magenmagot - 17 ans.

L'assemblée était silencieuse, le public attendant patiemment l'arrivée du président sorcier et de l'accusé. L'audience devait commencer dans une dizaine de minutes et déjà, les journalistes, installés au fond de la salle, mitraillait la pièce de leurs appareils photos. Personne n'avait besoin de réfléchir pour savoir quelle serait la Une de la Gazette du sorcier le lendemain matin. Le greffier d'audience, la plume à la main, était prêt à rédiger le moindre détail de ce procès ultra-médiatisé. Les membres du Magenmagot, la plus grande cour de justice magique de Grande-Bretagne, vêtus de robes couleur prune, brodées du côté gauche d'un M savamment dessiné, commençaient doucement à s'impatienter. La polémique qui entourait cette audience durait depuis des mois et tout le monde attendait que le verdict tombe. Il était temps que la société sorcière retrouve son calme et sa sérénité. Ce massacre, qui avait choqué par sa violence toute l'Angleterre, ne devait pas être oublié, mais la page avait besoin d'être tournée une bonne fois pour toute. Dans la salle, l'agitation gagnait les foules. Il ne restait que quelques minutes avant l'entrée de l'accusé, qui se tiendrait au centre de la pièce, assis sur une chaise où pendaient quatre chaînes magiques : deux pour les mains, deux pour les pieds, et le président qui s'installerait en face, sur un siège surélevé. Soudain, le silence se fit. Une porte dérobée venait de s'ouvrir sur la droite et un jeune homme grand et musclé avançait lentement, escorté par deux détraqueurs qui répandirent dans la salle un froid mordant. Les créatures emmenèrent l'accusé jusqu'au siège. Les chaînes se refermèrent douloureusement autour des poignets et des chevilles de l'homme, qui ne devait pas avoir plus de dix-sept ans. Les portes se refermèrent sur les détraqueurs tandis que la salle, aux murs de pierre sombre, éclairés par des torches, se réchauffait peu à peu. La tête baissée, le prisonnier remarqua à peine l'arrivée du président de l'audience qui salua l'ensemble du Magenmagot avant de prendre place. ❝ M. Hermès Lawburry ici-présent, dix-sept ans, accusé d'avoir provoqué la mort de ses parents, Amanda et Franck Lawburry le 24 décembre de l'année dernière. Je déclare cette audience ouverte. ❞ L'homme, qui ne devait pas être âgé de plus de cinquante ans, tapa un coup de marteau qui résonna dans toute l'assemblée. ❝ Qu'avez-vous à dire pour votre défense, M. Lawburry? ❞ Un sourire moqueur étira les lèvres du prisonnier qui n'avait toujours pas levé la tête. ❝ Je ne les ai pas tués. ❞ Quelques mots murmurés que le greffier d'audience s'empressa de griffonner sur un bout de parchemin. Pour que la cour puisse rendre son verdict, rien ne devait être laissé de côté. ❝ Bien. Faites entrer Mlle Aphrodite Lawburry, soeur cadette de l'accusé. ❞ Cette fois, ce ne fut pas la porte sur la droite qui s'ouvrit, mais celle qui avait servi à faire rentrer les journalistes et le public. Seule, une petite fille de dix ans avançait, les jambes tremblantes, les mains crispées sur le bas de sa chemise blanche. Elle ne fit aucun bruit et beaucoup se demandait ce qu'une enfant comme elle pouvait bien faire dans ce genre de procès. ❝ VOUS N'AVEZ PAS LE DROIT ! Pas elle ! ❞ Un cri de rage qui sortait du coeur. En effet, ils n'avaient pas le droit de s'acharner sur une jeune fille de cet âge qui n'avait surement pas encore réalisé que ses parents ne reviendraient plus jamais. Mais le désir de voir cette affaire rejoindre les archives de la justice magique étaient bien supérieur à la morale éthique. Les poings serrés, le visage déformé par la colère, Hermès Lawburry tentait désespérément de se libérer de ses chaînes. En vain, puisque celles-ci s'enroulèrent de plus belle autour de ses articulations. ❝ M. Lawburry, sachez que la cour a tous les droits et que cette enfant est le seul témoin capable de prouver votre culpabilité ou, au contraire, votre innocence. ❞
L'audience dura des heures. Épuisé et toujours prisonnier de cette chaise terriblement inconfortable, Hermès attendait que la cour rende son verdict. Les membres du Magenmagot s'étaient retirés dans une petite salle annexe pour débattre sur le débouché de ce procès. Le baiser du détraqueur, ou la liberté. Quand le jury reprit sa place dans l'assemblée, le silence se fit. Un des membres déposa devant le président sorcier une enveloppe qui contenait le verdict. Ce dernier se leva et ouvrit la lettre avec précaution. ❝ Le jury déclare l'accusé... non coupable l'accusé, faute de preuves l'incriminant pour le meurtre de ses parents. ❞

