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 La fuite n'est qu'un détour | Amélia

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serpentard
Regulus A. Black
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MessageSujet: La fuite n'est qu'un détour | Amélia    La fuite n'est qu'un détour | Amélia  Empty31/1/2013, 18:10

    LA FUITE N'EST QU'UN DETOUR. SI LE DETOUR EST PARFOIS SALUTAIRE, IL EST LE PLUS SOUVENT INUTILE. ♥




    Regulus avait enfin décidé de se mettre à jour dans ses trop nombreux devoirs en retard. Tâche fastidieuse, mais qui commençait à devenir vitale. Il avait des cours à apprendre, des dissertations à rendre, des sortilèges à travailler et un tas de recherches à effectuer. Sans compter les trop nombreux devoirs supplémentaires que les professeurs avaient tenu à lui imposer, sanctionnant sa soudaine paresse. Il ne terminerait certainement pas ce soir là, mais au moins serait-il bien avancé. Du moins l'espérait-il. Il y avait plusieurs semaines qu'il n'avait plus mis les pieds à la bibliothèque. Le silence qui l'aidait habituellement à se concentrer produisait désormais l'effet inverse. Il se concentrait, certes, mais ce n'était pas ses cours qui occupaient ses pensées. Alors, pour éviter de ruminer encore et encore ses idées noires devant un livre de médicomagie dont il n'avait que faire, il préférait travailler dans la salle commune, là où le bruit et l'agitation ne lui laissait pas l'occasion de se retrouver face à face avec lui même. Sauf il était tout à fait incapable de réfléchir correctement dans de telles conditions. Alors, pour éviter d'avoir à affronter des démons qui déjà dévoraient ses nuits, il sacrifiait sa scolarité. Mais le temps avait passé, et même si l'angoisse était toujours aussi présente, les souvenirs, eux, commençaient à s'effriter quelque peu. Il avait donc décidé, après avoir écopé de nouveaux devoirs supplémentaires et avoir fait perdre quelques points de plus à Serpentard pour son devoir rendu encore une fois en retard, que la situation ne pouvait plus durer. Il fallait qu'il se reprenne. Il était quelqu'un de sérieux, et jamais, en sept ans de scolarité, il n'avait délaissé son travail de la sorte. Ce n'était pas digne de lui. C'est donc avec une petite pointe d'appréhension mais une volonté décuplée qu'il se rendit à la bibliothèque, juste après son dernier cours. Il ne pourrait pas y rester aussi longtemps qu'il le souhaiterait. Avec le nouveau couvre-feu, les soirées étaient vite terminées. Si Regulus comprenait la nécessité de chacune des mesures prises par Dolohov, il ne pouvait s'empêcher de regretter le temps où il pouvait travailler jusqu'à vingt-et-une heure. Il pouvait toujours utiliser l'heure du dîner pour avancer un peu, mais il savait bien que ça ne serait pas suffisant.

    D'autant plus qu'il avait eu du mal à se concentrer. Pourtant, la bibliothèque n'était pas très fréquentée. Il avait pu retrouver avec plaisir l'odeur des vieux grimoires, celle qui prenait aux narines et qui lui rappelait chaque fois la bibliothèque des Black, là où il avait passé une grande partie de son enfance, le silence presque religieux qui régnait en ce sanctuaire du savoir et de la connaissance, ainsi que, ce qui n'était pas vraiment une aide à la concentration, le physique avantageux de Miss Arton. Mais, comme chaque fois qu'il se retrouvait seul, il se prit ses angoisses en pleine figure et durant un bon moment, il se contenta de fixer son grimoire sans le voir, et au lieu de rechercher la solution à la dragoncelle, se demanda une fois encore quel était la solution à son problème à lui, celui dans lequel il s'était fourré comme un crétin. Mais il avait finit par se plonger dans ses cours et il fallait dire que c'était plutôt efficace. Pendant plusieurs heures, il ne pensa plus à Absinthe, à la magie noire ou au reste. Il pensa seulement à la médicomagie, aux potions de soins, aux blessures étranges, aux maladies magiques et aux sortilèges délicats qu'il devait maîtriser. Mais effectivement, quand la bibliothécaire vint lui annoncer qu'il était temps de quitter les lieux et de rejoindre sa salle commune, il était loin, bien loin d'en avoir terminé. Il était satisfait, néanmoins, et pas peu fier du travail accompli. Il reviendrait le lendemain. Et le surlendemain. Il reviendrait jusqu'à ce qu'il vienne à bout de cette pile de devoirs. Il ne pensa à jeter un regard à sa montre qu'une fois dans les couloirs, quand il remarqua que le château semblait totalement désert. Il était évident que le froid tenait en général les élèves à l'écart des couloirs gelés, mais tout de même. Il n'y avait personne. Absolument personne. Et pour cause, le couvre feu était passé depuis plus d'un quart d'heure. Regulus poussa un profond soupir et accéléra le pas, maudissant Bonnie Arton. N'aurait-elle pas pu le prévenir un quart d'heure plus tôt non ? Décidément, il ne pouvait compter que sur lui même, dans ce château. Et encore, même dans ce cas, il pouvait craindre d'être trahi. Par lui même. Par des faiblesses qu'il ne connaissait pas mais qu'il commençait à découvrir. Des faiblesses qui étaient loin de lui plaire. Qui l'effrayait même. Il avançait silencieusement, surveillant les couloirs, priant pour ne croiser personne. Il ne pensait pas que Dolohov lui causerait des ennuis, protégé qu'il était par son ministre de père. Mais il préférait ne pas trop faire de vague, pour le moment, ne pas se faire remarquer. Mais malgré sa prudence, il ne pu empêcher la collision. Là, au détour d'un couloir, il percuta une silhouette, lancée à pleine vitesse. Il chancela et recula d'un pas alors que l'autre tombait lourdement à terre. Aussitôt, plus par réflexe que par réelle nécessité, sa baguette avait trouvé sa place dans sa main. Et puis, elle leva les yeux vers lui, faisant tomber la capuche rabattue sur ses cheveux blonds. Amélia Bones. Son cœur manqua un battement avant d'accélérer la cadence, se préparant sans doute pour la fuite qui semblait vouloir venir. Son regard parcouru le couloir, se tournant à gauche puis à droite, cherchant une échappatoire à la manière d'un animal sauvage. Mais il n'y avait pas d'échappatoire. Il ne pourrait pas éviter Amélia, pas cette fois là. En revanche, il pouvait toujours espérer se débarrasser rapidement d'elle. Sans doute voulait-elle retourner dans sa salle commune, n'ayant comme lui aucune envie de tomber sur un professeur. Peut-être ne s'attarderait-elle pas ? Alors, se yeux se fixèrent sur elle et il lui lança un regard méprisant. Comme pour faire oublier le moment de faiblesse.

    '' Bones. Ta mère ne t'a pas appris à regarder devant toi ? Je suis pourtant sûr du contraire. Tu ferais bien de suivre ses conseils, elle sait se tenir en société, elle. ''

