TRYING TO TELL YOU STOP, BUT YOUR LIPSTICK GOT ME SO OUT OF BREATH

Presque quatre semaines. Presque quatre semaines que Julius avait reçu cette gifle, cette douloureuse insulte. Il y avait longtemps pensé. Il s’était souvent blâmé, et avait culpabilisé nombre de fois. Et il y avait de quoi. En l’espace d’un après midi, il était redevenu tout ce qu’il détestait. Cet être odieux, insensible, irréfléchi. Tout ce que l’on voulait qu’il soit, et tout ce que l’on voulait qu’il ne soit pas à la fois… Il avait l’horrible sensation de s’être comporté de manière encore bien pire avec Absinthe qu’avec la plupart des autres élèves. Même si cela n’expliquait absolument rien, Absinthe était de sang-pur : pourquoi s’acharnait-il donc avec autant de hargne sur elle ? Elle qu’il avait pourtant sauvé, alors que d’autres la brutalisaient, il y a même pas quelques mois. Elle qui ne lui avait pourtant rien fait et dont la seule faute aura été d’être la cousine un peu trop invisible d’un être aussi présomptueux que James Potter. Julius, en se promenant ce soir dans les couloirs et escaliers vides du château, se posait beaucoup de questions. Il doutait de lui-même, ce qui lui arrivait plus fréquemment que d’habitude. Il avait souvent cette impression de n’être qu’une fade copie de lui-même, mais à ce point… Julius tenta d’oublier ces sombres pensées dans une contemplation d’une tapisserie animée qui longeait tout un mur. Il était plutôt sensible à ce genre d’œuvres d’art. Après tout, il avait été un « choixpeau flou ». A mi-chemin entre Serpentard et Serdaigle. Ce fut presque malgré lui qu’il choisit le premier choix. Si Piper, sa petite sœur avait eu le choix, elle n’hésita pas en tous cas à sauter sur la deuxième proposition.

L’heure du diner était son heure favorite : le château était entièrement désert, et il pouvait faire ce que bon lui semblait. Après toute une journée à traîner avec diverses personnes de plus ou moins bonne compagnie, il avait besoin de faire le point. Il avait cette habitude étrange de sauter régulièrement le diner, pour ensuite, selon son humeur, rattraper ou pas son repas en prenant un petit quelque chose dans les cuisines. Il se sentait bien lorsqu’il était seul le soir, dans le calme du château. Il se sentait plus libre, plus léger. Cependant, le revers de la médaille était qu’il ne pouvait échapper d’être également seul avec sa conscience. Donc forcément, il culpabilisait souvent des actes de sa journée, selon s’ils avaient été bons ou moins bons… Parfois odieux, comme avec Absinthe, il y a trois semaines et demie. Il évitait le plus souvent d’y penser, et il y parvenait la plupart du temps. Mais quelques fois, la réalité revenait à la charge avec une facilité et une brutalité étonnante.

Ce soir néanmoins, il s’était vidé de toute pensée négative. Il pensait à la blague que Phoenix avait racontée le matin et qui les avaient fait rire toute la journée, avec Azraël et Regulus. Il pensa à l’expression scandalisée du professeur de droit moldu quand Regulus avait commencé à lui faire des avances dans l’oreille et que Julius s’était joint au jeu en lui caressant les cheveux, faisant ainsi croire à cette vieille mégère qu’ils étaient intéressés par un plan à trois. Il songea encore à la chute phénoménale de Randy-Jayden dans les escaliers. Ou encore à la lecture passionnante qu’il avait en cours sur le dressage de dragons. A la saison de Quidditch qui avait plutôt bien commencé, au retour de Carmelita chez les leurs. Au sourire de Piper qui était si heureuse.

Il s’en alla donc tous sourires prendre quelque gourmandise dans les cuisines, comme à son habitude. L’elfe cuisinier en chef qui le connaissait bien maintenant, Hoggy, devait surement lui avoir préparé quelque chose. Ils avaient souvent tapé la causette tous les deux, après tous les soirs où Julius venait se remplir la panse… Bien heureusement, il s’était pris d’affection pour lui (et c’était réciproque). Julius lui apportait toujours en échange quelque babiole que ses parents, un peu trop collants lui envoyaient régulièrement.
Pourtant, ce soir-là, tout se passa différemment. Il n’eut même pas le temps de saluer Hoggy qu’une présence plus qu’indésirable se fit sentir. Oh non. Tout Poudlard si vous voulez, le concierge, le garde-chasse puant, Dolohov si vous insistez vraiment, mais pas elle…

Julius ne la connaissait pas plus que ça. Ils ne s’étaient parlé qu’une seule fois –pour s’engueuler. Mais là, il serait prêt à parier des gallions et des gallions qu’elle n’était pas dans son état normal. Ou alors que c’était une face cachée qu’il lui découvrait soudainement. Quoiqu’il en soit, Julius resta figé, le visage le plus impassible possible face à l’attitude déconcertante d’Absinthe Potter.

