Alice & Nolan

"Be my friend. Be my friend. Be my friend
Until the end of time
There are no good friend who always hide
Away from respect, they wouldn't dare
There are no good friends who never argue
Over the secrets that they share.."
[Darkel]

En ce moment les journées pour Nolan étaient très longue, il n’avait plus réellement le goût à rien, c’était tout juste s’il prenait encore plaisir à écrire ou à jouer de la musique. Depuis plusieurs mois, le jeune homme n’était plus que l’ombre de lui-même, plus fantomatique que n’importe lequel fantôme de l’école, renfermé comme il ne l’avait plus été depuis bien longtemps, depuis sa rencontre avec Ewylan à vrai dire. La Gryffondor était d’ailleurs la raison de cet état lamentable dans lequel il se trouve aujourd’hui. Il était complètement perdu, il ne comprenait pas comment tous les deux en était arrivé là. Il en avait bien parlé un peu avec Franck, son meilleur ami, mais cela ne l’avait pas vraiment aidé à se sentir mieux, au contraire cela n’avait qu’accentué les questions qui se bousculaient dans sa tête encore et encore, elles étaient là, incessantes, cela l’obnubilait, Nolan ne pensait plus qu’à ça, plus qu’à elle, si bien qu’il n’arrivait absolument plus à rester concentré plus de quelques minutes en classe. Ses notes avaient dangereusement chutées mais il était bien trop déprimé pour avoir la volonté de se ressaisir. Subir un nouvel abandon, il avait redouté cela pendant plus de onze années, c’était pour éviter cela qu’il s’attache si peu aux gens, Ewylan le savait, il lui faisait confiance, il en est donc d’autant plus affecté. Ce qui a pour conséquence de le voir, contrairement à ses habitudes, déroger et passer outre certains des décrets de Cordelia Dolohov.

En effet, lui qui d’ordinaire ne tenait pas à se faire remarquer et pour cela respecter le plus possible les différents décrets mis en place à Poudlard, pour une fois y avait dérogé. La journée avait été extrêmement longue, les cours ne l’avait jamais autant ennuyé qu’aujourd’hui et malgré le soleil qui avait surplombé la cour pleine de neige, son moral était d’un gris maussade à se croire au beau milieu d’une soirée pluvieuse d’automne. Mais on se trouve bien en hiver, les fêtes sont passées, Nolan avait passé les vacances à Pré-au-Lard, n’ayant pas franchement envie de rester seul à l’école, surtout avec ses pensées si négatives. En ville, il n’avait pas été vraiment beaucoup plus accompagné, mais au moins il n’était pas enfermé dans ce cadre qui lui rappelait tant sa chère et tendre et son quotidien de sorcier qu’il commençaitde nouveau à maudire. Ayant vingt et un an, il avait passé la majorité de ses vacances à la Tête de Sanglier devant une bierraubeurre dans ses bons jours et d’autres liquides bien plus forts dans les mauvais. Le jeune homme prenait lentement une pente dangereuse avec l’alcool et dans sa vie en général, il aurait bien besoin de quelqu’un pour le sauver de là, mais saura-t-il faire suffisamment confiance pour se laisser aider ? Rien n’était moins sûr.

Nolan déambulait donc dans le couloir, au lieu de se rendre en cours de potion et d’y rejoindre son meilleur ami comme il aurait dû le faire. Il déambulait, tête baissée, les mains dans les poches sans prêter attention à l’endroit où le menaient ses pas. Il était perdu dans ses pensées, repensant à son histoire avec Ewylan, à cette passion l’un pour l’autre qu’ils partageaient et cherchait encore et toujours à comprendre comment tout cela avait pu s’arrêter du jour au lendemain. Finalement, il arriva là où il venait très souvent s’isoler, c’est-à-dire sur le ponton. S’accouder sur sa rambarde en bois, le regard dans le vague fixant l’horizon, avec rien d’autre autour que cette immense étendue d’eau, gelée à cette époque de l’année, que s’était reposant, relaxant, cela lui permettait de faire le vide en lui, et Dieu sait qu’il en avait terriblement besoin. Cela faisait déjà pas loin d’une bonne demi-heure qu’il se trouvait là, lorsque la sensation de ne plus être seul lui fit tourner la tête en direction du début du ponton et qu’il remarqua au loin une silhouette gracieuse, portant du jaune et du noir, les couleurs des Poufsouffle, s’avancer dans sa direction. Dans un premier temps, sa réaction fut de souffler d’exaspération, il n’avait pas très envie d’être dérangé, mais lorsque Nolan reconnu en l’intrus une des personnes lui étant le plus proche, il esquissa finalement un petit sourire à son attention.

« Tu es bien curieuse dis donc ! En voilà toute une tripotée de questions. »

La bonne humeur constante d’Alice était parfois un brin un peu énervante, mais au fond l’engouement de la demoiselle avait un effet bénéfique sur le serdaigle qui d’un coup vit sa tension chuter. Il se redressa pour lui faire face et la regarder dans les yeux, de magnifiques grands yeux marron toujours pétillants et qui avaient le bonheur communicatif.

