YOUR SICK TWISTED MIND AS I LIE UNDERNEARTH

Tu arrives dans la salle de réception et t'empresses d'aller chercher un verre de champagne pour celle qui t'accompagne. Tu t’empares des deux coupes avec une rapidité et une légèreté affolante, digne du statut de grande star du Quidditch que tu es. Tu tends la coupe numéro deux à ta compagne, qui revêtit ses plus beaux atours ce soir. Sa robe fendue à la cuisse d’une couleur claire rehausse ton propre teint. Vous faites la paire. Toi, dans ce costume de grande classe noir, une chemise blanche et une cravate du même noir que le costume, et elle et sa robe longue fendue. Une fois rentrés dans la pièce, personne n’a plus d’yeux que pour vous. Les clins d’œil, d’un côté et de l’autre de la salle, vont bon train.

Tu aimes ces réceptions. Ces frivolités. Ces alcools aussi nombreux que variés. Ces gens que tu détestes en dehors de ces réceptions. Le maître mot est hypocrisie. Oh tu es champion dans le domaine. Être hypocrite c’est facile. Parce qu’après ces soirées débiles où la plupart des célébrités (bien qu’en réalité, elles ne le sont pas réellement) se rencontrent et conversent sur des sujets sympathiques, vous vous séparez, et jamais plus vous ne vous reverrez en dehors de ces frivolités mondaines. De toutes les prétendues stars que tu as rencontré lors de dîner, de vente aux enchères ou autres soirées typiques pour laisser voler ton argent, il ne semble pas qu’une seule ait réussi à attirer ton attention plus de cinq minutes. Tu détestes la plupart de ces gens. Ils pensent toujours être importants, et beaux, et intelligents, et tout et n’importe quoi. Mais bien évidemment, personne n’a jamais cerné ce que tu pensais d’eux. Ton sourire lâche et hypocrite vissé sur ton visage, une poignée de main, et des baisers sur les joues en feu des femmes de l’assemblée permettent de te mettre dans la poche tout le monde. Il semble que tu sois naturellement attrayant, naturellement beau, et naturellement aimé. On n’y peut rien, parait-il. Au moins, tu arrives à revaloriser la famille, avec ta beauté et tes talents naturels. Il faut dire que Marlowe, ce petit ingrat qui se trouve être dans l’exacte même équipe professionnelle de Quidditch que toi, n’est pas vraiment beau, ni talentueux. C’est dommage. Il pourrait. Mais ce garçon semble résigné à être ingrat et nul. Une pomme pourrie, en réalité. Quand tu y penses, Marlowe est juste le parfait exemple de ce que tu détestes sur Terre. Ces gens qui ne sont talentueux en rien et qui arrivent à te gâcher la vue. Oh que tu aimerais que Marlowe ne soit pas dans ton équipe. Parfois, lors des entrainements, tu rêverais d’attraper la batte d’un de vos batteurs et de lui aplatir le crâne avec (ou de lui envoyer un cognard en pleine figure). Mais il faut penser à l’équipe, et ne pas se dissiper.

La première musique de la soirée commence. Tu avales la dernière goutte de ta flute de champagne. Une fois l’objet en verre posé sur un plateau porté par un quelconque serveur sans intérêt, tu attrapes la main de ta compagne, dont tu ne connais même pas le nom ─ l’histoire est drôle, voyez-vous. Tu as trouvé cette jeune femme, dont le nom t’es inconnu, grâce à ton agence de publicité qui t’as offert des contacts réguliers avec des agences de mannequinats. Une sélection entre toutes les mannequins disponibles ce soir-là a été faite, évidemment, et tu as choisi celle qui porterait le mieux la rob que tu as choisi. Tout est paramétré pour que rien ne se passe de travers. Mais les imprévus… ─ lui fait poser son verre, et l’entraîne sur la piste de danse où personne n’ose faire le premier pas. Tu regardes les autres avec dédain. Quels idiots. De quoi ont-ils peur? Après tout, de toute manière, s’ils ne savent pas danser, ils ne seront pas plus ridicules qu’ils ne le sont déjà. Ils sont tous là, à se bousculer à la porte de l’hypocrisie. Tous autant qu’ils sont, tu les déteste. Mais la richesse est quelque chose que tu ne peux oublier. La richesse, la beauté, l’intelligence, les contrats publicitaires, ta tête sur les boites de céréales. Tu aimes être vu, et tu aimes que l’on te voit. C’est tout naturel.

Tu ramènes le corps de ta compagne vers toi, de fait que vous soyez tous les deus collés. Ta main sur sa taille, vous êtes prêts à danser. Les premiers pas sont chaotiques. Vous n’avez jamais dansé ensemble. Et peut-être qu’après celle-ci, vous ne danserez plus jamais ensemble. Tu ne connais même pas son nom. Et tu t’en contre-fiche. Il ne s’agit que d’apparences. Entretenir une image, ça prend du temps. Tu n’as jamais réellement chassé la femme. On te sert tout sur un plateau. C’est si facile dans ton cas de pouvoir avoir des millions de conquêtes. Pas besoin de draguer, on te donne des noms, tu choisis et tout est arrangé. La danse s’avère être assez bonne. Ta partenaire suit tes mouvements avec une délicatesse innée. Elle est douée. Peut-être la plus douée. Mais tu ne t’attacheras pas à lui faire de compliments. Vous êtes là pour un soir, et un soir seulement. Jamais vous ne vous reverrez après ça, très certainement. Et si c’est le cas, cela n’ira pas plus loin qu’une aventure d’un soir. On ne peut entretenir la célébrité que par la lâcheté, en ne s’attachant à personne, après tout.