« Casterwell... » Elle s’approcha, d’une manière… inhabituelle à sa démarche. Elle dégageait autre chose. Il y avait toujours cette innocence mais ça semblait forcé. Il n’était pas sûr d’apprécier ça. Jamais, au grand jamais il ne se serait imaginé qu’elle réagirait comme ça, surtout pour lui reparler après ces semaines d’éloignement et de fureur… Julius ne réagit pas plus lorsqu’elle posa sa main sur son torse. Leurs regards se croisèrent. « Je te passionne.. Je t'obsède.. heureusement pour toi tout cela est réciproque, alors arrête de tourner en rond, saute sur l'occasion.. » La respiration de Julius se fit plus saccadée, moins régulière. « Ou as tu trop peur de te bruler les ailes ?! » Julius n’en croyait pas ses yeux. Absinthe était en train de le draguer ?! Il se retint de justesse de se frotter les yeux. Il la regarda de loin, sans bouger, prendre place et croiser ses jambes au dessus d’une table. Elle n’avait jamais parut aussi sûre d’elle, aussi audacieuse aussi… séduisante. Bon d’accord, Julius était tenté. Terriblement tenté. Absinthe l’attirait indéniablement malgré tout le mal qu’il se donnait pour tenter d’oublier tout cette… convoitise qu’elle lui inspirait.

Elle se foutait de sa gueule, ça ne faisait aucun doute. Ou alors… Il s’approcha de la table, et la regarda d’une manière des plus neutres. « Potter, j’espère que tu ne penses pas à effacer ce qui s’est passé par une simple attitude aguicheuse. Je ne ferais rien ce soir avec toi. » Au moins il était clair là-dessus. Il ne put réprimer un sourire en coin. En ajoutant : « D’ailleurs, ça m’étonne : je n’aurais jamais cru que t’aurais ce cran. Allez, dégage de là et arrête ton cinéma avant que d’autres paroles désagréables ne me viennent. J’ai pas envie d’une autre gifle. »

Il n’empêche que toute cette mascarade l’inquiétait.

TRYING TO TELL YOU STOP, BUT YOUR LIPSTICK GOT ME SO OUT OF BREATH

Julius n’était pas convaincu de la sincérité des actes d’Absinthe. Il était comme… déçu. C’était drôle, il avait l’habitude de fréquenter des filles qui n’étaient pour la plupart que peu complexées, mais… sur Absinthe, ce trait de caractère un peu trop osé ne collait tout simplement pas. Il ne l’imaginait pas comme ça, et pourtant il était censé n’en n’avoir rien à fichtre non ? Il serra la mâchoire, mal à l’aise. Julius n’avait aucunement l’intention de profiter de la situation (si seulement il n’en n’avait pas envie !). C’était bien trop étrange comme scénario. Bien qu’il ne nierait pas qu’Absinthe avait une attitude tout à fait désirable, il était, il voulait y croire, catégorique sur le fait qu’il n’agirait pas sans savoir ce qui la poussait soudainement. De plus, ça serait totalement déplacé dans les cuisines, avec des Elfes de maisons affairés à porter des assiettes sales dans tous les sens qui, certes ne les observaient pas, mais étaient tout de même présents. Oui, Julius savait se contrôler, même face à une fille qui ne le laissait pas indifférent, il fallait l’avouer.

