(+) THERE’S A POSSIBILITY, ALL THAT I HAD WAS ALL I GON’ GET.

Une sorcière ? Allons, c'est impossible. Ça n'existe pas, la magie n'existe pas. Pendant deux heures une conversation mouvementée eu alors lieu entre les parents de Lena et un membre de l'équipe pédagogique de Poudlard. Lena allait bientôt avoir onze ans et toute la famille fut surprise en voyant cet inconnu venu sonner à leur porte pour leur annoncer que la jeune fille était une sorcière et qu'elle était inscrite à l'école de sorcellerie Poudlard. Contrairement à leur fille, qui était encore plus heureuse que si elle avait eu un poney pour son anniversaire, les parents de Lena voyaient ça d'un mauvais oeil. Ils avaient d'abord eu du mal à y croire, mais à force de preuves, avaient dû se résigner à accepter que la magie était réelle et que leur fille était une sorcière. Cet évènement fut le seul sujet de conversation de toute la journée. A ce moment-là, bien que ses parents se montrent compréhensifs, Lena sent que quelque chose ne va pas. Ses parents n'ont pas toute leur tête, il leur arrive d'agir bizarrement, de partir dans des délires et Lena trouve que le fait qu'ils acceptent tout ça plutôt facilement est étrange.

Assise à la table de la cuisine, le menton posé sur ses bras croisés et ses pieds se balançant dans le vide, Lena attend. Il n'y a qu'elle dans cette grande maison et seul le bruit de l'horloge vient perturber le silence pesant. Voilà plusieurs heures que ses parents sont partis sans même lui dire où ils allaient. La nuit est tombée depuis un moment déjà, mais ils ne sont toujours pas revenu. La peur s'empare petit à petit de Lena, elle n'aime pas être seule, encore moins la nuit et ses parents le savent très bien, elle ne comprend donc pas pourquoi ils lui font ça. Elle est pourtant habituée à beaucoup de choses étranges avec ses parents. En à peine onze ans elle en a déjà vu de toutes les couleurs, elle a toujours su qu'ils étaient fous. Elle est habituée à ce qu'ils partent sans elle pendant des heures et la laisse seule, mais jamais la nuit, ils savent trop bien que la nuit effraie Lena pour lui faire ça. Elle entend alors la pendule du salon qui sonne minuit et la peur continue de s'emparer d'elle. Pourquoi ne sont-ils toujours pas là. Lui prend alors l'envie de s'avancer vers la porte d'entrée et de l'ouvrir. Une vague de froid entre dans la maison et glace la peau de Lena, mais elle reste là, vêtu d'un simple pyjama, les pieds nus sur le paillasson, fixant l'abri au fond du jardin. Elle ne sait pas réellement pourquoi, mais elle ressent comme le besoin d'y aller. Son anniversaire arrive à grands pas, peut-être ont-ils décidé de lui faire une surprise, peut-être devrait-elle aller voir. Elle regarde ses pieds, puis le jardin, puis ses pieds à nouveau, pour finir par reposer son regard sur le jardin. Il n'est éclairé que par la seule lumière de la pleine lune, ce qui effraie davantage Lena. Elle a entendu nombre d'histoire sur la pleine lune, cette pleine lune à cause de laquelle les loups-garous sortiraient et s'attaqueraient aux humains. Lena n'a jamais aimé la pleine lune et ne l'aimera jamais, trop apeurée par celle-ci. Pourtant elle meurt d'envie d'aller vers l'abri, elle est persuadée de devoir le faire. Elle pose alors un pied dans l'herbe humide et avance. Lena entrouvre la porte grinçante de l'abri, passe sa tête dans l'entrebâillement et se fige. Là devant elle se tiennent ses parents, morts par pendaison. Sous leurs corps, la lettre d'inscription de Lena à Poudlard tremble, agitée par les léger courants d'air. Tout s'effondre alors sous ses pieds, elle sent ses genoux cogner violemment contre le sol et le sang qui commence à s'écouler des écorchures qui viennent d’apparaître sur sa peau blanche et glacée. Pourtant la douleur physique qu'elle ressent à ce moment-là ne représente rien à côté du mal que subit son coeur. Il se brise en milles morceaux, littéralement, elle en est persuadée. Des larmes apparaissent aux coins de ses yeux et sa vue se trouble. Elle a à peine le temps de se sentir vaciller et de sentir sa joue s'écraser contre le béton froid avant de perdre connaissance.

Une chaleur soudaine l'envahit, cédant bien trop vite sa place à une désagréable humidité. Elle suffoque, l'air n'atteint plus ses poumons, elle ne voit rien à part l'obscurité, elle ne sait plus où elle se trouve, mais elle entend sans cesse cette voix qui l’appelle. Lena. Une bouffée d'oxygène parvient finalement à se glisser dans sa gorge et elle inspire comme si elle n'avait plus connu cette sensation depuis une éternité. Elle sent la panique s'immiscer dans les moindres recoins de son corps et de sa tête, elle tremble, son pyjama est trempé de sueur et les draps de son lit ont subi le même sort. Sa vision redevient normale et elle aperçoit enfin Amy qui se dresse devant elle. Lena, ça va ? Une douleur se fait ressentir dans ses poings, engourdis par la force avec laquelle elle agrippe son matelas. Elle n'arrive même plus à les desserrer. Dégages, j'ai pas besoin de toi. Lena ne comprend pas pourquoi Amy continue de se préoccuper d'elle, elle ne comprend pas pourquoi elle s'acharne. Elle l'a repoussé tellement de fois et tellement méchamment, qu'elle devrait la haïr aujourd'hui. Pourtant elle essaie toujours de lui venir en aide. Lena ne le montrera jamais, mais elle a fini par s'attacher à Amy et aime sa présence malgré son acharnement à la rejeter. Amy est d'ailleurs certainement ce qui se rapproche le plus d'une meilleure amie pour Lena. Résignée, Amy rejoint son lit sans rien ajouter, mais non sans garder un oeil sur Lena. Cette dernière quitte finalement ses draps pour s'approcher d'une fenêtre et regarder le ciel. Ce soir la lune est pleine, ce qui n'est pas étonnant. A chaque pleine lune Lena refait ce cauchemar, à chaque pleine lune elle revit le moment où elle a retrouvé ses parents morts.