THERE IS NOTHING LEFT OF YOU I CAN SEE IT IN YOUR EYES

Les draps froissés, la tête relevée. Tu ne la connais même pas. C’est encore une de ses filles qu’on t’a demandé de choisir pour un évènement de grande importance. Ta vie se résume à ça. Des apparitions publiques dans de grands galas sorciers où tu donnes quelques gallions pour l’effort, et tes matchs de Quidditch où tu es acclamé par des millions de gens. Chaque jours rime avec entraînement physique. Tu es donc naturellement bien bâti. La découverte de ton corps nu n’est donc pas une surprise. Et si certains seraient très pudiques, ce n’est pas ton cas. Ton corps, tu l’as bâti, tu en es fier. Après tout, il faut être fier de soi même. On peut dire que tu aimes ton corps. Tu es large d’épaules, maigre et musclé. Ta qualité de poursuiveur chez les Canons de Chudley te procure des avantages que d’autres n’ont pas.

Tes lèvres se posent sur le cou de la jeune femme. Sa blondeur naturelle (semble t-il) est resplendissante. Tes lèvres se posent sur toutes les parties du corps de cette belle mannequin. Tu souffles entre les baisers. La transpiration due à vos corps entremêlés fait glisser des perles de sueur sur ton front. Vos lèvres s’entrecroisent et vos langues se touchent. Une fois, deux, trois. Tu te trouves au-dessus de cette jeune femme d’environ vingt-cinq ans, à vue de nez. Elle est belle. Belle comme la nuit, profane comme le jour. Mais tu sais que tu ne la reverras pas. Pas après ce soir. Vos esprits sont embrumés par l’alcool, et, demain matin, tu partiras sans lui dire au revoir. Tu fonctionnes comme ça. Personne ne revoit jamais ton corps deux fois. Personne.

Sauf une personne. Une seule. Arton. C’est son nom. Bonnie de son prénom. Vous vous êtes connus à l’école. Poudlard. Un endroit où vous aviez des relations cordiales, sans effusions. Le plus drôle étant que Bonnie n’avait aucune envie de ton corps à cette époque. Les années ont passées. Poudlard est devenu un souvenir lointain. Après Poudlard, tu as bien évidemment rejoint les Canons de Chudley, en tant que joueur professionnel. C’est à ce moment là qu’Arton a bien daigné vouloir t’accorder son corps. Tu en as profité, évidemment. Une jeune fille aussi douée, aussi belle, aussi ténébreuse. On ne se refuse pas à Bonnie. C’est presque impossible. Mais Arton est une proie facile, évidemment. Le pouvoir et le luxe sont ses hobbies préférés, visiblement. Une rondelette somme d’argent et tout était réglé. La peur que tu eu put avoir en cédant à ses caprices de fillette et en l’acceptant de ce fait dans ton lit a disparu en même temps que les centaines de gallions que tu as dépensé pour qu’elle se taise. Bonnie est une jeune femme très peu maligne quand on y voit clair. Elle n’a en tête que l’argent, que la gloire. Apparaitre dans ton lit semble être la meilleure chose qui ne lui soit jamais arrivée. Depuis votre première fois dans tes draps de soie, tu rends régulièrement visite à cette demoiselle. Lui offrant des sommes mirobolantes pour se payer du bon temps et décrocher le sésame de la gloire. Bonnie Arton se fait donc entretenir par Lysander Bell. Mon dieu quel scandale cela ferait. Imaginez un peu que la presse s’en mêle. Ou pire. Que Marlowe-tête-de-pitiponk le découvre? Ce crétin s’empresserait certainement d’aller raconter ça à n’importe qui voudrait l’entendre. Surtout si cette personne est journaliste. Quant à Bonnie, elle couvre ses arrières en te demandant la même somme à chaque rendez-vous. Elle t’offre son corps en échange d’une liasse de billet. Une prostituée en fait.

Le lendemain matin, tu te réveilles. La nuit a été agitée. Vous avez fait durer le plaisir plusieurs heures, sans aucune retenue. Agité, c’est le mot. Enfin, cette jeune femme a du s’amuser. Toi, tu recomptais les passages du dernier match contre la France. Tu en as profité pour penser au prochain match, qui aura lieu dans deux semaines, et qui verra s’opposer ton équipe à celle des Tordus de Venezia, une équipe italienne. On peut dire que cette nana au nom inconnu n’était pas à son avantage cette nuit. On dit que l’alcool n’aide pas. Mais elle, c’est le pire. Même Arton dans ses pires jours ferait mieux.

Tu te lèves, enfiles ton caleçon sur ta peau nue. La jeune femme dort toujours. Tes mouvements sont lents, pour éviter que cette incompétente ne se réveille de son sommeil profond. Tu garderas en tête cette nuit comme l’une des pires passées avec une femme. Adieu, demoiselle. Au plaisir de ne jamais te revoir. Tu saisis un bout de papier sur la commode en face de toi, et le stylo qui va avec et écrit un petit mot de remerciement pour cette nuit affreuse.

Au plaisir de te revoir. A bientôt. Merci pour cette soirée.

C’est sec, et froid, et tout ce qu’il y a de tue l’amour. Mais tu n’as absolument pas envie d’être encore plus hypocrite que tu ne l’es en cet instant. Tu enfiles ton pantalon, ta chemise, tes chaussettes à mi-hauteur, tu laces tes chaussures et attrapes enfin ton sac, qui traîne là, dans la chambre de cette inconnue. Sans te retourner, tu ouvres la porte, et t’enfuis dans le matin grandissant, dans cette obscurité éclaircie par l’arrivée d’un soleil très rare à Londres. Il est temps de se rendre autre part, et de tenter une aventure avec quelqu’un d’autre. Celle-ci s’est révélée désastreuse.