Mais lorsqu’elle fit descendre sa main dans sa chevelure soyeuse, puis empoigna délicatement sa chemise, Julius eut du mal à se retenir de l’attirer à elle d’autant plus, pourtant il y parvint. Il frissonna. L’odeur de son parfum, envoûtante ne rendait la tâche que plus ardue pour un Julius plutôt dépassé par les évènements. Il n’aimait pas ça. Ne pas avoir le contrôle… Le changement du tout au tout… C’était peut-être pour ça qu’il avait laissé avec autant de facilités ses parents avoir le contrôle de sa propre vie. Mais ce n’était pas le moment de penser à de telles choses, du moins Julius n’y pensa qu’une fraction de seconde car c’était Absinthe qui avait le monopole de ses esprits. Si Julius se retenait de l’attirer contre lui, Absinthe ne s’en priva pas. D’un côté, cela ne lui déplut pas. De même que le ton qu’elle utilisa pour lui susurrer ces quelques mots : « Tu me connais mal Casterwell.. si seulement tu prenais le temps de me connaitre ! » Irrésistible. Elle était tout simplement irrésistible. Tellement irrésistible que ce fut presque sans volonté apparente qu’il posa sa main sur sa clavicule dénuée. Pour toucher sa peau, une fois encore… Il la retira presque aussitôt, se ressaisissant. Il n’allait quand même pas se laisser prendre au piège. Elle détacha un bouton de la chemise de Julius. Il était complètement perdu, mais aussi complètement médusé. Ca ne lui ressemblait tellement pas.

Elle l’entraina vers une autre table, et comme si de rien n’était, se servit d’un jus de citrouille. Julius leva les yeux au ciel, en feignant (difficilement) l’indifférence. « Au lieu de regarder approcher toi et laisse toi tenter après tout tu es le grand Julius Casterwell tu ne risque rien je ne vais pas te croquer !! » Julius voulut répliquer d’un ton ironique. Il le voulut de toute sa raison, avec toute la bonne volonté qu’il put y mettre. Mais son corps agit autrement. C’est un ton plus séducteur que sarcastique, celui qu’il utilisait en général avec les autres filles (celles sans grande importance… pas comme avec Absinthe, faut dire) qui sortit de sa bouche : « Tu es sûre de ce que tu dis ? Tu t’aventures dans un terrain bien dangereux. Je ne te savais pas comme ça. Et puis, qu’est-ce qui t’est arrivé pour que tu reviennes soudainement sur tes paroles ? » Instinctivement, il passa une main dans les cheveux d’Absinthe, tripota une de ses mèches qu’il garda dans les doigts. Elle se mordit la lèvre –quelque chose de séduisant à souhait. Il la regarda dans les yeux. Qu’est-ce qui le retenait de l’embrasser ? Pour tout dire, plein de choses. Déjà, il était censé la détester, la mépriser. Ensuite, elle n’était pas de « bonne fréquentation ». Leur dernière rencontre se résumait à une engueulade et une gifle. En plus, la dernière fois, elle l’avait laissé un goût amer de vengeance dans la gorge. De vengeance... Il pourrait profiter de la situation pour se venger, s’il avait moins de scrupules. Etait-elle au moins consciente de ce qu’elle faisait ? Elle ne paraissait pas saoule, pourtant son comportement était si inhabituel de l’ordinaire. Elle ne sentait d’ailleurs pas l’alcool. Qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Julius avait beau chercher toutes les raisons possibles, aucune ne concordait.

Il attrapa doucement sa taille, puis leur fit faire une rapide rotation, de sorte à ce que ce soit lui qui soit en face de la table et elle qui lui fasse dos. Il plaqua ensuite ses deux mains sur la table, une de chaque côté d’Absinthe, gardant cette même proximité. Il oublia, l’espace d’un instant, qui était face à lui. Ce n’était plus Absinthe. C’était juste une jeune femme un peu trop envoutante, un peu trop excitante. Peu importe son nom. Il se pencha vers elle, jusqu’à coller son front au sien et planter ses yeux droits dans ceux d’Absinthe. Il avait du mal avec la position de « dominé » qui lui avait collé à la peau, et son côté macho reprit le dessus. « Le « Grand Julius Casterwell » ? Vraiment ? Si tu penses me faire croire que t’es sincère… sache que je ne suis pas le dernier des imbéciles. » Il fit glisser sa main jusqu’à sa cuisse, puis remonta légèrement sous sa jupe. « Mais voyons jusqu’où tu es prête à aller. » De son autre main, il détacha non pas un, mais deux boutons de la propre chemise de la jaune et noire. Il avait à présent une vue plutôt agréable sur son décolleté et apercevait le commencement de son soutien-gorge… Mais il se savait apte à poser des limites. Lorsque ça ira trop loin, il laisserait tomber. De toute façon, il savait qu’Absinthe finirait tôt ou tard par réaliser ce qu’elle faisait et qu’elle s’enfuira en courant à ce moment-là. D’ailleurs, il est presque certain qu’elle devait déjà avoir une sirène d’alarme dans son cerveau qui lui hurlait d’arrêter, car les choses commençaient à devenir sérieuses. Il était toujours aussi sur qu’il ne se passerait rien entre elle et lui ce soir. Or, il éprouvait une étrange excitation, et ce n’était pas pour le déplaire, même si ça l’effrayait quelque peu.