    L'agacement, le mépris, c'était presque de la haine qui transparaissait dans ses mots. Et au lieu de lui proposer galamment son aide pour se relever, il préféra ranger sa baguette, conscient qu'il n'en aurait pas besoin, et enfouit ses mains dans les poches de son uniforme. Qu'elle se relève seule. Pourtant, Amélia n'avait rien fait qui mérite un tel traitement. Elle n'avait jamais rien fait. Tout comme lui. Ils s'étaient contenté, des années durant, de s'observer en silence. Au départ, lorsqu'il avait onze ans et qu'il découvrait Poudlard, c'était son sourire, juste son sourire, qui l'avait intrigué. Ce n'était pas le sourire figé qu'il avait l'habitude de voir sur le visage des petites filles de sang-pur. Ce n'était pas le sourire hypocrite qu'ils arboraient tous, sans cesse. C'était un vrai sourire. Un sourire franc et innocent. Un sourire doux et désarmant. Alors que lui, à onze an, il avait déjà perdu la majorité de son innocence, avait appris que la franchise n'avait pas sa place dans les cercles mondains et dans la société en général et avait compris que la douceur ne servait que les faibles. Alors, elle l'avait intrigué. Des années durant. Elle qui semblait respirer la joie de vivre là où lui se trouvait noyé sous des obligations trop importantes pour lui. Il la regardait de loin, appréciant son rire mais, petit à petit, se surprenant à imaginer que ce n'était pas ces crétins de Gryffondor qui la faisaient sourire ainsi, mais lui. Alors, il se mettait une gifle mentale et se détournait. Et la situation aurait pu rester ainsi. Aurait du rester ainsi. Mais il y avait eu cet accident, cette chute de balai qu'elle avait fait, quelques mois plus tôt. Elle avait eu de la chance qu'il se soit trouvé là, tout à fait par hasard. S'il y avait cru, Regulus aurait pu dire qu'il s'agissait d'un caprice du destin. Mais il ne croyait pas à ses niaiseries. Toujours est-il qu'il n'avait pas hésité une seconde, il avait ralentit sa chute d'un coup de baguette, et s'était porté à son secours. L'aurait-il fait, si ça avait été quelqu'un d'autre ? Sans doute aurait-il été simplement chercher l'infirmière. Ou aurait-il envoyé un gamin le faire à sa place, ce qui lui aurait donné tout le loisir de retourner à ses activités sans plus se soucier du blessé. Mais cette fois ci, il lui avait prodigué les quelques soins mineurs qu'il connaissait, et l'avait transportée à l'infirmerie. Oui, il l'avait emmenée, incapable de la laisser seule sur le terrain ne serait-ce que le temps de courir au château. Il ne savait pas très bien pourquoi il avait fait ça. Il n'avait pas vraiment cherché à savoir.


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Amelia J. Bones
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MessageSujet: Re: La fuite n'est qu'un détour | Amélia    La fuite n'est qu'un détour | Amélia  Empty31/1/2013, 22:52

    Un jour, tu comprendras. En attendant, arme-toi de ta plus fine lame et fais face au vicieux serpent qui se dresse devant toi.



    Déambuler. Amelia Bones n'avait fait que ça de sa journée et, à ressasser ce qu'elle n'avait pas fait de sa journée, elle se disait qu'il s'était agi d'une perte de temps considérable. Mais, à quoi bon ? Lorsque les cours n'abondaient pas, pourquoi se forcer à se rendre en un lieu qui ne s'imposerait pas naturellement à soi ? Beaucoup de ses camarades s'en étaient allés à droite, à gauche tandis que d'autres encore perdaient encore plus de temps qu'elle à essayer de résoudre le dernier devoir de Maléfice et Envoutement qui leur avait été confié en ne cessant pas de marteler à coups de poing rageurs le plat d'une des nombreuses tables en bois de la grande salle. Et à les voir là, tous assis, alors qu'elle même ne savait que faire, elle s'était dit qu'au final, son cerveau à elle n'avait pas risqué d'exploser. La réflexion n'avait jamais réellement été son passe-temps favoris et encore plus lorsqu'il était question d'une telle matière. Elle ne la détestait certes pas mais ... N'avait franchement pas envie de plancher là-dessus aujourd'hui.

    « Où vas-tu Bones ? »

    Le ton était sec, froid et un peu trop sûr pour être vrai. Amelia aurait pu croire entendre s'adresser à elle sa propre conscience mais il en était tout autre. À peine avait-elle franchi le pas de la porte d'entrée permettant de sortir de la salle commune des Gryffondor que cette voix s'était empressée de la clouer au sol en à peine quelques mots. Prenant son temps, un léger sourire se dessina au coin de ses lèvres tandis que tout son corps tournait lentement sur lui-même de sorte à mettre pas loin d'une minute pour achever sa rotation et qu'elle se retrouve en face à face avec son nouvel interlocuteur. Elle qui n'avait envie de parler à personne ce soir là se retrouvait soudainement coincée entre les griffes d'un Rémus inquisiteur pensant avant tout au bien être de la maison à laquelle il appartenait et ce, à juste titre. Malheureusement pour lui, son amie de toujours n'était que très rarement de son avis et prenait un malin plaisir à violer tous les règlements qui avaient le malheur de se mettre en travers de ce chemin ce qui expliquait la raison pour laquelle elle lui adressait un sourire confiant et lui adressait un dernier clin d’œil sans prendre le temps de répondre avant de s'éclipser derrière la tapisserie. N'était pas né celui qui l'empêcherait de laisser s'exprimer ce besoin irrépressible de s'évader et respirer de nouveau correctement. Les devoirs et responsabilités auxquels elle devait se soumettre chaque jour passant ne lui permettaient pas de s'épanouir ni même de se défouler. Il lui arrivait bien de temps à autres d'enfourcher son balai et décoller dans le ciel mais, ce jour là, elle n'en avait pas trouvé l'envie. Quelque chose l'avait empêchée de sortir du château pour se rendre sur le terrain et cette chose, elle n'allait pas tarder à la croiser ...

    « Comme si j'avais besoin de ça ... »

    Grognant plus pour elle-même que pour cet obstacle inespéré se dressant devant sa silhouette encapuchonnée cherchant à fuir la faible lumière dispensée par les quelques dernières torches allumées, Amelia retrouvait le contact familier du sol avec lequel elle avait lié une certaine complicité depuis qu'elle peinait à tenir sur son balai ou encore sur ses jambes. Bon nombre de fois, il lui était arrivé de se retrouver les quatre fers en l'air à observer le ciel sans trop s'y attendre par manque d'attention et une fois de plus, alors qu'une horloge au loin indiquait que l'heure du couvre-feu était largement dépassée, elle avait le malheur de tomber sur quelqu'un. Sans trop oser regarder cette même personne, elle allait s'empresser de recouvrir son visage et prendre ses jambes à son cou histoire de fuir le plus loin possible et échapper à la sentence irrévocable que lui réservait la marâtre Dolohov mais il lui fallut bien plus de temps que celui escompté pour qu'elle ne reprenne ses esprits. Le soir de sa terrible punition n'était pas encore arrivé, les fers rougis par les flammes, objets de tortures et punitions redoutables de l’actuelle directrice devraient encore attendre aussi terribles soient-elles et aussi sadique était Amelia qui avait bien d'autres chats à fouetter bien qu'elle n'eut rien fait de sa journée et ne ferait certainement rien de productif de sa nuit.

    Nulle poigne de fer ne vint enserrer son poignet afin de la conduire au bureau de la directrice, nulle voix on ne peut plus fière d'être tombée sur un élève récalcitrant ne s'éleva dans les airs ... S'en sortait-elle bien ou rêvait-elle simplement ? Encore sonnée par le choc de la collision, la jeune Gryffondor se maudissait intérieurement de n'avoir pas pu dévaler les escaliers avec un peu plus de délicatesse et un peu moins de rapidité ... Cependant, un étudiant furtif devait agir avec habileté et rapidité pour passer inaperçu et là, elle y serait presque parvenue si cette fouine ne s'était pas interposée entre elle et son objectif final encore non défini. La nuit et les craquements mystérieux des couloirs l'auraient conduits vers l'endroit où elle devrait être ... elle leur faisait entièrement confiance. Mais, Regulus en avait décidé autrement car oui, il s'agissait bien de ce petit arrogant de première qui osait l'ignorer depuis qu'il avait joué les super-héros et l'avait empêchée de se fracasser les os contre le sol abrupt du terrain de Quidditch. Jamais elle ne lui reprocherait d'avoir agi ainsi mais, dans un sens, elle avait espéré un peu plus de cette première réelle rencontre et devait bien avouer que dans de telles circonstances que celle actuelle, elle ne s'attendait pas à ce qu'ils se recroisent de la sorte. Aussi accueillit-elle ses sous-entendus vaseux avec un haussement de sourcils peu convaincu par ses propos et tâta elle contre le sol histoire de trouver un équilibre suffisant pour se redresser sur ses deux jambes et faire en sorte que le décor ne tourne plus autour d'elle. Une fois cela fait, elle l'agrippa par le coude et l'entraîna dans un renfoncement de mur lui intimant de se taire en élevant son index au niveau de ses lèvres. On était jamais assez prudents ... Se rendait-il vraiment compte qu'en élevant ainsi la voix alors qu'ils étaient en train de défier les décrets de Lady Dolohov, ils risquaient de se faire surprendre ? Les plans de Miss Bones étaient loin de coïncider avec la moindre réprimande de la part de qui que ce soit. Le lâchant finalement, elle le dévisagea, la mine fermée et soupira.

