« Mère ! Mère ! »
La petite fille que tu étais alors à peine âgée de huit ans appelait en haletant après avoir parcouru l'entièreté de la grande maison dans laquelle la famille Bones avait élu domicile pour lui faire part de cette découverte que tu venais de faire. Cette dernière, Geneviève Bones, aussi brune que tu étais blonde, déboulait finalement dans le couloir du deuxième étage, sortant une serviette sur la tête recouvrant une partie de ses cheveux qu'elle venait de nouer après les avoir lavé, t'adressant un regard agacé et t'intimant au silence. « Calme-toi Amelia, crier ne devrait pas partie des habitudes d'une jeune demoiselle. Calme-toi à présent, je t'écoute, que t'arrive-t-il ? » Mère avait beau être autoritaire et impressionnante, tu t'étais habituée à la voir arquer les sourcils de la sorte et t'adresser la parole avec ce ton désagréable te faisant frissonner. Elle avait l'art et la manière de te calmer dans tes crises d'enthousiasme et d'imposer le silence en à peine quelques secondes. Agenouillée de sorte à être à ta hauteur, elle prenait le temps d'essuyer le reste de mousse au chocolat tâchant le coin de tes lèvres et, une fois ceci fait, t'autorisait à reprendre la parole. Contenant difficilement ton excitation, tu trépignais en t'agitant de droite à gauche et sautillant presque sur place et finis finalement par cracher le morceaux. « J'ai réussi à faire de la magie et cette fois-ci, sans la baguette de père ! Venez voir mère je vous en supplie ! » Toute fière de toi, tu avais hâte de l'entraîner dans ton sillage et lui montrer les débris du vase auquel elle tenait certainement le plus dans cette maison mais qui serait aussi immédiatement réparé d'un coup de baguette devant son air blasé.

Elle venait d'esquisser un de ces rares sourire rendant son visage plus doux et t'aurait bien serré dans ses bras si elle avait eu ne serait-ce qu'un peu de tendresse à revendre; ce qui n'était pas le cas. « Bien, je vais venir dans quelques secondes. Où dois-je te rejoindre Amelia ? » Impatiente, tu avais du mal à accepter le fait qu'elle puisse te faire poireauter encore quelques instants. Tu avais hâte de voir la fierté masquer son visage sans redouter de te faire passer un savon. Depuis des années, Geneviève et Frédéric nourrissaient la crainte de voir leur fille unique s'avérer être cracmol comme cela était arrivé à deux autres familles qu'ils connaissaient et dont les fils n'avaient pas hérité des talents en sorcellerie de leurs parents. Geneviève devait certainement avoir hâte de t'emmener sur le chemin de traverse et t'acheter tout le nécessaire en prévision de ton entrée à Poudlard dans trois ans et ce même si elle ne montrait que très rarement son enthousiasme contrairement à toi. Tu te faisais beaucoup d'idée quant à ce que ta mère pensait et espérait mais, dans le fond, tu ne perdais pas espoir qu'un jour elle t'apporte tout cet amour dont tu avais été dispensée depuis ta naissance. La fibre maternelle ne devait certainement pas être inné chez Mère et tu lui pardonnais toujours et ce même si elle ne le méritait pas. Père était ton modèle mais Mère était simplement cette femme qui t'avait mise au monde ce qui ne t'empêchait pas de l'aimer, de le lui manifester et ce même lorsqu'elle ne répondait pas à tes besoins.

flash-back
La seule fois où elle s'était inquiétée pour toi était ce jour où, en voyage en Écosse par un hiver neigeux, tu avais marché sur un fjord gelé qui avait finalement cédé sous tes pieds te plongeant dans les fins fonds de l'étendue aqueuse. Toi qui aimait aller à la piscine, nager et plonger, resterait marquée à jamais par cet évènement qui aurait pu te coûter la vie. Grâce aux talents en médicomagie de Mère et de son adresse en sortilèges, tu avais survécu. Elle avait du transplaner jusqu'à Sainte Mangouste en te portant dans ses bras et veiller à ton chevet et, au final, alors que tu te réveillait extrêmement blanche de la tête aux pieds, elle te serrait dans ses bras pour la première fois. Tu te souvenais avoir pleuré et ne plus t'être approché d'un seul étang, lac, ou étendue d'eau depuis.
Fin du flash-back

Tu venais de dévaler les escaliers et avait aperçu la silhouette de ton ami et voisin Remus Lupin au dehors mais, avant de le rejoindre, tu devais attendre Mère qui prenait tout son temps. T'asseyant finalement sur la dernière marche en face de la porte d'entrée, tu attendais en chantonnant un air que ton père ne cessait de jouer à la guitare lorsque cela le prenait et qu'il avait un peu de temps. Tu aurais aimé hériter de son talent de musicien mais pour le moment, tu excellais surtout en danse classique et en effronteries. Tu faisais les quatre cent coup et n'hésitait pas à faire la maligne lorsque tu te faisais prendre la main dans le sac, écopant bien souvent de nombreuses punitions tant et si bien que tu n'en avais plus peur. Les premières dois où tu t'étais faite punir avaient été atroces et tu avais beaucoup pleuré mais, maintenant que tu étais rodée, cela ne te faisait plus rien et tu avais même hâte de découvrir ce que l'imagination de tes parents en matière de punition allait bien pouvoir inventer. Ainsi les mettais-tu régulièrement à l'épreuve.

