de vie restait encore en elle. Il ne savait pas quoi faire de plus. Il ne savait pas comment la ramener. Mais il ne pouvait pas la laisser là, comme ça. Le plus simple aurait été d'aller chercher du secours. Mais il ne savait même pas s'il en avait le temps. Alors, dans un dernier espoir, il abattit une gifle retentissante sur la joue de la jeune femme, espérant que, peut-être, la douleur suffirait à la tirer de la mort.

'' Bordel Potter, réveille toi ! ''

Était ce vraiment le fait en lui même qui lui faisait si peur ? Le fait de contempler la mort. Le fait de regarder sans rien pouvoir y faire la vie quitter le corps d'Absinthe. Le fait de se sentir complètement dépassé par les évènements. Le fait de se souvenir que, malgré tout, elle était un être humain, qui méritait la vie autant que quiconque. Le fait de se dire qu'elle aurait pu avoir un bel avenir. Le fait de penser qu'elle n'y aurait pas droit, à cet avenir. Et surtout, le fait de se rappeler, encore, que c'était à cause de lui. Uniquement, exclusivement à cause de lui. Lui et ses expériences douteuses. Lui et cette magie noire qui lui procurait un bien-être si intense, mais tellement égoïste. En dépit des autres. En dépit même de la santé de la pauvre Absinthe. Bien sûr, tout cela le touchait. La vision qu'il avait été forcé de contemplé, prit à son propre jeu, emprisonné dans une prison qu'il avait lui même créé, écrasé sous le poids de sa propre magie, l'avait ébranlé, certes. Et s'il évitait pour l'instant d'y penser, les images restaient bien présentes. Là, dans un coin de son esprit. À peine recouverte d'un voile sombre, prêt à s'envoler au moindre souffle de vent. Dés que sa concentration faiblirait, il s'envolerait, et laisserait à nouveau apparaître le cauchemar. Mais pour l'instant, il parvenait à garder tout ça à distance, l'hallucination terrifiante ainsi que toutes les questions qu'elle engendrerait forcément. Mais cette plongée dans l'horreur avait eu au moins l'avantage de le dégriser. De faire tomber la dernière goutte de jubilation. Il n'avait plus envie de jouer, désormais. Seulement de se sortir de ce mauvais pas. Il n'était plus se monstre assoiffé de souffrance que la magie noire faisait ressortir. Il n'était plus que Regulus. Regulus Black qui avait du sang sur les mains. Et cette fois, ce n'était pas une folie de son esprit. C'était réel. Bien trop réel.

Mais dans le fond, n'était-ce pas plutôt les conséquences qu'il craignait ? Il n'en savait trop rien. Les deux sans doute. Pouvait-il vraiment faire preuve d'humanité au point d'en oublier sa petite personne, même dans un instant comme celui ci ? Pouvait-il vraiment se soucier intégralement de ce corps sans vie sur le sol, sans penser un seul instant à ce que ses actes engendreraient ? Pas vraiment, en vérité. Le spectre de la prison s'étendait au dessus de lui. Méritait-il de finir ses jours à Askaban, pour une simple erreur ? Et quelle était-elle, l'erreur, finalement ? L'erreur d'avoir sous-estimé Absinthe ? L'erreur d'avoir laissé les choses échapper à tout contrôle ? Ou l'erreur de s'être laissé séduire par une magie trop forte pour lui ? Pouvait-on encore parler d'erreur, alors que cela faisait plusieurs années qu'il pratiquait les arts obscurs, en connaissant pertinemment les risques et les dangers ? Mais il ne voulait pas faire de mal, à la base. C'était simplement un engrenage dans lequel il s'était laissé entraîner sans se méfier. Un engrenage oh combien prévisible. Mais tellement envoûtant. C'était un concours de circonstance, rien de plus. Était-il alors justifié de l'enfermer pour le restant de ses jours dans une cellule sombre et froide, où il deviendrait sans doute fou ? La loi dirait que oui. Certains, sans doute, penseraient que non. Il n'était qu'un gosse, finalement. Un gosse un peu trop faible pour résister à l'appel alléchant de la magie noire. Mais Absinthe méritait-elle de payer de sa vie l'erreur d'un gosse ? Non, évidemment. Elle n'y était pour rien, dans cette histoire. Elle avait juste eu la malchance de trouver un intérêt aux yeux de Regulus. C'était tout. Elle avait simplement croisé sa route au mauvais moment.