    « Cependant, nous ne sommes pas en pleine soirée mondaine alors épargne moi tes sarcasmes Black et baisse le ton veux-tu ? Si tu sais lire l'heure, ce dont je ne doute pas, tu as peut-être déjà constaté que nous sommes en tort ... »

    Préférant ne pas s'attarder trop longtemps sur les reproches acerbes de son interlocuteur, chuchoter et ne pas répliquer trop violemment lui avait paru de mise histoire de ne pas l'inciter davantage à répliquer de la sorte alors qu'elle guettait le moindre bruit de pas suspect au détour du couloir en jetant un bref coup d’œil par dessus son épaule pour ensuite revenir à sa principale préoccupation. Fronçant les sourcils à la pensée d'une tirade assassine, elle s'était ensuite détendue et adoptait à présent cet air amusé tandis que grandissait en elle l'excitation d'une nuit de tous les dangers. Se retrouver ainsi avec l'une des personnes les plus mystérieuses qu'elle ait connue de toute sa vie à se prendre la tête dans les couloirs histoire de déstabiliser l'autre alors qu'il aurait mieux fallut agir en ninja était une épreuve redoutable dont elle viendrait à bout une fois de plus. Que lui réservait cette rencontre ?

    « Moi qui te croyait plus discret que ça, je te découvre sous un nouveau jour Regulus... est-ce la nuit qui te fait cet effet ? »

    Jamais encore elle n'avait eu l'opportunité de converser avec lui mais, saisissant cette chance, elle tenta une approche douce avant de se lancer dans le vif du sujet. Partir sur de bonnes bases pour ensuite aborder le sujet qui fâche -en imaginant qu'ils ne se fassent pas prendre la main dans le sac entre temps- lui semblait la meilleure des stratégies à adopter. Cependant, elle ne savait pas vraiment comment il fonctionnait, s'il était du genre à partir au quart de tour et à prendre ses répliques comme de véritables attaques personnelles ... Sur ses gardes, Amelia attendait calmement, son éternel sourire jovial en coin, que ce fascinant serpent aux yeux d'un bleu éclatant ne crache son venin.

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serpentard
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MessageSujet: Re: La fuite n'est qu'un détour | Amélia    La fuite n'est qu'un détour | Amélia  Empty3/2/2013, 22:42

    LA FUITE N'EST QU'UN DETOUR. SI LE DETOUR EST PARFOIS SALUTAIRE, IL EST LE PLUS SOUVENT INUTILE. ♥




    Regulus aurait eu tout le loisir de passer à côté d'Amélia sans lui accorder le moindre regard. Sans doute ne l'aurait-elle pas laissé s'en sortir aussi facilement, mais il aurait tout de même pu tenter sa chance. Tenter la fuite, comme il le faisait chaque fois qu'elle se trouvait dans les parages. Il n'aurait eu qu'à lui jeter un regard méprisant, à lever les yeux au ciel devant sa maladresse, et à quitter les lieux en vitesse, à grands pas, sans avoir l'air d'hésiter de prendre ses jambes à son cou. Sans avoir l'air de prendre ses jambes à son cou non plus. Au lieu de quoi il avait fallu qu'il lance la conversation. C'était complètement stupide, et maintenant que le mal était fait, il en prenait tout à fait conscience. Amélia était la dernière personne qu'il avait envie de provoquer, la dernière personne avec qui il avait envie de se prendre la tête. Il préférait nettement l'ignorer, plutôt que de devoir supporter une dispute avec elle. Et c'était justement ça, le problème avec Amélia. Il prenait les choses beaucoup trop à cœur. Et c'était beaucoup trop compliqué à gérer. Son haussement de sourcils, franchement blasé, l'énerva bien plus qu'il n'aurait du. La plupart des gens trouvait ses manières aristocrates beaucoup trop arrogantes et ridicules, et parfaitement déplacées dans un lieu comme Poudlard. Ça ne l'avait jamais dérangé, auparavant. Il savait ce qu'il valait. Il se savait supérieur au commun des mortels et que ces élèves de basse condition ne comprennent pas l'importance des apparences l'indifférait totalement. Mais cette fois ci, c'était Amélia, qui semblait désapprouver son comportement. Cette capacité à se tenir en société, à être sans cesse sous contrôle, c'était un exercice complexe qu'il ne maîtrisait parfaitement que grâce à une éducation stricte et douloureuse. Qu'elle ne soit pas capable de le reconnaître était difficile à avaler, surtout qu'elle aussi venait du milieu fermé et réputé des sangs-purs. Alors ça l'énervait. Et le simple fait d'être énervé par un simple haussement de sourcil d'une Gryffondor ne le mettait que plus en colère. Il ne comprenait pas pourquoi tout cela avait autant d'importance. Et l'incompréhension l'agaçait. Pire, ça l'effrayait.

    Il ne se départit pas de son regard noir alors qu'Amélia se relevait, seule puisqu'il était bien incapable d'être galant, et qu'elle l'entraînait plus loin. Loin des regards inquisiteurs des professeurs. Lui qui, quelques instants plus tôt, était simplement satisfait d'avoir avancé son travail scolaire, s'était tout à fait renfrogné. Il n'aimait pas l'idée de s'être fait avoir. Des semaines qu'il évitait Amélia Bones avec succès, des semaines qu'il faisait des efforts considérables pour la surveiller, pour s'éclipser dès qu'elle tentait une approche. C'était une tâche difficile. Poudlard avait beau être grand, il n'en restait pas moins que deux élèves ne pouvaient pas éternellement s'éviter. Et comme pour accroître la difficulté de l'exercice, il était persuadé qu'il croisait Amélia beaucoup plus souvent, depuis l'accident. C'était à devenir dingue. Alors oui, se faire avoir de la sorte, c'était rageant. Il avait utilisé tellement d'énergie, tellement de mensonges et tellement d'excuses bidons pour l'éviter, et il lui tombait dessus, comme ça, au milieu d'un couloir. C'était idiot. Terriblement idiot. Et c'était énervant. La colère brillait dans ses yeux alors qu'il soutenait son regard. Pourquoi avait-il ouvert la bouche, au juste ? Il n'avait aucune envie de discuter avec Amélia. Pas ici, au détour d'un couloir sombre, alors que les couloirs n'étaient plus éclairés que par les torches tremblotantes, que le froid s'engouffrait dans la pierre épaisse et que le couvre feu était passé. Quoi que la situation n'aurait pas été plus alléchante en pleine journée, dans un couloir bondé. Il n'avait aucune envie d'être vu en train de parlementer avec une Gryffondor, quand bien même elle avait l'avantage de son sang. Il leva les yeux au ciel devant les paroles d'Amélia. Il ne craignait pas de se faire prendre. Pour une fois, il n'avait rien à cacher, n'avait seulement pas vu l'heure, plongé qu'il s'était trouvé être dans ses devoirs. Il ne pensait pas vraiment pouvoir être incriminé pour si peu. Un quart d'heure, ce n'était pas bien grave. Et puis, il se savait protégé par son nom, par son père. Quoiqu'il n'était pas certain que, s'il entendait parler d'une infraction au règlement, Orion Black soit particulièrement indulgent. Mais de toute façon, Dolohov n'aurait sans doute pas le courage de le dénoncer au ministre. Sans doute aurait-elle trop peur de s'attirer ses foudres. Intouchable, il était sûr de l'être. Par contre, Amélia pouvait effectivement s'inquiéter. Dolohov se fichait de la nature du sang. Elle l'avait prouvé lors de l'apéritif qui avait accueillit la délégation du ministère, conviant aussi bien des sangs-purs que des sang-de-bourbe. Sans doute une manœuvre de son père pour laisser croire que le sang n'avait aucune influence sur l’ascension sociale. C'était faux, évidemment. Tout le monde savait pertinemment que les enfants des grandes familles bénéficiaient et bénéficieraient toujours de privilèges. Ils étaient des noms avant d'être des individus. Des richesses avant d'être des talents. Ils étaient ceux qui pesaient lourd dans les décision du ministère. Ils étaient ceux qu'il valait mieux avoir avec soi que contre soi. Mais, sang pur ou non, Amélia pourrait goûter aux punitions inventives de Dolohov, si elle se faisait prendre. Et elle en était parfaitement consciente. Son air sérieux, presque froid, n'était pas vraiment habituel. Regulus était habitué à voir un sourire sur les lèvres d'Amélia Bones et un rire dans ses yeux. Pourtant, il ne se laissa pas impressionner par la fermeté soudaine de la Gryffondor. Si elle croyait pouvoir lui donner des ordres, elle se mettait la baguette dans l'oeil. Il était suffisamment grand pour savoir ce qu'il faisait. Et si elle avait trop peur des conséquences, qu'elle retourne au chaud dans son dortoir et qu'elle lui fiche la paix. Il n'avait rien demandé, lui. Les Gryffondors étaient bien tous les mêmes. Capables de briser les règles sans le moindre état d'âme, mais totalement incapables d'en supporter les conséquences. Parce qu'il était pratiquement certain qu'Amélia était en train de rôder dans les couloirs par simple esprit de rébellion, et non à cause d'un quelconque événement, totalement indépendant de sa volonté. Sans quoi aurait-elle déjà prit ses jambes à son cou, au lieu de le coincer là, à l'écart des lumières vacillantes des torches. D'ailleurs, en d'autres circonstances, avec n'importe quelle autre fille, Regulus se serait aisément laissé aller à quelques idées déplacées. Mais si ce genre d'idées tentaient de pointer leur nez dans son esprit, il les gardait fermement à distance. Il préférait se concentrer sur la colère. Les autres sentiments qui bataillaient dans son esprit étaient bien trop complexes et bien trop effrayants pour qu'il ne tente de les regarder en face. Amélia lança un coup d’œil derrière elle et instantanément, il sentit ses muscles se tendre, se demandant si elle n'avait pas entendu un bruit qui lui aurait échappé. Il avait beau faire le fier et être convaincu de bénéficier de passes-droit, il n'avait malgré tout pas forcément envie de se retrouver à négocier avec un professeur.

