Now I'm trapped in this memory

IT'S EASIER TO RUN, REPLACING THIS PAIN WITH SOMETHING NUMB.
IT'S SO MUCH EASIER TO GO.

« Je m’ennuie Ehrza. Y’a rien à faire dans ce château. Pas de magie dans les couloirs, encore moins de magie noire… Pas un duel en vue… » Un regard en biais, et la jeune fille observa l’apparition de son frère, observant par la fenêtre, jouant d’un monologue destiné certainement à empêcher la Russe d’écouter la suite du cours. De ce point de vue, son jumeau n’avait pas tort : l’ennui régnait en permanence sur ce château, trop de calme, trop de pseudo-altercation, rien de crédible et surtout pas d’ambiance. La nostalgie lui rappelant l’animation glaciale des couloirs de Durmstrang, les Maitres se jouant des autres rangs, glissant une supériorité par le regard, et le bout de la baguette. Elle-même n’avait pas su échapper durant les années aux divers duels qui lui avaient été lancés… certains remportés, d’autres l’ayant conduite à l’infirmerie. Situation inconfortable puisque appartenant alors à deux maisons, la bienséance réclamant qu’aucun maitre ne lui lance de défi, quand son appartenance au rang des maitres l’obligeait à prouver sa supériorité. Ici pourtant, les anglais se conduisaient en moutons face au loup : préférant s’en écarter, peur au ventre, conscients certainement que sous cette apparence de jeune fille fragile et muette se cachait bien entendu un véritable phénomène. Un ennui mortel. Passant sa main dans sa chevelure brune, elle ignora pourtant ce fantôme invisible au regard des autres, et qui persistait à la hanter. « Erzheÿna, tu m’ignores encore. » Un regard vers le ciel, alors qu’enfin elle daignait tourner son visage de poupée vers Dimitri. « Mieux. Dis-moi, ça ne te tenterait pas de faire un petit peu de magie dans une des salles abandonnées ? Ca fait un moment que tu n’as pas pratiqué toi… et vu où ils en sont dans le programme… Sérieusement, ils en sont aux cours de troisième année à Durmstrang ! Tu m’étonnes qu’ils soient la risée du monde magique… Et puis… » Mais déjà l’ancienne étudiante russe n’écoutait plus, ayant cillé sur une remarque de son jumeau : depuis quand n’avait-elle pas pratiqué l’art néfaste de la magie noire ? Trop longtemps, manque qui ne s’était jusqu’alors pas manifesté, mais qui en cet instant venait se glisser en ses veines, obsédant, se serrant tel un étau. Et puis pourquoi pas après tout ? N’avait elle pas terminé sa journée après ce cours-ci ? Autant en profiter, autant revoir un bref instant les bases de son éducation, se remémorer la complexité de chacun des sortilèges, renforcer cette pensée obscure… Toutefois s’interrompt une fois de plus, alors que la cloche annonce enfin la fin de la journée, l’approche du temps libre, l’incitant à se lever comme la majorité des étudiants, rangeant plumes, encres ainsi que parchemins rédigés en slave, sa langue natale.

Et déjà s’aventure dans les couloirs, non sans être passé au préalable par sa salle commune, but étant d’aller chercher un livre de son passé, recelant d’informations utiles à l’élaboration de son cours personnel. Elle était prête, silhouette de son frère sur les talons, fort silencieux néanmoins oppressant, consciente toutefois qu’il finirait par disparaître de lui-même, veillant peut-être sur ses arrières, ou cherchant sans doute à la rendre plus fragile qu’elle ne pouvait le paraître. Qu’importe au fond ? Cela ne changerait rien au fait qu’à chaque instant, sa présence affaiblissait plus que jamais la Russe, et qu’il en serait ainsi jusqu’à ce qu’elle se débarrasse de cette malédiction. Enfin, la salle abandonnée, à portée de main, prête à accueillir cette expérience interdite, mais qu’importe si personne n’est au courant ? Car voilà sa paume posée sur la poignée… Innocente.