Mais finalement, peu importait les raisons qui le poussaient à vouloir sauver Absinthe. De toute façon, elle ne se réveillait pas. Il se sentait tellement impuissant devant le drame qui se déroulait devant ses yeux. Et c'était particulièrement rageant. Il étudiait la médicomagie, bordel de troll. Et il n'était même pas capable de lui porter secours. Il était si simple de faire du mal. Tellement plus difficile de réparer ses erreurs. Regulus en prenait conscience, alors qu'il ne pouvait rien faire de plus que de regarder le visage si blême de sa victime, priant Merlin de lui venir en aide. Et puis, il aperçut un mouvement, faible. Elle … elle avait bougé. Soudainement, il sortit de son immobilité désespérée et entreprit de vérifier son pouls, encore une fois. Elle vivait. Merci Merlin.

'' de l'eau.. de l'eau... ''

Oui. De l'eau. Il aurait pu lui jeter directement un jet d'eau à la figure, mais la noyer n'était sans doute pas le meilleur moyen de lui venir en aide. Il lui fallait un récipient. Quelque chose. Regulus pointa sa baguette sur les morceaux de verres épars qui jonchaient le sol, souvenir de la potion qu'ils avaient tous deux testé, cette fois ci. Un reparo plus tard, et la fiole était reconstituée. Il s'assura, à l'aide d'un puissant evanesco que la fiole ne contenait plus la moindre trace du liquide doré. Une goutte serait suffisante pour tuer Absinthe, dans son état. Et finalement, il entreprit de remplir le récipient. Il releva la tête d'Absinthe et, tâchant d'empêcher sa main de trembler, porta la fiole à ses lèvres. La situation était tellement … inattendue. Regulus Black, le regard toujours très inquiet, en train de prendre soin d'Absinthe Potter. Non, ce n'était pas une situation habituelle. Ce n'était pas non plus une situation agréable. Parce que Regulus avait juste envie de s'enfuir très loin, de laisser Absinthe là, pour ne pas avoir à supporter les reproches dans son regard. D'ailleurs, il prenait grand soin de ne pas la regarder dans les yeux. Il ne pourrait plus jamais le faire. La regarder dans les yeux; Il avait failli la tuer. Il s'en voudrait toujours. Pourtant, il serrait les dents, et il ne bougeait pas. Il était peut-être un Serpentard. Il était peut-être lâche, selon certains. Cependant, il restait là, et il tentait de réparer ses conneries. Que pouvait-il faire d'autre, de toute façon ? S'il ne prenait pas le temps de la remettre sur pied, s'il s'enfuyait comme un voleur, quelqu'un d'autre la trouverait. Quelqu'un à qui elle raconterait peut-être sa mésaventure. Il ne prendrait pas un tel risque. C'était uniquement pour ça, qu'il restait. C'était ce qu'il préférait se dire. C'était trop difficile d'avouer la culpabilité qui le rongeait.

Il attendit patiemment qu'elle termine la fiole. Il aurait été bien avisé de lui donner quelque chose à manger. Quelque chose de sucré. Mais il n'avait pas la moindre nourriture sur lui, et il ne pouvait pas en faire apparaître.

'' Est ce que ça va ? Tu te sens comment ? ''

Mal. Évidemment. Question idiote. Mais la situation était tellement étrange. Il venait de lui sauver la vie. C'était un geste loyal, un geste noble, un geste héroïque. Enfin, ça le serait s'il n'était pas la cause de son état. Dire qu'à ce moment, il se sentait stupide, était un doux euphémisme. À vrai dire, il ne s'était jamais sentit aussi mal. Et son regard fuyant en était une preuve qu'il n'essayait même pas de cacher. Il n'avait toujours pas la force de l'affronter en face.