TOUTE REVELATION D'UN SECRET EST LA FAUTE DE CELUI QUI L'A CONFIE. ♥
Regulus lança un regard morose aux silhouettes rouges et or qui évoluaient au dessus du terrain de quidditch. Il lâcha un soupir et se détourna de la fenêtre. Il avait pourtant vérifié, en sortant de son cours d'hypnose, le dernier de la journée, que le terrain était libre. Il n'avait alors vu aucun joueur dans les airs, aucune balle ni aucun balai. Rien qui puisse laisser penser que, pas moins de cinq minutes plus tard, les Gryffondors auraient pris leurs aises. Et pourtant, elles étaient bien là, ces petites silhouettes
ridicules qui profitaient du temps plutôt clément pour s’entraîner. Ils pouvaient bien monopoliser le terrain autant qu'ils le souhaiteraient, Serpentard allait les écraser. Comment pourrait-il en être autrement, vu le formidable couple de batteurs qui jouait chez les verts. Regulus n'était pas très objectif, sur ce point, puisqu'il s'agissait de nul autre que Julius, son meilleur ami, et Carmelita, une demoiselle très agréable. Ou plutôt, qui lui avait fait passer une nuit très agréable. Avant le lui casser le nez. Mais là n'était pas la question. Le fait est que Serpentard avait une équipe de folie et qu'ils allaient mettre les Gryffondors au tapis en moins de temps qu'il ne leur en faudrait pour dire Quidditch. Mais c'était une bien maigre consolation, face à la frustration qui se déversait dans ses veines, violente et lancinante. Déçu, rageur, Regulus redescendit de son dortoir sans s'être changé, sans emporter son balai. Et sans avoir la moindre idée de ce qu'il allait bien pouvoir faire pour occuper son esprit. Sa main se serrait convulsivement sur sa baguette, rangée dans la poche intérieure de sa cape. Il savait parfaitement ce dont il avait besoin. La magie noire. Il semblait en avoir perpétuellement besoin, en ce moment. Et il avait beau passer ses nuits à la pratiquer, ça ne suffisait pas encore. Il avait besoin de plus. De tellement plus. Mais il savait pertinemment que se livrer à de telles activités en plein jour était dangereux. Bien trop dangereux pour qu'il ne s'y risque. Il savait encore respecter certaines limites, même s'il semblait les repousser encore et encore.
C'est donc d'une humeur massacrante, la mine sombre et le regard noir, qu'il finit par quitter sa salle commune. Trop bruyante. Il faut dire qu'avec le temps qu'il faisait, les élèves se regroupaient naturellement autour du feu et préféraient nettement passer leurs fins de journées à l'abri de la
morsure du froid. Même les
couloirs étaient quasiment déserts. Il faut dire que les murs avaient beau être épais, ils ne protégeaient pas vraiment des températures glaciales. Au contraire, il semblait qu'ils retenaient le froid à l'intérieur. Mais Regulus avait l'habitude, et comme son cher papa avait plein de sous, il avait pu acquérir une cape ensorcelée, capable de réguler sa température en fonction du froid. Ainsi, tant qu'il s'était trouvé dans la salle commune, la cape s'était contenté d'être une cape basique, quasiment inutile. Mais à peine avait-il mit un pied dehors que les sortilèges s'étaient activés. Désormais, une chaleur bienfaitrice circulait dans le tissu.