La salle lui apparaissait comme son nom pouvait le lui indiquer : aussi abandonnée qu’oubliée. Quelques tables trainaient ci-et-là, vestiges d’un passé studieux. Pour autant, la créature ne vint pas même se demander quel cours avait put être enseigné ici : cela ne l’intéressait nullement après tout. De toute évidence, tout ici différait totalement de son ancienne école. Les cours n’étaient pas les mêmes, ne portaient pas les mêmes noms, ne ressemblaient en rien à tout ce qu’elle avait put étudier par le passé. Certes, son niveau concernant les matières principales était exactement le même que celui d’un autre étudiant de neuvième année, néanmoins, elle avait apprit à Durmstrang l’inverse et son contraire, se défendre d’un sortilège que l’on apprend avant toute chose à maitriser. Pour exemple, elle ne comprenait guère pourquoi les sortilèges et enchantements étaient un cours totalement différents des maléfices et envoutements. Quelle était cette étrange manie des Anglais de différencier chaque chose ? Qu’importe au fond, les choses étaient différentes, elle en apprenait bien moins qu’elle n’aurait dû, pour autant, cela ne l’empêchait pas de commander quelques livres de ce qui aurait dût être son programme de cette année si elle était demeurée en Russie. N’était-ce pas par le biais de ce genre de commande qu’elle avait obtenu le livre qu’elle était en train de poser sur une table poussiéreuse par ailleurs ? Glissant son regard sur la couverture, elle en vint rapidement pourtant à le délaisser, observant les lieux. Un quelque chose ici s’empressa de la faire frissonner, une de ses mains venant frotter son bras opposé pour chasser l’impression. L’ambiance régnante était on ne peut plus parfaite pour exécuter ce qu’elle se devait de faire, ce qui augmentait le manque en ses veines. « C’est terriblement chargé ici. » Acquiesçant d’un signe de tête, la Russe observa vaguement son jumeau, se demandant intérieurement s’il n’était pas responsable de ce grabuge négatif… Avant de finalement chasser l’idée. Un fantôme ne pouvait guère influer ici. Pour autant, son esprit vagabonda un instant, à la recherche peut-être de la réponse à la question muette. Agitant finalement ses mains, elle en vint a questionner son frère, aussi muet qu’elle sur la supposition. « Peut-être que la salle servait de salle de magie noire. Mais j’en doute. »

Haussant finalement les épaules, la créature reporta enfin son attention sur son livre, laissant les pages lui glisser entre les doigts, cherchant un maléfice des plus simples pour commencer, comme l’envoûtement d’une chaise. Relisant les quelques lignes dans sa langue natale, le geste lui revint aussitôt en mémoire, jamais oublié, pas même difficile à revenir, tandis que sa baguette déjà était pointée sur l’objet en question, sans que ses lèvres ne daignent s’ouvrir pour invoquer la formule, ayant apprit depuis longtemps déjà l’usage des sortilèges informulés. Nulle réaction, seule une volute de fumée noire glissant langoureusement contre le bois… Sans même se soucier du grincement de la porte indiquant son ouverture, achevant son œuvre tandis que la serdaigle avait d’ores et déjà abaissé sa baguette, la laissant pendre contre sa cuisse, son regard unique croisant celui d’un étranger, un de ceux dont certaines lui avaient dit de se méfier. Son nom ? Inconnu, mais comme beaucoup d’autres, sa première réaction fut de reculer sitôt le regard croisé. Cela devenait une habitude qui ne blessait plus tant la jeune femme. Toutefois… « Espèce de saleté, qu’est-ce que tu fais là ? Tes parents ne t’ont jamais appris qu’il était déconseillé de se promener dans ce genre d’endroit, toute seule ? » Un plissement de nez, au même titre qu’un sourcil qui se lève, incrédule peut-être sous l’agression. « Intéressant. Tu sais quoi, il me rappelle Armen Volkov. Ce petit con t’avais agressé de la même façon la première fois. J'ai hâte de voir la suite. » Un léger sourire sous le rappel de l’étudiant de Durmstrang, de deux ans son aîné alors. L’inimitié avait été intéressante… Mais celui qui se tenait face à elle n’était nullement un Russe froid, loin de là. Finalement, sa baguette se leva d’elle-même dans le but qu’elle puisse s’exprimer. « Au contraire, mes parents m’ont toujours poussé à explorer les lieux que je désirais connaître, me jugeant plus que apte à me défendre… seule. » Une moquerie, une boutade, un avertissement peut-être. Ehrza connaît ses limites, mais les autres en ignorent tout, et puis, ce n’est pas elle qui se fait agressive après tout.