Ton regard est vide. Aussi vide que celui du bon vieux Caractarus. Ta peau est froide. Aussi froide que celle de la pompeuse Ceres. Tout deux morts, par la folie de ton père ? Tu n’en sais rien dis-tu, bien qu’au fond de toi, la vérité sommeil. Les Burke n’ont jamais été aussi horrible qu’à l’ombre. Artisan de l’Obscur, tous on perdu leurs âmes à trainer dans les bas-fonds de leur sinistre boutique. Mauvais présages, sombres augures. Malicieux. Un léger rictus se dessine sur ton visage, quelques volutes de fumées voguent dans les airs, te laissant dans cette atmosphère lourde, mais apaisante. Tu ne sens plus le bas de corps, tes jambes se délestent de ton corps, presque désarticulées. Tu tentes de te relever, prenant appuis sur les accoudoirs de ce vieux canapé en cuir, mais sans résultats, si ce n’est de t’avachir un peu plus, t’enfonçant toujours plus loin. Le bois crépite sous les flammes de la cheminée. Tu tentes de les suivre du regard, mais elles finissent par t’hypnotiser. Seule la voix rauque de ton père te réveil. Tiens toi droite. Un éclair, il est parti lorsque ton cerveau réussi à analyser ses propos. Un léger craquement se fait entendre dans l’autre pièce, de la poussière s’échappe de la serrure de la porte. Tu lèves un sourcil, tes doigts s’agitent sur le cuir miteux, la nervosité s’empare de toi. Tu te lèves d’un bond, recommence alors ton habituel rituel, ta petite danse de défonce, les cents pas, nerveux, atmosphère électrique, tension palpable. Tu te ronges les ongles, jusqu’au sang, quelques gouttes viennent perler tes lèvres. Tu t’arrêtes brusquement, appelles l’animal sagement avachi sur le rebord de la cheminée. Il se faufile entre tes jambes, ronronne, comme s’il voulait apaiser tes troubles. Tu le regardes avec insistance, vos yeux s’entremêlent, tu espères qu’il y décèle tes pensées les plus sombres. Vous restez ainsi pendant quelques minutes, sans bouger, ni dire un mot. Et puis tu tangues, lascivement, reprend le peu d’esprit qui te reste et décide de t’éclipser. Les rues sont froides à cette période mais tu ne songe pas à te couvrir d’un manteau ni même d’une écharpe. La tête ailleurs. CRAC.

CRAC. Tu connais cet endroit par cœur, ne calculant plus le nombre de fois où tu y trouver refuge. Pablo est là, toujours, fantôme de ces lieux. Il accueil d’un sourire, creusant des fossettes sur son visage fatigué. Des grimoires et des parchemins raturés trainent sur le parquet usé par le temps. Tu avances vers lui lentement, un large sourire se dessinant petit à petit sur ton visage livide. Tu alignes quelques mots, la voix pâteuse, la gorge sèche. Pablo te tend un verre d’eau, tu le repousse avec violence, le verre se fracassant en éclats sur le sol. Non. Tu n’as pas besoin d’eau, tu Le veux juste. Et tu t’engouffre dans ses bras, ton visage collé à son torse chaud. Je suppose que tu n’as rien à me dire ? Tu ne lui réponds pas, remplissant tes poumons de son odeur, l’agrippant plus fort. Non, tu n’as rien à dire, tu n’as jamais rien eu à dire. Problème d’éducation. Les Burke sont voués au silence. Tu ne déroges pas à la règle, même si tu aimes les enfreindre en temps normal.