    Mais lorsqu'elle se retourna, son éternel sourire à nouveau fiché sur ses lèvres, il sentit la peur disparaître. Mais pas la colète. Il fronça les sourcils. Comment pouvait-elle sourire, dans une telle situation, alors que lui sentait la colère gronder encore et encore, alors qu'ils pouvaient se faire prendre à tout moment, alors qu'elle risquait gros. Il ne comprenait pas. Il était terriblement agacé de ces incompréhensions à répétition. Pourtant, si son regard était toujours aussi sombre, il tentait de ne rien laisser paraître. Il avait ce masque d'indifférence, celui qu'il arborait sans cesse. Il avait peur, bien trop peur de perdre le contrôle pour laisser la moindre émotion filtrer.

    '' Je ne crains pas Dolohov. Elle n'est qu'une employée de mon père, rien de plus. ''

    Il transpirait l'arrogance. En temps normal, chacun de ses gestes, ses mots, ses attitudes étaient dédaigneuses. Mais dés lors qu'il parlait de son père, son ego surdimensionné gonflait encore. Oui parce que son père était ministre. Ce n'était quand même pas rien. Il n'avait pas baissé la voix, certainement pas prêt à se soumettre aux ordres d'Amélia.

    '' Et je suis discret, lorsque la situation l'exige. Mais ne fais pas comme si tu me connaissais, s'il te plaît. Tu ne sais rien du tout. ''

    Ils n'avaient jamais eu une seule conversation. C'était de sa faute, certes, mais le fait était là. Ils ne se connaissaient pas, et il n'avait pas besoin de l'entendre étaler ses préjugés à son sujet. Il avait envie de fuir. Il pouvait fuir. Il n'aurait eu qu'à se détourner et il serait rentré dans son dortoir, tranquillement, sans plus penser à sa rencontre avec Amélia. Mais il ne se détourna pas. Il resta là, droit, fier, son masque fermement accroché au visage, le regard accroché à celui de la Gryffondor et la colère accroché à son esprit. Il savait pertinemment que la conversation n'allait pas lui plaire, quoi qu'il se passe. Mais il en avait assez, de fuir sans cesse.

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Dernière édition par Regulus A. Black le 4/2/2013, 21:52, édité 1 fois
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gryffondor
Amelia J. Bones
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MessageSujet: Re: La fuite n'est qu'un détour | Amélia    La fuite n'est qu'un détour | Amélia  Empty3/2/2013, 23:35

    Si vis pacem, para bellum



    L'atmosphère était lourde mais la Gryffondor tenait le coup. Son fessier la faisait souffrir après avoir lourdement heurté le sol mais cette douleur, elle l'ignorait et préférait largement se concentrer sur l'air constipé de ce cher Regulus qui hantait ses pensées depuis sa première année. Certes, comme il le prétendait si bien haut et fort, elle ne le connaissait pas et n'accordait aucune importance à ce que les autres disaient à son propos mais il fallait bien planter le couteau dans le point sensible de sorte à découvrir qui il était vraiment et se faire une véritable idée de ce qu'il était et ce qui se cachait derrière ce regard imperturbable semblable à celui d'un psychopathe échappé d'Azkaban. Et bien que la jeune femme n'ait jamais l’incommensurable honneur de se retrouver face à face avec un prisonnier d'Azkaban, elle pouvait très bien imaginé le regard que ces derniers pouvaient avoir. Vif, perçant, inquisiteur et déroutant, cette façon qu'il avait de l'observer la perturbait au plus haut point mais elle n'en montrait rien, essayant d'afficher la même mine que lui sans trop y arriver. Ayant l'impression d'être mise à nue, Amelia ne faisait pas la fière et dans un premier alors, alors qu'elle l'attirait dans un recoin et qu'il n'appréciait pas ce qu'elle faisait, évitait plus que possible de rester trop longtemps avec l'idée en tête qu'il puisse croire avoir le dessus sur elle. Il avait beau s'appeler Black et agir comme l'être hautain et on ne peut plus sur de lui qu'on l'avait encouragé à être, Miss Bones était à des années lumières de se laisser impressionner par un nom ou par être imprévisible dont elle ignorait presque tout.

    Et pourtant, ça n'était pas faute d'avoir essayé. Rester éveillée le jour de sa chute lui aurait peut-être permis de discuter avec lui et d'obtenir quelques confidences, sourires ou remords de ne pas s'être connus avant de sa part si elle eut été aux portes de la mort mais, malheureusement, ça n'avait pas été le cas. Non pas qu'elle souhaite mourir mais en savoir plus sur lui n'aurait pas été de refus. Qui donc pouvait prétendre le connaître ici autre que son frère ? De ce qu'elle avait pu constater dans les couloirs, en cours ou lors des repas, il était très discret et ne parlait que très rarement. Et lorsqu'il parlait, elle ne parvenait pas à entendre ce qu'il disait, n'étant pas à la même table que lui mais elle ne doutait pas un seul instant qu'il puisse parler pour ne rien dire. Se mordillant le creux de la joue, elle l'observait et lui parlait très naturellement, avec cette familiarité et ce ton qu'elle aurait pu emprunter avec Rémus, son meilleur ami. Seulement, en face d'elle ne se trouvait pas Rémus mais Regulus et il ne se priva pas pour lui faire remarquer qu'elle ignorait tout de lui. Ce garçon était négatif et blasant à tel point qu'elle manquerait presque de perdre patience s'il continuait à jouer le rôle du fils à papa intouchable et mystérieux. Cependant, elle prit sur elle et détourna le regard un instant histoire de regarder par dessus son épaule et scruter les couloirs sombres. Seuls les crépitements des torches et le grincement des armures rouillées se mêlaient à leur souffle.

