Debout devant la fenêtre de la cuisine, Emma Greengrass regardait sa fille, alors âgée de cinq ans, jouer dans la pelouse avec une des filles de leurs voisins, âgée elle de sept ans. Bien que cette petite fille ait deux ans de plus et qu'elle soit donc plus grande et plus forte, Oswin était en train de lui faire vivre un calvaire. Cette petite avait les larmes aux yeux et ne savait plus quoi faire pour qu'Oswin la laisse tranquille. En voyant cette scène, Emma comprit alors pourquoi sa fille était plus communément appelée 'La Terreur' dans tout le village. A son âge, ce qu'elle faisait subir aux autres enfants n'était bien évidemment pas très méchant, mais Mme Greengrass s'inquiétait de ce qui adviendrait quand sa fille grandirait. A peine quelques secondes plus tard, alors qu'elle continuait de regarder par la fenêtre, son mari vint se placer à côté d'elle. « Jim, dit la mère d’Oswin d’un air las, presque désespéré, elle est tellement … » Tellement quoi ? Emma Greengrass ne savait pas comment finir sa phrase, elle ne trouvait pas le mot adéquat. Elle se tourna alors vers son mari, espérant qu’il lui vienne en aide, mais ce dernier la regardait d’un air septique, comme s’il ne voyait pas où elle voulait en venir. « Oh, ne fais pas l’innocent, tu vois très bien ce que je veux dire. » Emma connaissait trop bien son mari pour savoir qu’il voyait très bien ce qu’elle essayait de lui faire comprendre, mais qu’il n’avait pas envie de se lancer dans ce genre de conversations, qui mettaient souvent sa femme dans tous ses états. Elle avait déjà imaginé l’avenir de sa fille dans les moindres détails et l’idée que tout ne se passe pas comme elle le veuille la rendait nerveuse, de mauvaise humeur et donc désagréable. « Arrêtes de te soucier de ça Emma, c’est notre fille, tu devrais croire en elle. » Emma, bien qu'elle ne soit pas de l'avis de son mari, laissa échapper un léger "Hm" et laissa tomber la discussion. Les deux parents se quittèrent des yeux pour reposer leurs regards sur leur fille. Elle était toujours dans l'herbe avec la voisine, en train de lui mener la vie dure. Ne supportant finalement plus de voir sa fille se conduire ainsi et ternir ne serait-ce qu'un peu l'image de la famille Greengrass, Emma sortit de la maison pour ordonner à sa famille de rentrer à l'intérieur. Surprises, les deux petites filles se figèrent soudain quand elles entendirent la porte s’ouvrir et se tournèrent toutes les deux vers Mme Greengrass. Oswin ouvrit grand les yeux et se pressa de tendre le doigt vers la petite fille à côté d’elle, dont elle ne connaissait d’ailleurs même pas le nom, essayant de la faire accuser. Quand elle vit sa mère froncer les sourcils, elle sentit la punition venir et, les larmes aux yeux, elle fit semblant d’avoir mal à la jambe, prétextant s’être fait taper. Bien évidemment c’était elle qui avait martyrisé la voisine depuis le début, mais elle n’avait pas envie d’avoir une énième punition et savait parfaitement que sa mère ne lui refusait rien quand elle se mettait à pleurer. A l’intérieur de la maison, Jim Greengrass continuait de regarder la scène à travers la fenêtre et un sourire satisfait et quelque peu narquois apparu alors sur ses lèvres. Certes, Oswin était une petite fille bagarreuse et casse-cou qui n'obéissait pas toujours à ses parents et qui préférait aller se traîner dans la boue plutôt que de s'asseoir dans le salon avec un livre, mais c'était aussi une petite fille plutôt sournoise, à qui l'ambition ne manquait pas et qui faisait toujours tout et n'importe quoi pour avoir ce qu'elle voulait. Elle n'était pas le parfait stéréotype d'une Greengrass, mais elle en était une, c'était certain.

SUJET TROIS : Cours de sortilèges. Flitwick vous endort, c'est pire que le cours d'histoire de la magie. Vous vous surprenez à rêvasser lorsque, de sa petite voix stridente, il vous demande de reproduire l'enchaînement que vous étudiez en cours. Désastre ou réussite ?

Quand Oswin était entrée en cours de sortilèges, s'était assise à sa place habituelle et avait entendu le professeur Flitwick prononcer le mot 'oubliettes', formule utilisée pour le sortilège d'amnésie, elle avait tout de suite compris que cette heure serait longue, très longue. Ils avaient commencé à apprendre ce sortilège il y a déjà plusieurs semaines et Oswin n'avait pas mis énormément de temps à le maîtriser, du moins par rapport à certains. L'ennui la gagna vite et elle se mit alors à rêvasser, pensant à un tas de choses n'ayant rien à voir avec le cours. Si bien qu'elle finit par ne plus du tout faire attention à ce qui se passait autour d'elle. « Oswin ? Oswin ! » Cette dernière sursauta et leva les yeux vers son professeur, qui la regardait en fronçant les sourcils. « Pouvez-vous reproduire le sort que nous sommes en train d'étudier s'il vous plait ? » Oswin prit alors sa baguette, qu'elle avait jusque là laissée posée sur sa table, et avant même qu'elle ne dise un seul mot ou ne fasse un seul geste, un énorme jet d'eau en jailli et propulsa le professeur Flitwick, qui alla s'écraser dans la tonne de livre derrière lui. « C’est pas moi, j’ai rien fait, je vous jure que j’ai rien fait. » Pour une fois, c'était vrai. Autant Oswin était du genre à s'attirer des problèmes en les cherchant, autant ici, elle ne l'avait pas fait exprès. Depuis qu'elle avait sa baguette, c'est-à-dire depuis ses onze ans, celle-ci se mettait parfois à agir selon sa propre volonté, mettant à chaque fois Oswin dans des situations plutôt gênantes. Ça pouvait paraître fou, mais elle avait comme l'impression que sa baguette aimait s'amuser et n'en faire qu'à sa tête. Flitwick, trempé mais gardant tout de même son calme habituel, se releva et se réinstalla à sa place, sur son immense pile de livre. « Mlle Greengrass, nous n'avons pas encore appris ce sortilège, vous seriez gentille de ne l'utiliser qu'en temps voulus. » Oswin s'enfonça dans son siège, se faisant discrète et se résignant à ne plus réutiliser sa baguette durant cette heure de cours.