Il avançait sans réel but et finit par se retrouver dehors. Il ne savait pas vraiment ce qu'il recherchait. La solitude ? Il n'en avait pas besoin. Il savait très bien que la solitude n'avait pas un effet très reposant, au contraire. Parce que, lorsqu'il était seul, il n'avait rien à faire, sinon à se pencher sur lui même. Et en ce moment, se pencher sur lui même était particulièrement désagréable. Alors pourquoi s'exilait-il dans le parc ? Pourquoi n'était-il pas resté au milieu de ses camarades bruyants ? Parce qu'ils l'exaspéraient. Ils l'exaspéraient tous autant qu'ils étaient, avec leurs rires et leurs discussions badines. Lui n'avait pas l'esprit au rire. Alors, plutôt que de leur faire ravaler leurs sourires par des sortilèges bien sentis, ce qui aurait été du plus mauvais effet, il valait encore mieux s'isoler. Son regard alors tomba sur des traces de pas, profondément ancrées dans la
neige. Ce n'est nullement la curiosité qui le poussa à suivre ces traces. Il se fichait éperdument de savoir qui était le deuxième solitaire qui profitait du dépeuplement du parc et ce qu'il pouvait bien faire ici. Non, ce qui le poussa en avant, ce fut clairement l'ennui. Il jeta un dernier regard blasé aux Gryffondors qui n'en avaient pas fini avec leur entraînement, et suivi les traces de pas. Avec un peu de chance, il tomberait sur un né
moldu avec lequel il pourrait s'amuser un moment. Avec un peu moins de chance, il tomberait sur l'une des nombreuses personnes qu'il tentait d'éviter. Mais quel était le pourcentage de chance que ce soit Absinthe Potter qui se trouve là ? Ou Amélia Bones ? Pratiquement nul, vous en conviendrez. Son regard tomba rapidement sur une petite silhouette, installée sur le sol, occupée à lire. Une petite silhouette qu'il connaissait bien. Regulus laissa un rictus mauvais s'afficher sur son visage. Elle l'avait vu arriver, et semblait bien mécontente de sa présence. Ce qui ne fit qu'accentuer le sourire du Serpentard. Alice. Alice Casterwell. La sœur de Julius. La sœur de son meilleur ami. Accessoirement, sa future femme. Il aurait sans le moindre doute du avoir un comportement exemplaire en la présence de la jeune femme. Il aurait du la respecter, tout faire pour lui être agréable, en vue de leur future union. Mais c'était loin d'être le cas. Devant les autres, il était aussi aimable que l'exigeait la situation, aussi sympathique qu'il devait l'être, amical presque. Après tout, ils se connaissaient depuis l'enfance, ils étaient censés entretenir une relation cordiale. Mais à l'abri des regards, il semblait se transformer. Il déversait sans vergogne toute sa frustration sur Alice. Et frustré, il l'était particulièrement, ce jour là. Elle lui offrirait la distraction parfaite. Mieux que le quidditch, mieux qu'un né moldu. Il s'approcha et, s'appuyant nonchalamment contre un tronc, en face d'elle, laissa son rictus se transformer en sourire moqueur.
''
Que fais tu ici toute seule ? Ce n'est pas très prudent, tu sais ? Il y a des créatures maléfiques qui rôdent, à l'orée de la forêt. ''
Comme s'il en avait quelque chose à faire, de la sécurité d'Alice. Il pouvait bien lui arriver n'importe quoi, il s'en fichait éperdument. Il ne l'aimait pas, c'était ainsi. Une bête question de jalousie. Il ne l'aimait pas et le fait qu'ils seraient sans doute bientôt mariés n'y changeait rien. C'était une situation follement amusante, selon lui. Sans doute follement désagréable, selon elle. Quoiqu'elle n'était pas au courant, de cette union que ses parents avaient déjà négocié. Enfin, peu importait. Il posa un instant son regard sur le fléreur, cette bestiole hargneuse qui lui grognait dessus, avant de reporter son attention sur Alice.
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Tu imagines peut-être être capable de te défendre ? Je te trouve bien prétentieuse, petite Alice. ''
Il tournait sa baguette entre ses doigts. Il n'envisageait pas vraiment de s'en servir. Pas pour l'instant. Mais en général, quand il cherchait des noises à quelqu'un, il gardait sa baguette à la main, prêt à se défendre. Et puis, il se sentait toujours un peu plus puissant, avec son morceau de bois dans la main. Son morceau de bois dans lequel coulait une goutte de venin de basilic. Si c'était pas la classe, ça.