    Serrer les poings, respirer profondément sans trop le faire remarquer et emplir son cœur et son esprit de joie comme si elle s'apprêtait à faire face à un épouvantard, voilà la technique qu'Amelia emprunta pour s'empêcher de lui décocher une droite en pleine mâchoire. S'il l'eut attirée ou intriguée auparavant, maintenant qu'elle l'avait en face de lui, elle le trouvait désagréable au possible et rêvait de le remettre en place. Mais pour cela, elle aurait préféré ne pas faire appel à la violence puisqu'en général, la violence ne résolvait rien et non pas par peur de remontrances ou menaces de la part de Monsieur le ministre. Amelia était furtive, discrète et aimait repousser les limites du possible sans jamais se mettre dans des situations insurmontables ou dangereuses. Risquer l'exclusion de Poudlard n'était franchement pas tentant alors, serrant les dents, elle espérait seulement qu'il daigne baisser le ton et chuchoter tout comme elle s'apprêtait à le faire. Ce ne fut évidemment pas le cas et, se retournant face à lui, elle ne put qu'afficher un sourire qui le dérouterait sûrement. Amelia ne savait pas s'il cherchait à la pousser dans ses retranchements ou l'intimider mais, en tout cas, elle ne se laisserait pas faire et laisserait son sourire prendre le dessus comme elle le faisait au jour le jour que ce soit face à une épreuve, un obstacle ou un moment de la vie quotidienne comme un repas, un devoir, un cours ou encore une discussion. S'empêchant de lever les yeux au ciel lorsqu'il évoqua le fait que Dolohov n'était qu'un pion entre les mains de Monsieur Black, elle se contenta de l'écouter et en tira une conclusion plutôt avantageuse. S'ils se faisaient prendre tous les deux ce soir là -puisque bien évidemment ils allaient certainement en avoir pour plus de cinq minutes- elle était en bonne compagnie et ne risquerait certainement rien. Mais seulement dans l'éventualité où il lui porte assez de considération pour ce genre de chose ... Cependant, elle doutait que le ministre accorde autant d'importance que ça aux affaires de Poudlard et aux punitions de Dolohov ... Voir Regulus collé ou torturé à ses côtés pourrait être jouissif alors, gardant cette idée à l'esprit, son sourire s'étira encore plus tandis que son regard le dévisageait.

    « Peut-être en aurais-je su plus à ton sujet si tu ne passais pas ton temps à te cacher et si tu étais resté pour veiller sur moi et me souhaiter un prompt rétablissement ... »

    Ne pouvant retenir sa réplique, celle-ci s'envola tout naturellement dans les airs et atterri certainement au creux de ses oreilles pour provoquer une réaction une fois de plus agacée de sa part. Désirait-elle le provoquer ou le pousser à sortir de ses gonds ? Découvrir si Regulus pouvait adopter une autre attitude que celle de bon nombre de Serpentard empruntaient pour se donner un genre aurait été une expérience intéressante mais il ne semblait pas prêt à confier quoique ce soit à la Gryffondor qui ne lâcherait pas le morceau aussi vite. Reprenant le sujet sensible de leur dernière rencontre où il se porta à son aide tel un super héro sauveur de demoiselles en détresse, Amelia tenait à faire quelque chose qu'elle n'avait encore pas eu l'occasion de faire et, histoire de mettre un peu d'eau sur le feu avant d'attiser les braises de la colère qui le rongeait, lui tendit une perche en acceptant avoir été faible au cours de la pratique d'un art qu'elle maîtrise pourtant parfaitement bien.

    « Au fait, merci pour ça. Je n'aurais certainement pas eu l'occasion de te le dire avant ni après puisque tu m'esquives mais j'étais contente que tu sois là alors prend ça comme tu veux mais au moins, c'est dit. »

    Glissant une main dans ses cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules, elle lui adressa un regard plutôt franc tout en laissant son cœur parler l'espace de quelques secondes. Elle avait horreur de devoir quelque chose à quelqu'un et là, savait qu'il n'exigerait rien puisqu'il évitait à tout prix de la croiser et donc d'en parler. À moins qu'il soit réellement fourbe et ne profite de cette occasion pour lui demander de lui rendre la monnaie de sa pièce étant donné qu'elle aurait très bien pu l'écraser dans sa chute ... Quoiqu'il en soit, elle avait hâte de découvrir les traits de son visage se déformer à l'évocation de ce souvenir.

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MessageSujet: Re: La fuite n'est qu'un détour | Amélia    La fuite n'est qu'un détour | Amélia  Empty4/2/2013, 21:52

    LA FUITE N'EST QU'UN DETOUR. SI LE DETOUR EST PARFOIS SALUTAIRE, IL EST LE PLUS SOUVENT INUTILE. ♥




    Amélia l'intriguait. C'était une chose qu'il ne pouvait certainement pas nier. C'était l'une des seules chose qu'il parvenait à ne pas nier. Ça, et l'agacement. Le reste, il l'enfouissait loin, suffisamment loin pour que même lui ne parvienne plus à mettre le doigt dessus. Mais cette curiosité, il l'avait traîné depuis sa première année. Il l'avait observé, sans même qu'elle s'en aperçoive. Il avait tenté de comprendre ce qui pouvait bien se passer dans l'esprit étrange de Miss Bones. Mais il n'était jamais parvenu à comprendre. Comment pouvait-elle bien faire pour sans cesse sourire à la vie de la sorte, pour sans cesse respirer le bonheur ? Avait-elle une vie si facile qu'elle n'avait jamais aucune raison de se laisser aller à quelques pensées noires ? Il en doutait. Il n'imaginait certes pas que l'existence d'Amélia soit d'une difficulté insurmontable, mais il ne pensait pas qu'elle vogue sur la vie comme sur un fleuve tranquille, le nez au vent et le sourire aux lèvres. Il connaissait quelque peu sa mère pour l'avoir croisée lors de soirées mondaines, et il doutait que le caractère exubérant d'Amélia et la fermeté de cette femme au tempérament de feu ne fasse toujours bon ménage. Il imaginait leur relation semblable à celle qu'entretenait Sirius avec ses parents. Peut-être pas aussi catastrophique, mais dans le même esprit. Après tout, Amélia était faite dans le même moule que Sirius. Gryffondor rebelle, ne suivant que ses propres lois et ses propres conventions, se jouant des règlements et de l'autorité. Comparer Amélia à son frère. Il ne savait pas bien si c'était une bonne chose ou non ni même quelle conclusions il pouvait en déduire. Sa relation avec Sirius était tellement indéfinie.