« Tu as de la chance de me trouver là, car normalement je devrais être en cours de potions avec Franck, mais j’ai vraiment pas la tête à étudier en ce moment, j’ai saturé pour aujourd’hui, besoin de souffler, besoin de réfléchir. Et toi, que viens-tu faire par ici toute seule ? »

Nolan à éluder volontairement la question à savoir comment il va et ne s’est volontairement pas étalé sur la véritable raison qui l’a mené jusqu’à ce ponton en cette fin de journée, il n’a pas vraiment envie d’en parler, même si ça lui ferait sans doute du bien d’en parler un peu plus qu’il ne l’a pu faire avec son meilleur ami. Après tout Alice est une fille, elle serait sans doute plus apte à le conseiller ou à lui expliquer pourquoi sa précieuse Ewylan à agi de cette façon si peu correct avec lui, alors que tout se passait bien entre eux. Finalement, la présence de la poufsouffle était la bienvenue, c’était pas bon de s’isoler autant et ruminer encore et encore tout seul dans son coin.

« On marche un peu, ça évitera qu’on ne gèle complètement. »

Le jeune homme adressa un large sourire bien plus sincère que le premier à Alice et lui attrapa le bras pour y glisser le sien avant de se mettre en marche.

Alice & Nolan

"Be my friend. Be my friend. Be my friend
Until the end of time
There are no good friend who always hide
Away from respect, they wouldn't dare
There are no good friends who never argue
Over the secrets that they share.."
[Darkel]

Besoin vital de prendre l’air, d’échapper à quelque chose dont il ignorait de quoi il s’agissait vraiment. A cause de cette histoire avec Ewylan, les blessures de son passé, qu’il avait difficilement pansées, s’étaient rouvertes de plus belle, tous ses repères qu’il s’était petit à petit forgés depuis son arrivée à Poudlard, venaient de s’effondrer avec l’abandon de celle à qui il avait donné son cœur et son amour. Il était venu s’isoler là, sur le ponton, pour faire le vide, avec l’envie de ne voir et de ne parler à personne, mais une jolie tête brune était apparue là, souriante, et finalement il s’était vite rendu compte que la présence d’Alice à ses côtés le réconfortait, rien que par la joie et la bonne humeur que la demoiselle dégageait naturellement.

« Ravi de voir que ma présence fait ton bonheur » dit-il avant de lui proposer d’avancer pour ne pas geler sur place, et alors qu’il n’attendit pas de réponse de sa part, l’entrainant à sa suite après avoir passé son bras au creux du sien. Au contact de la demoiselle, Nolan se sentait instinctivement apaisé, elle avait ce don de le mettre toujours à l’aise et en confiance, il en ignorait la raison, mais il devait bien avoué que cela lui faisait un bien fou d’évacuer la frustration et la tristesse sans même réellement y penser. C’est ainsi que finalement, le jeune homme se confia relativement facilement à Alice lorsque cette dernière le questionna sur les sombres pensée qu’elle avait deviné. « Je vais t’épargner le monologue sur le splendide temps qu’il fait aujourd’hui. » lui répondit-il, n’hésitant pas à insister sur le mot splendide pour mettre en avant toute l’ironie que cela signifiait. Non mais, c’était vrai, il n’y avait qu’à laisser parcourir ses yeux vers l’horizon, ou relever un peu le menton pour voir qu’il faisait tout sauf un soleil resplendissant dehors, ce n’était quand même pas pour rien qu’ils étaient en train de se cailler les miches et qu’ils marchaient pour tenter de se réchauffer un peu.

« Ce qui me tracasse ? Ewylan, encore et toujours. Cela fait des mois maintenant qu’elle m’a quitté sans rien dire, qu’elle m’évite, et ça me rend dingue de pas comprendre pourquoi. Pourquoi elle est partie alors que rien ne laisser supposer que ça n’allait plus. Je suis perdu sans elle. » Son visage s’était soudainement assombri de nouveau, alors qu’il venait de s’expliquer sans faire une pause sur ce qui le rongeait depuis maintes semaines maintenant. Nolan hésitait à en dire plus, ou même à poser des questions à son amie. Etant une fille, peut-être saurait-elle lui expliquer le comportement de sa belle, ou éventuellement lui donner des conseils pour arranger les choses. Une chose était certaine et qu’il devait bien admettre, ne serait-ce que dire à haute voix ce qui le tracassait, cela semblait évacuer un peu de poids en lui. Certes, ce n’était pas ce qui allait le faire aller parfaitement mieux, mais c’était toujours mieux que d’absolument tout garder pour lui.

Tout en continuant de longer le lac, en trainant les pieds dans la neige fraîche qui crissait sous leurs pas, Nolan qui n’avais toujours pas lâché le bras d’Alice, se raccrochant à elle un peu comme une bouée ou par peur qu’elle ne l’abandonne aussi, sans finalement prendre vraiment d’écouter ce qu’il avait à dire, comme beaucoup de gens souvent le font quand ils demandent si ça va, mais par habitude et automatisme plus que parce qu’ils sont vraiment intéressé par la réponse. Après quelques secondes de silence, le serdaigle finit par le briser en stoppant sa marche et posant un regard interrogateur sur la poufsouffle. « Toi qui est une fille, tu saurais m’expliquer pourquoi Ewylan à agit de cette façon ? Est-ce que tu penses que c’est moi qui ai fait quelque chose de mal ? » Tellement dans le flou et l’incompréhension la plus totale, il s’était plus d’une fois demandé si c’était de sa faute, si c’était une chose qu’il aurait faite ou dite qui avait amené à cette situation. Plus les jours passaient, et plus il avait tendance à se penser seul coupable de cette rupture, de cet abandon. Et cette petite discussion avec Alice aujourd’hui, serait peut-être enfin un début de réponse à ses tourments.