Écarquillant les yeux et te redressant à l'instant où tu l'entendais descendre avec cérémonie les quelques marches vous séparant, tu l'observais et cachais encore de ta silhouette le résultat de ce que tes super-pouvoirs de sorcière avaient créé. Tu imaginais déjà l'expression de stupéfaction qu'emprunterait son visage à l'instant où elle constaterait les dégâts et t'en frottait les mains. Cependant, lorsque tu te glissas légèrement sur la gauche, elle cligna seulement deux fois des yeux, descendit à ta hauteur et posa une main sur ton crâne avant de rassembler magiquement les morceaux. « La prochaine fois, évite de t'en prendre à mes plus belles pièces de collection. Bienvenue dans le monde de la magie Amelia. »

Partie II : Dear My Friend

Amelia,

Après concertation avec ton père, nous avons finalement consenti à donner ta main Edgar. Vous vous connaissez après tout alors, je ne vois pas en quoi ce choix pourrait aller à l'encontre de vos idéaux.
Nous n'attendons pas de réponse de ta part, contente-toi juste de rendre les Bones fiers.

Geneviève Bones.

Tu croisais les yeux de Remus qui, inquiet, sembla bon de tendre sa main pour voir de ses propres yeux ce qui t'avait rendue aussi dépitée. Assise sur un fauteuil de la salle commune, auprès du feu, ton ami assis en face de toi, tu venais de décacheter l'enveloppe solennelle envoyée avec un soin non dissimulé par ta génitrice sous ses yeux rieurs. Remus et toi vous vous entendiez depuis bon nombre d'années et tu ne lui cachais rien alors, après avoir repris "connaissance", tu te laissais aller contre le dossier et le laissait saisir habilement la lettre que tu aurais chiffonnée puis jetée au feu sans son intervention. « Je vois ... » Sa voix calme et posée venait de trancher le silence te sortant immédiatement de tes pensées où tu t'imaginais revêtir une sublime robe d'un blanc immaculé. Ton regard clair quittait les limbes du vide pour retrouver ses traits familiers. Allait-il adopter cette attitude compréhensive qu'il adoptait de coutume lorsqu'il essayait d'apporter son soutien à ses amis ? Tu n'en doutais pas mais en avais-tu besoin à cet instant ? Tu lisais dans ses yeux cette envie de t'aider à te sortir de ce pétrin puisqu'il avait tout de suite compris que tu n'étais pas de l'avis de tes parents et ferais tout pour les dissuader de cette idée folle.

« T'as un parchemin sur toi ? »

Fouillant dans ton sac pour trouver de quoi écrire, tu constatais que tu n'avais plus de papier et, alors qu'il te tendait un morceau de parchemin, tu le remerciais d'un signe de tête avant de t'enfermer dans ta bulle et rédiger avec application essayant de ne pas trop faire de rature bien que tu écrives sur le plat de tes cuisses.

Mère,

Je ne puis m'empêcher de rester de marbre face à votre révélation. Excusez mon effronterie mais ces quelques mots résumeront bien mon état d'esprit et vous savez aussi bien que moi que je suis d'un tempérament franc et ne puis respecter votre demande à savoir : ne pas vous répondre. Edgar a beau être un charmant jeune homme, il ne sera point mon mari et j'insiste sur ce point. Ne comptez pas sur moi pour respecter votre volonté et j'espère que cette idée farfelue brulera aussi vite que cette même lettre que vous vous empresserez de jeter au feu.
Bien que jusqu'à présent je me suis efforcée de vous obéir au doigt et à l’œil, j'estime être assez autonome et responsable pour choisir l'homme que j'épouserai.

Cordialement, votre fille.