    Peut-être cette discussion pouvait l'aider à y voir plus clair. Peut-être était ce le moment de tenter de comprendre cette fille au caractère flamboyant, apparemment impossible à impressionner, apparemment impossible à déstabiliser. Il voulait voir. Elle aurait dû s'énerver. Il faisait absolument tout pour qu'elle s'énerve. Son arrogance exacerbée, son ton dur et glacial, son refus de baisser la voix, tout ça aurait dû la rendre folle. Il voulait lui transmettre cette colère qui grondait au fond de lui. Il voulait savoir s'il était capable de faire tomber ce sourire qui l'agaçait tant. Ce que ça lui apporterait, il n'en savait encore rien. Une satisfaction, sans doute. Il verrait bien. En attendant, il voulait la faire sortir de ses gonds. Et il savait qu'elle attendait exactement la même chose. C'était une guerre des nerfs. Un moyen de communication comme un autre. Peut-être pas le plus sain, ni même le plus simple, mais c'était celui qu'ils avaient choisi. De toute façon, Regulus ne voyait pas bien comment discuter calmement et normalement avec Amélia. Il avait passé tellement de temps à l'observer de loin qu'il avait l'impression de la connaître parfaitement alors même qu'ils ne s'étaient quasiment jamais adressé la parole. Mais en même temps, il ne savait rien d'elle, ne comprenait pas la moitié de ses réactions. C'était une situation étrange, qui était loin d'être simple, loin d'être saine. À la mesure de leur conversation. Il écouta son reproche sans sourciller, satisfait d'entendre une pointe de colère derrière le sourire. Quelque peu agacé aussi. Il savait bien qu'il n'était pas très discret dans ses fuites et qu'elle avait remarqué ses tentatives, ridicules certes, mais plutôt efficaces pour l'éviter. Mais ce n'était pas pour ça qu'il était prêt à l'admettre. Regulus était un expert dans l'art de la mauvaise foi, et il n'admettrait certainement pas ses fautes. Quant au fait de rester prêt d'elle lors de sa convalescence … elle n'était tout de même pas sérieuse ? Il l'avait déjà empêché de se rompre les os sur le sol du terrain de Quidditch et l'avait transportée à l'infirmerie alors que rien ne l'y obligeait. Il ne fallait non plus en demander de trop. Il aurait voulu répliquer, lui dire qu'il n'avait aucune raison de rester, lui assurer qu'il ne s'était aucunement inquiété pour elle. Après tout, il l'avait laissé entre les mains de l'infirmière, elle était certaine d'être parfaitement soignée. Et puis, qu'en avait-il à faire, au juste, de la santé d'Amélia ? Il avait fait ce qu'il avait à faire, le reste ne le concernait pas et ne l'intéressait pas. C'est exactement ce qu'il aurait voulu lui dire. Mais c'était tellement faux que les mots restèrent coincés dans sa gorge. Il s'était inquiété. Jusqu'à ce qu'il la voit à nouveau au petit déjeuner, riante et heureuse comme si rien ne s'était passé. Il n'avait pas pu s'empêcher, durant tout le temps qu'elle s'était trouvée alitée, de jeter des coups d'oeil fréquents à la table des Gryffondors, surveillant ses amis en espérant la voir à nouveau parmi eux, cherchant régulièrement sa silhouette dans les couloirs. Mais ça non plus, il ne l'avouerait pour rien au monde. Il avait une fierté, tout de même.

    Perdu dans les méandres de ses pensées, il fut totalement surpris des remerciements soudains d'Amélia. La pointe d'agressivité avait déserté sa voix et Regulus retint une moue déçue. Elle avait plus de ressources qu'il ne l'imaginait, finalement. Et ces paroles, qui pourtant semblaient sincères, ne lui inspiraient guère confiance. Il chercha le reproche, mais mis à part l'allusion sur ses fuites, il n'y avait rien. Il fronça les sourcils, presque imperceptiblement. Il était persuadé qu'il y avait strangulot sous roche. Persuadé qu'il y avait, derrière la franchise, une manœuvre particulièrement bien ficelée simplement destinée à lui faire perdre ses moyens. Mais il n'arrivait pas à comprendre. Il n'arrivait pas à voir ce qui, dans ces quelques mots, pouvaient donner l'avantage à Amélia. L'idée qu'elle soit simplement sincère, dépourvue de toute idée machiavélique, ne l'effleura même pas. Il ne savait pas trop comment réagir. Se gonfler un peu plus d'orgueil en se faisant passer pour un super héros sauveur de vie ? Ou jouer la fausse modestie ? Ou en profiter pour remuer le couteau dans la plaie et dénigrer ses talents de joueuse de Quidditch ? Qu'est ce qui avait le plus de chance de l'énerver ?

    '' Ne te donne pas tant d'importance, je ne t'esquive pas. J'ai bien d'autres choses plus intéressantes à faire que de te surveiller sans cesse. ''

    La mauvaise foi. Dans le genre énervant, ça n'était pas mal du tout. Il avait laissé un petit sourire moqueur se glisser sur son visage. Finalement, cette conversation était plutôt distrayante. Du moins le serait-elle tant qu'il se concentrerait sur son objectif, tant qu'il tenterait de faire disparaître ce sourire tellement puéril et agaçant du visage d'Amélia. Chacun des mots qu'il venait de prononcer était faux. Jusqu'à la moquerie qui transparaissait. Il passait un temps considérables, depuis des années, à surveiller Amélia du coin de l'oeil, à tel point que c'en était devenu une habitude, presque un réflexe auquel il ne pensait même plus. Il tournait mécaniquement les yeux dans sa direction quand son rire résonnait, il ne cessait de la chercher du regard, sans même en avoir conscience. C'était une chose qui faisait partie de sa vie, qui avait pris une place un peu trop importante mais à laquelle il ne faisait plus vraiment attention. Comme si c'était normal, naturel. Il ne s'était d'ailleurs jamais demandé si ça l'était.

    '' Mais je dois dire que je suis surpris. J'ai tellement entendu vanter tes qualités de poursuiveuses, alors que finalement, tu n'es même pas capable de tenir sur un balai. Comme quoi, les rumeurs ne sont pas nécessairement fondées. ''

    L'attaquer sur le quidditch, ce n'était pas très malin. Il savait ce qu'elle valait, sur un balai. Il l'avait vu, avait pu l'observer à loisir alors qu'elle disputait chacun de ses matchs. Et il savait qu'elle était capable de quelques prouesses sensationnelles et qu'elle maîtrisait son vol avec une aisance à en faire pâlir plus d'un. Lui même avait beau se défendre plutôt bien, il était certain de ne pas lui arriver à la cheville. Peut-être que s'il avait accepté de faire partie de l'équipe de sa maison, comme le lui suggérait Marloes au moins trois fois pas semaine, il aurait pu peaufiner sa technique et rivaliser avec elle, mais il se contentait de voler pour le plaisir, en général seul, ne recherchant pour une fois pas l’excellence. Mais il savait aussi que c'était une chose capable de la mettre en rogne. Elle devait avoir sa petite fierté, elle aussi. Elle n'allait sans doute pas continuer à sourire face à l'affront, face au regard franchement moqueur qu'il lui lançait désormais. La colère était toujours présente, certes, mais l'amusement était en train de naître. C'était elle qui avait commencé, et il s'était laissé prendre au jeu. Tenter de faire craquer l'autre, voilà une distraction très agréable, il n'y avait pas le moindre doute.


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MessageSujet: Re: La fuite n'est qu'un détour | Amélia    La fuite n'est qu'un détour | Amélia  Empty4/2/2013, 22:45

    I love the way you lie



    La retenue est parfois salutaire et ça, Amelia en avait confiance plus que n'importe qui de sorte à ce qu'elle parvienne à contrôler ce léger tremblement naissant du bout de ses doigts et remontant en léger fourmillement le long de ses bras jusqu'à atteindre son cou et, à cet instant précis, elle remua la tête de droite à gauche pour faire se dissiper une bonne fois pour toutes ces fourmillements désagréables. Perdre son sang-froid était chose coutumière chez la Gryffondor tout feu tout flamme mais sa grande expérience et certains de ses amis lui avaient appris que face à un Serpentard, la meilleure attitude à adopter était l'indifférence, l'ironie et il ne fallait surtout pas baisser sa garde auquel cas les serpents venimeux qu'ils étaient en profiteraient pour se glisser vicieusement entre les fissures de cette faiblesse apparente que constituait l'hésitation. Amelia n'avait nullement envie d'être empoisonnée ce soir-là et ce même si Regulus était plutôt dans le genre charmant. Elle savait très bien, et ce depuis le début, que l'approcher et se lier avec lui ne serait pas tâche facile. Depuis des années, il lui donnait du fil à retordre à adopter cette attitude nombriliste et évasive qu'il arborait face à n'importe qui. De mémoire de vivant, elle ne se souvenait pas l'avoir vu discuter vivement ou sourire en compagnie de quelqu'un ... mais pour cela, encore faudrait-il qu'elle passe plus de temps dans la même pièce que lui ou se glisse comme une petite souris entre les murs de la salle commune des Serpentards ce qui, bien évidemment, était impossible.