Spoiler:

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Elle ne pouvait pas. C’était l’évidence même qu’elle n’irait pas plus loin qu’un ou deux boutons détaché. Elle n’aurait pas cette audace. La timide et effacée Absinthe n’avait pas assez de courage pour oser se montrer assez provocante. C’était bien beau, les paroles, se coller à quelqu’un, c’était facile. Elle disait tout ça pour le bluffer. Elle irait ensuite raconter à tout le monde que « le grand » Julius Casterwell avait tenté de la violer dans les cuisines. Et il y aurait plein d’Elfes de cuisine pour en témoigner. Mais qui irait croire une pauvre Poufsouffle traitre à son sang ? Personne, bien évidemment. Julius avait un avantage certain dans cette affaire, sa parole aux yeux des autres valait beaucoup plus que celle de la Potter. Mais alors, que cherchait-elle vraiment ? Julius avait toujours pensé qu’elle ne s’était jamais intéressée à lui, et que même qu’elle le haïssait de tout son être. De là à le désirer en secret… C’était plus que troublant, et Julius n’arrivait plus à suivre. Absinthe semblait savoir s’y faire et Julius avait du mal à se contrôler. Il n’aimait pas Absinthe, mais tout dans son attitude la lui faisait désirer, encore plus que d’habitude, mais pas de la même manière. Ce n’était peut-être pas une bonne chose. Rectification : ce n’était certainement pas une bonne chose.

Aussi bizarre que ça puisse vous le paraitre, non, Julius n’était pas amateur des relations d’un soir. Il n’aimait pas coucher avec quelqu’un qu’il ne connaissait pas, qui n’était pas sa petite amie et avec qui il n’était pas familier. De plus, il n’avait pas couché avec toutes ses petites amies. Il avait un certain respect pour ça. Malgré l’impression qu’il pouvait donner en cet instant, Julius n’était pas prêt de céder, même si Absinthe y mettait beaucoup de cœur et que c’était vraiment difficile, de plus en plus difficile même, de résister, de lui résister…

Elle plaqua sa poitrine sur son torse ; ses lèvres sur son cou, qui remontèrent jusqu’à son oreille. Julius tressaillit. Il n’avait jamais imaginé qu’un jour il aurait l’occasion d’avoir un contact, quel qu’il soit, avec ses lèvres. Il ferma à moitié les yeux et, légèrement moqueur, il laissa s’échapper un soupir de ses lèvres accompagné d ‘un sourire en coin, en tentant d’écarter la tête doucement de la jeune femme d’une main. « T’y vas fort, quand même. » Julius n’était clairement pas à l’aise. Il était partagé entre la gêne et la convoitise, il ne savait plus ou se placer. Là, elle arracha d’un trait tous les boutons de sa chemise.