Bien que tu saches que ta mère ne prendra certainement pas le temps de lire ta lettre, tu gardais tout de même ce maigre espoir qu'elle prenne conscience de l'évidence, aussi têtue soit-elle. Bornée, ça, elle l'était tout comme toi S'il était une chose que tu avais hérité d'elle, c'était bel et bien son tempérament de furie et, puisqu'elle te connaissait par cœur, elle savait probablement déjà que tu ne serais jamais d'accord avec leur volonté, aussi louable soit-elle. Les lèvres pincées à l'écriture de ces derniers mots, tu refermais avec précaution son encrier et laissais ta plume sécher sur l'accoudoir de ton siège. Un soupir franchit tes lèvres alors que tu pliais le parchemin sur lui même et le confierais dans quelques instants à un hiboux de l'école. « Merci. » Vous n'aviez besoin que de quelques mots et regards pour vous comprendre ainsi consentis-tu à ne pas insister sur le sujet -chose à laquelle il sembla s’accoutumer- et le laisser bien loin derrière en lui adressant un sourire en guise de point final. Vous aviez beau ne pas en avoir parlé, tu lui étais gré de ne pas t'avoir demandé ton avis ni même ce que tu en pensais. Depuis votre enfance, vous vous côtoyiez puisque vivant dans deux maisons voisines et il savait bien que la relation que tu entretenais avec tes géniteurs n'avait pas toujours été au beau fixe et qu'en lançant un tel sujet sur le feu, ils ne venaient que de déclarer une guerre dans laquelle tu te donnerais corps et âme pour mettre fin à cette emprise exercée par une main de fer dont les doigts enserraient ta vie et les chemins qu'elle suivait depuis bien trop de temps.

Le feu crépitait dans l'âtre, vous vous observiez lui plus pour s'assurer que tu allais bien et toi pour trouver une idée histoire de tourner une bonne fois pour toute la page du sujet qui fâche. Te redressant subrepticement sur ton siège, tu te frottais les mains et lui proposais « Je mangerais bien un morceau, tu es partant ? » ce à quoi il ne tarda pas à répondre en se dressant sur ses jambes : « Je ne comprends pas comment tu peux encore en douter ... allons-y Miss Bones ! ». Par cette demande tu entendais se glisser discrètement dans les couloirs, dévaler les escaliers jusqu'aux sous-sols où vous vous feriez servir par une ribambelle d'elfes de maison qui ne rechigneraient pas à la tâche. Il avait beau être plus calme que toi et ne pas vraiment apprécier enfreindre les règles, tu appréciais toujours ces instants où il acceptait de te suivre. Rayonnante, tu récupérais ta lettre et la jetais dans le feu avant de sortir à ses côtés de la salle commune. Il avait beau avoir changé malgré lui, tu n'avais jamais remis en question votre amitié pour une simple question de lycanthropie. Ton ami était un loup-garou, et bien cela ne changerait rien à votre complicité. Vous continuerez à vous soutenir comme vous l'aviez toujours fait et tu le défendrais sans hésiter si un jour il était pointé du doigt pour un crime qu'il n'aurait pas commis ou commis malgré lui ...

Chaque soir de pleine lune, tu l'accompagnes à l'orée de la forêt interdite parfois en compagnie de ses autres amis et l'observes se glisser entre les troncs d'arbres et disparaître dans les ténèbres d'un espace qui te faisait frissonner. Il avait beau être prédateur ces nuits-là, tu ne pouvais t'empêcher de penser qu'il pourrait lui arriver quelque chose, qu'il pourrait être blessé comme un petit animal sans défense mais, tous les matins, il revenait sain et sauf, souvent déprimé sans pouvoir se rappeler ce qu'il avait fait de sa nuit. Tu aurais presque eu pitié pour lui mais tu te refusais de l'avouer puisque la pitié n'était jamais réellement bien perçue et qu'il était ton ami. Ainsi t'empressais-tu à chaque fois de faire comme si de rien n'était lorsque tu le voyais te sourire et l'entraînais à ta suite sans attendre plus longtemps. Parfois, tu l'incitais à en parler lorsque tu sentais qu'il en bouillait d'envie et l'écoutais évoquer ses doutes, incertitudes quant à l'avenir et le risque qu'il représentait. Ce à quoi tu répliquais que s'il avait été dangereux, Dumbledore n'aurait certainement pas consenti à le faire entrer à Poudlard. Vous aviez tous deux vos peurs et les respectiez.