    Ils s'observaient en chiens de faïence, gronderaient presque en attendant l'assaut de l'autre, prêts à bondir au moindre geste d'agressivité ou à la moindre parole acerbe venant titiller les contours de leur patience. Cela faisait à peine quelques minutes qu'elle s'était redressée pour lui faire face et devoir lever légèrement la tête de sorte à l'avoir dans son champs de vision. Les garçons, à cet âge là, avaient l'avantage de la taille en général et même si Mlss Bones n'était pas à plaindre quant à sa grandeur, elle regrettait ne pas pouvoir croiser le fer de son regard sans avoir besoin de faire trop d'effort. Faire un léger mouvement de nuque n'était certes pas fatiguant mais être à la même taille lui aurait donné l'impression d'être à égalité avec lui. Il s'agissait peut-être là d'une préoccupation futile mais elle passa l'espace d'un instant entre le flot de pensées naviguant à l'intérieur de sa boite crânienne. Même si, au final, la taille ne changeait rien, Amelia détestait être plus petite que les garçons qui, souvent, en profitaient pour les prendre de haut et les provoquer du haut de leurs longues échasses de jambes. Alors, à défaut d'être aussi grande que lui, elle s'efforça de garder son calme et se concentrer sur son sourire qu'elle savait déroutant pour un garçon qui était tout en retenu et n'affichait jamais son bonheur aux yeux des autres. Était-il aussi malheureux et torturé qu'il y paraissait ? Ne semblant pas avoir une vie difficile, la jeune Gryffondor peinait tout de même à l'imaginer au sein du cocon familial, vivre dans le manoir des Black et évoluer en son sein aux côtés de son Gryffondor de frère, il lui était aisé d'imaginer une atmosphère aussi pesante que possible au cœur du domicile familial. Même si elle n'avait pas eu une enfance difficile, la jeune femme avait pu voir à plusieurs reprises les effets négatifs qu'une famille de sang pur exigeante et intolérante pouvait avoir sur sa progéniture. Faisant elle-même partie de cette "élite", jamais elle n'avait eu à subir la grande exigence de parents souverains, hautains et fiers et avait grandi certes en suivant des règles bien précises et se pliant aux exigences de ses géniteurs tout en se soumettant aux règles de la bienséance mais rien de trop traumatisant. La preuve, elle était tout à fait normale et équilibrée au jour d'aujourd'hui et ne subissait aucune séquelle de son enfance passée. Son visage, contrairement à celui de Regulus, irradiait de bonheur, ses traits se tiraient en un sourire, des rides d'expression naissaient au coin de ses yeux et son visage ne cessait de changer d'expression tant et si bien qu'il était relativement facile de deviner ce qu'elle pensait.

    « Tu devrais, j'ai une vie passionnante ! Prétends ce que tu veux, je sais que tu n'étais pas là par hasard sur le terrain de Quidditch. »

    Ironiser. Une fois de plus, elle répondait à sa pique par une réplique agrémentée d'un ton amusé. Lui qui prétendait ne pas l'observer avait été pris la main dans le sac. Faire preuve de mauvaise foi était une chose mais lui prétendre ne pas l'observer alors qu'il semblait tomber au bon endroit au bon moment à l'instant où elle chutait faisait difficilement office de coïncidence. C'était bien trop gros et puisqu'elle cherchait à le perturber, lui faire perdre sa confiance, pourquoi ne pas insister sur le sujet ? Peut-être obtiendrait-elle les réponses à ses questions en abordant le sujet sensible ? Il pouvait d’ailleurs y répondre de bien des façons différentes et, cette fois-ci, elle savait que si il ne répondait pas prouverait bien qu'elle avait raison. Se savoir observé était intriguant maintenant que l'idée lui venait à l'esprit mais lui semblait plutôt normal puisqu'elle aussi passait beaucoup de temps à jeter des regards à la table des Serpentards pour l'observer ou se retourner sur son passage lorsqu'elle le croisait. Tous les ans, il y avait au moins eu un évènement pour les réunir de ce premier regard échangé à la cérémonie de la répartition à celui de la chute du manche à balai.

    Se laissant un instant distraire par ses pensées, elle laissa son dos s'appuyer sur le mur de pierre frais faisant naître un frisson au creux de ses omoplates alors qu'elle l'observait comme jamais elle n'avait pu le faire auparavant. Puis, alors que son sourire s'étirait à l'évocation de son manque apparent de talent -réplique à laquelle elle s'attendait-, elle émit un petit rire amusé. Ils jouaient tous deux au même jeu et, même si son attaque touchait à son tour dans le mille, Amelia se contenta de lui faire croire qu'il avait réussi en le fusillant un bref instant du regard avant de reprendre cet air amusé et son apparente décontraction.

    « Si tu te bases sur ce seul échec pour juger mon niveau au Quidditch ... qui me dit que tu n'en es pas à l'origine ? Tu aurais très bien pu me jeter toi-même un sort pour ensuite revêtir ta cape de super héro ... ha mais j'avais oublié, tu as d'autres choses bien plus intéressantes à faire ... dans ce cas, j'ai une question : »

    Laissant un court instant de silence prendre l'avantage, son corps se pencha légèrement en avant, en sa direction de sorte à ce qu'elle puisse le voir de plus près à la lueur des torches et constater sa réaction dès l'instant où il prendrait ses remarques acerbes en pleine face. Le but était de le déstabiliser et plus il résisterait, plus elle se ferait violence pour qu'il sorte de ses gonds en premier ou bien qu'ils le fassent en même temps. Les discussions sans aucun sens ni intérêt n'étaient rien pour elle tant et si bien que cette confrontation la galvanisait. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait pas eu l'opportunité de pouvoir avoir ce genre d'échange ainsi, elle profitait de chaque montée de rage, de chaque rougeur d'agacement tintant ses joues brulantes mais également de ces frissons s'immisçant en elle à l'instant où il entrouvrait les lèvres pour relancer les hostilités.

    « Pourquoi ne m'as-tu pas laissée m'écraser au sol ? »

    Un voile sombre recouvrit un instant son visage alors que son sourire se faisait carnassier, presque sadique. La violence était loin de l'effrayer tout comme le risque de pouvoir se casser un ou plusieurs os alors, curieuse de savoir comment les choses auraient pu tourner s'il n'avait pas été là, exerçant de petites pression régulière du bout de ses doigts contre le mur comme pianotant contre ces touches de pierre, elle attendait sa réponse en s'imaginant tomber violemment au sol. La douleur aurait-elle été insupportable ? Aurait-elle eu des séquelles ? S'en serait-il voulu de n'avoir rien fait ? Quoiqu'il en soit, la sorcière appréciait tester ses limites, les repousser mais aussi se tester. À quel moment allait-elle exploser ? Allait-elle être capable de supporter son petit air suffisant cinq minutes de plus ? Tant qu'elle continuait à calmer sa respiration et à se concentrer sur de bonnes sensations venues du fin fond de la case de son cerveau regroupant ses souvenirs, tout irait bien et, de toute façon, quoiqu'il advienne, il ne serait pas le premier à la mettre en rogne ... Cependant, elle ne le laisserait pas gagner aussi facilement. Un combat de titan prenait place entre les murs du couloir sombre et frais dont les ombres des silhouettes et de la décoration environnante ondulait mollement à la lueur des flammes dispensant un maigre raie de lumière permettant de distinguer le décor alentour.

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MessageSujet: Re: La fuite n'est qu'un détour | Amélia    La fuite n'est qu'un détour | Amélia  Empty5/2/2013, 15:08

    LA FUITE N'EST QU'UN DETOUR. SI LE DETOUR EST PARFOIS SALUTAIRE, IL EST LE PLUS SOUVENT INUTILE. ♥




    Regulus s'était laissé prendre au jeu et désormais, il comptait bien gagner. Il avait l'habitude de refouler ses sentiments, il savait jouer de l'hypocrisie. Il avait appris à faire bonne figure, toujours et en tout temps. Il avait des années de pratique derrière lui, et ce n'était sûrement pas ce soir là qu'il craquerait. Il jouait sur son terrain, et il ne craignait nullement Amélia qu'il savait impulsive. Elle ne mettrait pas longtemps à perdre son sang froid. Il était persuadé qu'elle bouillait, à l'intérieur. Elle finirait bien pas exploser, à un moment où un autre. Et il était tout à fait capable de tenir jusqu'à cet instant. Que se passerait-il, une fois qu'elle laisserait éclater la rage qu'elle contenait ainsi ? Il n'avait pas peur d'elle, mais peut-être aurait-il du. Il n'imaginait pas une seule seconde qu'elle puisse avoir le dessus sur lui, de quelque manière que ce soit. Qu'elle retourne jouer au bavboules, il était trop fort pour elle. Seulement, il devait bien avouer que l'exercice était complexe. Intéressant mais difficile. Il n'avait jamais eu autant de mal à garder son masque impénétrable. Il n'avait jamais eu autant envie de laisser exploser les sentiments contradictoires qui se télescopaient en lui. Et il devait bien avouer que personne n'avait jamais mis autant de volonté à fissurer sa carapace. Mais il tiendrait bon. Il relevait le défi. Quand bien même il ne pouvait qu'admirer la ténacité de son adversaire. Elle s'épuiserait avant lui, il en était certain.