« Les mots sortant de ma bouche ne sont que la vérité tout comme mes mains se baladant sur ton corps bientôt dénudé.. » Là, pendant quelques secondes, de longues mais précieuses secondes, sa main se balada sur son torse. Ca n’avait aucun sens. Julius voulait bien lui montrer ce côté séducteur, tentateur qu’il avait, parfois et dont il lui avait montré un aperçu. Mais il n’était pas convaincu et pensait à trop de choses en même temps. Son impulsivité passait en seconde plan. Or ça ne l’empêcha pas de caresser distraitement d’une main ses cheveux, puis de descendre vers son oreille, son visage, sa clavicule, la naissance de ses seins…« Je suis certaine que tu t’arrêteras bien avant moi.. car le grand Casterwell aura bien trop peur de perdre la tête.. » Cette phrase, cette dernière phrase le fit tilter. Elle lui donna une, et même deux certitudes. Elle n’était pas maitresse d’elle-même. Et il n’y avait rien, strictement rien qui lui plaisait chez elle lorsqu’elle était comme ça. Il recula brusquement et serra des dents. « Ce n’est pas un jeu Potter, laisse tomber. » Marmonna-t-il en reboutonnant sa chemise avec un peu trop d’empressement. Son regard, vif et alerte, embrassa la pièce d’un mouvement de tête. Il repéra une fiole. «Qu’est-ce que tu as bu ? » A grand pas, il avança vers la table, tirant Absinthe par le poignet et l’empoigna furieusement pour la renifler. Ce n’était pas du jus de citrouille, malgré l’apparence. « C’est quoi cette merde ?! » Délaissant Absinthe, il alla prendre par la peau du cou l’Elfe de maison le plus proche, affairé à faire la vaisselle. « C’EST QUOI ? » lui hurla-t-il, furieux, dans sa large oreille. « Qu’est-ce que vous lui avez fait à la fin ? Tu trouves ça normal, toi ? » Après qu’il lui ait révélé le véritable contenu de la fiole accompagné de mille larmes du pauvre Elfe, il se tourna vers Absinthe. « T’es vraiment trop naïve, Potter. » Il la regarda, dangereusement. Il était sur les nerfs. Tout le monde savait que les colères de Julius étaient des plus violentes et des plus mémorables. Et qu’il n’arrivait plus à se contrôler dans ces moments-là. Il la regarda de haut, en lui crachant presque au visage. « J’arrive pas à croire que tu m’as eu. Tu vas me le payer. Tu vas le payer. » Elle était toujours là, Absinthe. Elle le regardait, avec le même regard que tout à l’heure. Comme si rien de tout ça ne l’avait affecté. Elle était encore sous le charme du poison. Julius frappa la table la plus proche de son poing, de toutes ses forces. Lorsque ses colères se déclenchaient, Julius ne savait jamais à qui s’en prendre. Qui était réellement le fautif dans cette affaire ? Les Elfes avaient une énorme part de responsabilité, ç’en était certain, mais Absinthe avait bu la potion. Et Julius avait à moitié cru à son histoire de séduction. Il la regarda, d’un regard qui n’avait strictement rien de compatissant. Comme toujours, comme à chaque fois qu’il avait des emmerdes, il mettait la faute sur les autres. Et particulièrement sur les sangs-de-bourbe, les traitres à leur sang. Pourquoi avait-il l’impression qu’Absinthe était aussi bien la fautive, que la coupable. Il bouscula son épaule et la plaqua contre le mur. Sans plus y réfléchir, il posa brusquement ses lèvres contre les siennes, violemment, sans aucune passion, juste de la rage et de la fougue mêlés. Un baiser accompagné de sentiments qu’on ne désirait certainement pas lorsqu’il était question d’embrasser quelqu’un. Il dura au plus deux secondes. Il recula et contempla Absinthe. La culpabilité commençait déjà à le ronger. Il avait l’impression d’avoir profité d’elle, de l’avoir exploité dans son état d’aveuglement. La vision d’Absinthe devint rapidement insupportable. Il ne pouvait décidément plus rester ici. Il y avait trop de mauvaises ondes, trop de mauvaises choses qui étaient associées à cet endroit pourtant aussi innocent que pouvaient l’être des cuisines. Il partit. Sans demander son reste. En claquant la porte. Il courut ensuite, il courut loin. Jusqu’à trouver un escalier où s’assoir et se mettre la tête entre les mains, pour penser enfin correctement. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Que lui était-il donc passé par la tête ? Et si, toute cette colère, c’était juste un prétexte pour pouvoir goûter à ses lèvres ?

