❝ Il n'y a aucune vertu à chercher la bagarre. Si vous vous trouvez dans une bagarre, votre boulot, c'est de gagner. Mais si vous ne pouvez pas gagner, vous devez chercher à vous en sortir. ❞
Aurait-on déjà imaginé, dans le monde des moldus, qu'il existait quelque part, sans précisions, un endroit si extraordinaire que chaque passage serait une redécouverte ? Je ne pense pas que j'en aurais entendu parler. Ni moi, ni vous.
Imaginez-vous être un moldu. Et puis quoi ? Tous les endroits sont les mêmes, tous se ressemblent, toutes les pièces ont la même odeur et la même âme. Il n'y a plus rien d'original, et tout est habituel, et tout est banal, et on se ferait chier. Aller tous les jours aux mêmes endroits sans surprises, ce serait un peu comme manger tous les jours à la même heure au même endroit le même yaourt à la fraise alors que déjà à la base t'aimais ça moyen-bof-castor. Avoue, c'est chiant hein ? Ou alors, c'est comme être toujours forcé à jouer à Pokémon rouge et ne pas pouvoir passer sur Jaune ou Bleu (variante possible avec Zelda). Non mais, ça serait nul, vraiment.
Ce qui est bien ici, à Poudlard, c'est que les choses changent. Les tableaux changent. Les escaliers changent. Le plafond change.
À chaque fois qu'un personnage des peintures s'anime, aussi chiant puisse-t-il être, je ne peux pas m'empêcher de penser que je m'ennuierais bien sans ça. Et les escaliers, les voir bouger, je sais pas, je trouve ça cool. On sait même pas si on pourra aller où on veut, c'est la surprise, mais c'est marrant. Le meilleur restera cependant le plafond de la grande salle. Toutes les bougies volantes, qui flottent au-dessus des têtes, et le plafond qui paraitrait invisible. Avoir l'extérieur à l'intérieur, pouvoir regarder les étoiles le soir en levant la tête et sans même avoir froid. C'est tous les avantages et aucun inconvénient. Et c'est ça, redécouvrir un lieu. Le voir changer à chaque coup, voir des têtes différentes, auxquelles on avait jamais encore fait attention. Pouvoir contempler un nouveau ciel. Alors quand j'ai un peu de temps, pas de possibilité de faire du Quidditch, personne à emmerder, il m'arrive de venir me perdre ici. Je vais juste m'asseoir sur un banc des Serpentard, je relève la tête et je laisse aller mes pensées. Ça n'a jamais le temps de partir bien loin avant que je ne m'endorme sur la grande table, mais c'était toujours ça d'agréable.
Mais il y avait encore mieux qu'aller penser et dormir dans la Grande salle : on
mange dans la Grande salle. Et tout le monde sait que manger, c'est la meilleure chose au monde. Je m'empiffrerais toute la journée si je le pouvais. Oh, wait. Je le fais déjà. Quoi que ma manière de manger soit plus propre que la plupart des élèves.
J'apprécie particulièrement les repas. Autre que la nourriture, on a quelque chose de pas mal : y en a toujours deux ou trois qui arrivent à se hurler dessus et à animer le repas. C'est toujours ma partie préférée (et croyez-moi, pour que je préfère quelque chose à manger, il en faut), et ça se comprend. Souvent, ça mêle un Serpentard et un Gryffondor. C'est pas notre faute si les rouges sont chiants, eh. Mais c'est comme ça. Mais depuis quelques repas déjà, les disputes animées ne mêlaient pas Serpentard et Gryffondor. C'était plutôt les Poufsouffle qui nous posaient problème (enfin, qui
me posaient problème). Pour être honnête, je ne sais même pas d'où est venu le différent, on s'ennuyait sans doutes trop pour que ça se passe tranquillement. Mais j'avoue que je n'aurais pas pensé qu'une dispute pourrait se passer de la sorte.
Laisse-moi te dire qu'au moment où tu entends des gens que tu n'aimes pas (mais pas
du tout) qui parlent entre eux méchamment de quelqu'un, tu ne cherches pas plus loin. Que ce soit toi, pas toi, même combat. C'est du moins comme ça que je réagis.
Je me suis levé en furie et suis partie, un morceau de poulet encore dans la main, jusqu'à la table des jaunes. Je leur aurais bien fais bouffer mon poulet par le nez mais ça aurait été si peu délicat que je préférais m'abstenir. Je me contentais, sans même faire attention à ce que je disais (comprenez-moi, j'avais du poulet dans la main, je pouvais pas non plus être totalement concentrée), de leur hurler dessus jusqu'à ce que toute la table ou presque soit tournée vers nous. Mais je pouvais être aussi grande gueule que je voulais, je savais bien que je m'affrontais à plus vieux, grand, fort et masculin (pour l'un des deux en tout cas) que moi. Je finissais à moitié essoufflée et n'avais même pas le temps de manger un peu de poulet (vous avez de la mayonnaise s'il vous plait ?) avant de me retrouver les pieds en l'air, tenue par le col par cette chose à deux bras, deux jambes, une (petite) paire de couilles et un blason jaune sur sa robe. Je me débattais jusqu'à ce qu'il me lâche, et priais tout tout au fond de moi pour que quelqu'un vienne m'aider avant que je ne finisse à l'infirmerie.