poudlard - 20 ans.

Comme d'habitude, la Grande Salle était bondée. Il était midi et tous les élèves se ruaient sur les tables, affamés. Sans se presser, Hermès rejoignait ses camarades de maison qui, bien trop occupés à manger, ne prêtèrent aucune attention à son arrivée. Il s'installa en bout de table, seul, guettant les alentours. Ses cheveux encore mouillés montraient qu'il venait à peine de sortir de la douche après s'être épuisé au quidditch. Ses muscles étaient douloureux et il était épuisé. Parfait. Un jour de plus où il ne serait pas dangereux pour les autres, bien que l'envie de se déchaîner sur un corps frêle et sans défense ne lui déplaisait pas. Il avait besoin de ça, de se sentir fatiguée au point de ne vouloir que dormir, pour ne pas sauter sur la première venue et satisfaire ses envies morbides. Il tenait à sa place au sein de cette école et se faire exclure pour avoir agressé une élève n'était pas une bonne solution pour la garder. Parfois, il pouvait sentir cette envie qui le démangeait. Il aurait voulu pouvoir extérioriser cette rage et cette haine qu'il ressentait, souvent sans raison. Alors, pour se soulager, il y repensait. Il repensait à cet instant magique, alors qu'il n'avait que dix-sept ans. Il était tard, ce soir-là. Juillet s'annonçait être très chaud. Depuis quelques mois, des pulsions presque... meurtrières l'envahissaient. Il y pensait tout le temps, tous les jours, à chaque instant. C'était devenu une obsession. Faire mal, voir le sang perler de ces entailles profondes, entendre le souffle diminuer, puis disparaître. Il n'avait pas tenu. Il avait craqué et cette obsession avait eu raison de lui. Un coup de folie, et il avait torturé, puis tué ses parents. Sans aucune pitié, sans aucun remord. La chambre parentale, aux murs immaculés, était devenue le théâtre de l'horreur. Mais il s'en fichait. C'était... fascinant de voir ses corps démembrés et ses expressions de souffrance sur les visages des malheureux. Il s'était mis à rire, content. Sa petite soeur, Aphrodite, n'avait pas été victime de sa folie meurtrière. C'était son bébé, sa merveille. Il devait la protéger de ces deux êtres qu'il savait possédés. Satan les habitait, il était de son devoir de les éloigner de sa protégée. Il avait débarrassé le monde de démons qui avaient toujours voulu du mal de sa petite Aphrodite. Ne t'inquiète pas, mon bébé, tu es en sécurité. Plus personne ne te fera de mal avait-il murmuré à l'oreille de la petite fille qui pleurait dans son lit, inconsciente que ses parents qui l'avaient soit-disant abandonnés étaient étendus sur le sol, à quelques mètres de là, en petits morceaux. Les aurors n'avaient rien trouvé sur les lieux du crime et sans surprise, leurs soupçons se posèrent sur Hermès qui fut innocenté quelques mois plus tard grâce au témoignage même de sa petite soeur qui déclara simplement qu'il l'avait protégé contre celui qui avait fait ça à ses parents. Bien que des doutes subsistèrent, personne ne réussit à prouver la culpabilité du jeune homme qui, bien conscient de ce qu'il avait commis, se régalait en cachette des photos qu'il avait pris des deux malheureux. A cette pensée, un sourire étira les lèvres pleines de Hermès. Autour de lui, ses camarades le regardèrent avec méfiance. Oh, oui... Vous avez de quoi vous méfier.