YOU KNOW IT'S TO LATE TO APOLOGIZE

Elle l’avait suivi. Julius aurait parié tout son héritage qu’Absinthe aurait tout fait, sauf justement venir à sa recherche. Julius était déjà troublé par son propre comportement. Il n’y comprenait plus rien, et pourtant, ce n’était même pas lui la victime. Qu’est-ce qui s’était passé au juste ? Julius avait du mal à faire le tri dans ses idées. Absinthe, ensorcelée par un poison, avait tenté de le séduire. Julius y avait à moitié cru, il s’était presque laissé tenté. Mais c’était trop étrange comme situation… Lorsqu’il a découvert la vérité, qu’est-ce qu’il a fait ? Il a vu rouge et a agressé un Elfe. De quoi était-il le plus furieux ? Qu’on a fait faire des choses malgré elle à Absinthe, ou qu’il se soit fait bêtement manipulé ? Ou bien voulait-il cacher sa honte ? Qu’est-ce qu’il aurait pu dire à la jeune femme ? Ils se seraient regardés gênés. Absinthe l’aurait a nouveau giflé, ça lui aurait fait une belle jambe. Non. Au lieu de ça, Julius, n’ayant pas encore les idées en place, a trouvé ça super bien placé d’aller embrasser la fille, sur un coup de tête. Et là, depuis cinq minutes, Julius ne faisait que de se demander POURQUOI il avait fait ça. Le pire, c’était qu’il ne trouvait aucune justification valable. Il s’était dit que ça la perturberait, qu’elle s’en trouverait assez choquée pour que ça lui serve de leçon, pour sa naïveté… Mais il n’aurait pas imaginé que lui s’en sentirait affecté, et honteux, très honteux d’avoir été aussi violent. En réalité, lorsqu’il portait l’Elfe, il avait secrètement espéré qu’Absinthe revienne à elle et réalise ce qu’elle faisait pour qu’il puisse tranquillement se moquer d’elle. L’humilier, encore. Rependre éventuellement une rumeur dans Poudlard. Mais savoir la vérité comme ça, et découvrir qu’il était l’idiot de service dans cette affaire… C’était pire que tout. Il l’avait pourtant venu venir, au début. Il s’était dit qu’elle n’était certainement pas dans son état normal. Et pourtant, il avait continué. Pourtant, il avait joué le jeu.

En la voyant arriver, Julius baissa la tête, incapable de croiser à nouveau son regard. Qu’est-ce qu’elle était venue faire là au juste ? Ils s’étaient tout dit, il lui semblait qu’il avait été assez clair. Il n’y avait aucune raison pour qu’elle le suive, si ce n’était pour voir éclater une autre colère de Julius. Absinthe était trop gentille. Trop serviable. On lui avait tellement dit qu’elle n’était qu’une moins que rien qu’elle ne devait en avoir surement plus rien à foutre de ce qu’on pouvait penser d’elle. Julius ne réagit pas à son arrivée. « Tu rendras cela a Regulus.. » Regulus ? Qu’est-ce qu’il venait faire dans cette histoire ? Sans relever la tête, Julius entendit la fiole se poser à ses côtés. Si c’était pour qu’elle le monter contre son propre meilleur ami… Julius grinça des dents. Il en avait marre de toujours chercher le faux dans le vrai des paroles d’Absinthe. Pourquoi mentirait-elle ? Regulus était tout à fait capable d’une telle horreur. Julius ne devait pas lui en vouloir, il n’avait pas le droit. S’il savait que c’était pour quelqu’un d’autre, ça ne lui aurait surement rien fait. Mais le fait est que c’était pour Absinthe, et là, ça changeait tout. « Je.. je suis désolé.. je voulais que tu le sache.. même si tu dois surement t'en foutre.. » Des excuses. Il ne manquait plus que ça. Qu’est-ce qu’il en avait à fichtre de ses excuses ? C’est pas comme si elle avait un retourneur de temps ou autre, quelque chose qui puisse les avancer. Il enchaîna directement sur ses paroles, comme s’il avait peur qu’elle rajoute quoique ce soit de gênant, ou de stupide. « Absinthe. » Grogna-t-il. Il soupira. Il n’avait plus rien à lui dire. Il avait prévu de ne plus la voir pour le restant de sa vie. « Pars. » Voyant qu’elle ne bougeait pas, il leva la tête, et posa sur elle un regard neutre. « Mais… » Il serra les poings, tendu. « Ton silence contre le mien. Il ne s’est jamais rien passé ici. Tu m’entends ? » Il marqua une pause, reprenant confiance, puis reprit «Je ne te ferais plus rien. Je ne m’approcherais plus de toi. J’écarterais mes amis de toi. Mais je ne veux plus te voir. » Julius désirait sincèrement croire ce qu’il disait. De tout son cœur. Il fallait qu’il s’éloigne d’Absinthe, c’était plus qu’une nécessité. Il avait parlé d’une manière posée, comme si rien ne c’était passé. C’était bien ce qu’il voulait, non ? « J’espère que c’est bien clair. Je n’hésiterais pas à rependre les pires rumeurs sur toi en cas de manquement. Maintenant dégage. » Il reprit sa position initiale. Fini. Absinthe Potter n’existerait plus. Cela ne pouvait être que positif… N’est-ce pas ? Il reprendrait sa vie d’antan. Plus à se soucier de la jolie Poufsouffle qui lui donnait tant de fils à retordre… Qui lui plaisait tant et qui l’exaspérait tant à la fois. C’était bien mieux ainsi.