    Mais cette certitude n'empêchait pas le fait que, depuis l'instant où elle avait ouvert la bouche, elle n'avait pas cessé d'attaquer. Des reproches, encore et encore auquel il mettait un point d'honneur à répondre. Pourquoi ? Il la laissait prendre l'avantage, sans en avoir conscience. Il ne faisait que se défendre, levant ses boucliers les uns après les autres. Il ne frappait pas. Ou presque pas. Il avait justifié son manque de discrétion, justifié le fait de n'être pas resté prêt d'elle, justifié ses innombrables fuites. Et en guise de réplique, il n'avait eu qu'une pauvre allusion sur ses capacités. Allusion qui n'avait même pas eu l'effet escompté. Un regard noir. C'est tout ce qu'il parvint à tirer d'elle. Un regard noir, aussitôt suivi d'un nouveau sourire. C'était insuffisant. Il voulait la voir craquer, lui prouver qu'elle n'était pas de taille à rivaliser avec lui. Mais elle semblait persuadée du contraire. Et elle prenait confiance en elle, en plus, balançant de nouveaux reproches, de nouvelles allusions abracadabrantes mais qui auraient tout à fait pu le faire craquer. Elle sous entendait qu'il la suivait, qu'il s'était trouvé prêt du terrain de Quidditch, ce jour là, simplement parce qu'elle même s'y trouvait. C'était faux. Au moins n'aurait-il pas besoin de faire dans la mauvaise foi, cette fois ci. Il s'était effectivement trouvé tout à fait par hasard aux abords du terrain. Certes, il n'avait pas mis très longtemps à reconnaître la petite silhouette qui évoluait dans les airs et avait profité de l'instant pour l'observer un moment. Mais il ne l'avait tout de même pas suivie. Qu'est ce qu'elle imaginait, exactement ? Qu'il épiait chacun de ses faits et gestes ? C'était stupide.

    Mais lorsqu'elle ouvrit à nouveau la bouche, il faillit laisser la consternation se lire sur ses traits. Mais fort heureusement, il se reprit à temps et seul un mince froncement de sourcils trahit sa surprise. L'idée de volontairement faire chuter Amélia pour ensuite profiter de la situation en jouant au chevalier servant était totalement ahurissante. Il poussa un soupir agacé. Il aurait peut-être mieux fait de la laisser se tuer, en fait. Il n'aurait ainsi pas dû subir cette conversation stupide et inutile. Mais il était bien trop fier pour se détourner maintenant. Il ne se détournerait que lorsqu'il aurait gagné, pas avant. Alors, lorsqu'elle posa la question fatidique, à laquelle il n'avait même pas la réponse, il sentit ses poings se crisper, cachés dans ses poches. Au prix d'un effort qui lui parut surhumain, il renforça le masque et se contenta de la fusiller du regard. Il n'avait aucune envie de répondre à cette question. Elle le savait parfaitement, il en était sûr. Elle en avait fait exprès. Elle était douée, finalement. Plus douée qu'il ne l'avait imaginé. Sous-estimer ses adversaires, voilà une erreur qui pouvait coûter cher. Mais il pouvait encore se rattraper. Il n'avait toujours pas craqué, n'avait pas sortit sa baguette pour lui jeter un sortilège bien sentit, même s'il en crevait d'envie, n'avait pas tourné les talons, même si l'idée était tout aussi alléchante. Il était toujours là, et il comptait bien y rester un moment encore. À l'instant, il vénérait son père. Son père et son éducation trop stricte. Son père qui lui avait appris à se tenir en société. Son père qui avait participé à la formation de ce masque. L'enseignement avait été douloureux, certes, et il n'en avait pas que de bons souvenirs. Il en avait peu, de bons souvenirs. Mais le résultat était là. Il tenait le coup, il ne flanchait pas, ni devant Amélia Bones, ni devant personne d'autre. Très bien. Elle voulait jouer. Ils allaient jouer. Sans crier gare, il avança vers elle. Un pas. Deux pas. Jusqu'à ce qu'il soit suffisamment près pour pouvoir appuyer la paume de sa main sur le mur derrière elle. Ce qu'il fit, se forçant à décrisper ses doigts, tendant le bras et prenant appui à quelques centimètres de son visage. Empiéter sur l'espace de son adversaire, une technique une fois encore enseignée par son père. Un fabuleux moyen de déstabiliser l'autre en s'imposant. Il avait vu souvent Orion Black le faire, chuchotant menaces et insultes à quelques centimètres seulement de celui ou celle qu'il avait décidé de briser. Il avait souvent vu le résultat. Ses victimes se trouvaient asphyxiées par sa simple présence, blême et à peine capable de marmonner deux mots. Mais Regulus n'avait pas non plu sla prestance de son père et Amélia n'était pas du genre à se laisser intimider de la sorte. Il espérait tout de même une réaction. Il n'y avait qu'un petit détail, qui compliquait la chose. Il n'était pas vraiment prévu que lui aussi se retrouve déstabilisé par cette proximité soudaine. Son cœur avait accéléré la cadence, encore une fois et il devait fournir un effort considérable pour retenir les tremblements de ses mains et pour maintenir une respiration régulière. Il resta un moment immobile, silencieux, se contentant de la regarder droit dans les yeux, reprenant lentement le contrôle de lui même. Tous ses muscles étaient tendus à l’extrême, la main qu'il avait laissé dans sa poche était tellement crispée qu'elle lui faisait mal et il était ravi d'avoir pour l'autre main le support du mur glacial qui calmait les éventuels tremblements. Mais il ne laissa rien paraître de son trouble. Aucune expression ne vint abîmer le masque lisse qu'il arborait et lorsqu'il parla, ce fut avec la même voix ferme et glaciale qu'auparavant. Il avait finit par baisser d'un ton, pas parce qu'il admettait qu'Amélia ait pu avoir raison, mais parce que leur proximité le lui permettait. Et parce qu'il était plus simple de maîtriser sa voix ainsi.

    '' Mettons les choses au clair. Je me fiche éperdument de toi, de ta vie, de ta santé ou de tout ce qui te concerne. Et si penser le contraire t'amuse, grand bien t'en fasse. Mais le fait est là, tu n'es rien et tu ne représente rien. ''

    Il marqua un temps d'arrêt, conscient que ses paroles étaient totalement fausses mais sachant aussi qu'elles sonnaient parfaitement juste dans sa bouche. Il soutint un moment son regard, dur et froid, dans lequel il s'assura de ne laisser transparaître aucune trace de son mensonge. Il avait rarement eu affaire à une situation aussi complexe et aussi délicate. Il avait beaucoup de mal à maintenir les faux semblants.

    '' Quant au fait de t'avoir évité une chute dont tu ne te serais sans doute pas relevée, crois bien que je le regrette. La prochaine fois, je te laisserais t'écraser, ça m'évitera de t'avoir dans les jambes. Mais malheureusement, il faut croire que cette fois ci, mes réflexes ont prit le dessus. Dommage n'est ce pas ? Mais figure toi que moi aussi, j'ai une question à te poser. ''

    Comme elle l'avait fait un instant plus tôt, il marqua une pause, laissant le temps à ses mots de pénétrer l'esprit d'Amélia. Il avait perdu son sourire moqueur et désormais, son visage semblait plus sérieux que jamais.

    '' Pourquoi est ce que tout cela a tellement d'importance pour toi ? Pourquoi veux tu absolument m'entendre dire que je t'accorde de l'intérêt ? Car c'est bien ce que tu cherches, n'est ce pas ? ''



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