Partie III : Sweet Obsession

« Je te jure, il était là et POUF d'un coup d'un seul, lorsque j'ouvris les yeux, il n'était plus là et je me retrouvais à l'infirmerie. » Plantant nerveusement ta fourchette dans cette pauvre cuisse de poulet qui n'avait rien demandé, tu abordais une fois de plus la malencontreuse expérience que tu avais faite il y avait quelques jours et dont tu aurais gardé les séquelles s'IL n'avait pas été là pour te 'sauver". « Il me rend dingue avec son air hautain et arrogant de Serpentard ... maudits soient-ils tous autant qu'ils sont ... » Agacée, tu achevais d'observer ton interlocutrice qui t'écoutais attentivement, captivée par ton récit, en mâchonnant cette purée qu'elle venait d'enfourner alors que tu renchérissais en meurtrissant la botte de haricots nichée au centre de ton assiette. Tu t'évertuais à crier à qui le voulait que tu n'avais besoin de personne pour te redresser lorsque tu chutais, tu avais apprécié ce jour-ci que Régulus ait été là ... Étrangement, ce garçon avait attiré ton attention et ce dès les premiers instants où tu avais croisé son regard lors de la répartition. Et encore plus étrangement, vous aviez été répartis dans les deux maisons s'opposant le plus au sein de Poudlard. Cependant, vous n'aviez jamais fait un pas vers l'autre et vous contentiez de vous jeter des regards curieux à chaque fois que vos chemins se croisaient que ce soit dans les couloirs ou en cours ou bien encore à l'extérieur. Quelque chose t'avait troublé chez lui sans que tu puisses mettre un mot dessus. Était-ce son air suffisant ? Son sourire ou son attitude ? Quoiqu'il en soit, il avait été là pour te ramasser à l'instant où tu tombais de ton balais après avoir tenté une énième figure sur ton balai se soldant par un échec. Que faisait-il là ce jour-ci alors que tu étais persuadée d'être seule sur le terrain de Quidditch ? T'avait-il suivi ? Dans le fond, tu aurais aimé que ce soit le cas et que vous puissiez un jour vous adresser la parole comme le faisaient bon nombre d'élèves apprenant à se connaître comme ça, sans prévenir, un beau jour où ils décidaient à aller l'un vers l'autre mais dans votre cas, vous vous étiez évité jusqu'à ce jour. Tu avais beau être persuadée qu'il avait pris soin de toi, il s'évertuait à t'ignorer et fuir ta présence tant et si bien que maintenant, jamais plus tu ne le croisais et même lorsque tu prenais ton repas dans la grande-salle, tu ne le voyais pas à la table des verts et argents. Peut-être que le simple fait de ne pas appartenir à la maison qu'il haïssait certainement le plus l'empêchait de te parler mais, quoiqu'il en soit, tu ne te priverais pas de l'arrêter la prochaine fois que tu le verras et, d'une poigne de fer, le maintenir en face de toi au risque de te voir fusiller par les yeux bleus atypiques d'un des membres de la famille Black.

Tu avais déjà pris des risques bien plus grands que celui d'être dénigrée par le discret Serpentard et ta témérité t'avait d'ailleurs causé bon nombre d'ennuis avant que Dolohov arrive et ne pose son séant sur le trône attribué au directeur de l'école. Depuis son arrivée, tu ne tremblais pas et faisait mine d'être aussi sage que le plus sage des Poufsouffle ainsi, n'avais-tu encore jamais écopé d'avertissements ou de punitions et te contentais-tu d'écouter d'une oreille distraite, un sourire aux lèvres, les informations circulant à son sujet lors des repas ou lorsque les élèves attendaient patiemment de rentrer en cours dans les couloirs et entendaient les claquements secs de ses talons marteler le sol de pierre non loin. Elle inspirait la crainte et de nombreux élèves auparavant toujours partants pour faire les quatre cent coups s'étaient calmés ... Des lâches, tous autant qu'ils étaient dont certains de ta connaissance. Ainsi avais-tu du te trouver d'autres partenaires d'escapades nocturnes ou autres infractions aux règles puisque tu ne pouvais décemment pas t'en passer au plus grand dam de tes parents qui t'avaient envoyé une bonne centaine de beuglantes depuis ta première année et ce jusqu'à l'an dernier apprenant par miracle tes agissements inacceptables. Tu doutais que tes professeurs ou l'ancien directeur ait pu leur envoyer des lettres soulignant les bêtises que tu faisais et soupçonnais l'un de tes proches amis ou une connaissance qui te jalousait, t'en voulait ou tout simplement te haïssait de les mettre au courant histoire de rire le jour où il voyait arriver la beuglante. Toi, tu riais moins à chaque fois et faisait en sorte de te retrouver dans la salle commune à l'instant où le courrier était délivré pour ne pas te donner inutilement en spectacle. Donner l'image d'une fille cool, un peu sérieuse et délirante était important surtout lorsque l'on est surveillé de près ... Tu ne voulais pas ternir l'image de la poursuiveuse de l'équipe de Gryffondor super génial de la mort qui tue que tu étais et qui rivalisait avec son prétendu futur mari que ses parents avaient choisi pour elle. Récemment, beaucoup d'évènements te faisaient entrer dans une rage sans précédent et, stressée, tu l'étais pour une des rares période de ta vie et tu pouvais assurer ne pas aimer cela. Il fallait que les choses changent, immédiatement et tu ferais tout ce qui était en ton pouvoir pour ce faire.